Samedi matin en leggings

12 Mai 2016 par Bianca Longpré
Catégories : Famille
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C’est samedi et je bois mon café tiède à la table. La maison est à l’envers. La vaisselle de la veille traîne sur les comptoirs et dans l’évier. Les enfants déjeunent avec des toasts pas toastées devant la télé. Je n’ai même pas regardé l’heure. Je m’en fous.

Ce matin, j’ai dit non au hockey, à la gym pis à la natation. J’ai annulé le souper de ce soir chez les amis. Au yable les devoirs pis les leçons qu’on devait faire aujourd’hui. Ce matin, je ne suis pas une chauffeuse de taxi ni une prof, et encore moins une femme de ménage. Ce matin, je suis une mère qui relaaaxe. J’ajoute même une larme de Baileys dans mon café froid. Je me sens wild. Wild comme une mère de trois enfants, en leggings, peut l’être. Ce matin, je prends ça cool.

Tant pis pour les obligations et pour les attentes de mère et de famille parfaites. Le coach de hockey m’appelle. Pour- quoi mon gars n’est pas là? C’est simple, ce matin, je n’ai pas le goût de me presser, pas le goût de geler dans l’aréna, pas le goût de déneiger la voiture. Je sens dans sa voix une pointe de jugement. Vas-y,juge-moi. Ça ne me fait pas un pli.
Ça fait des années que, chaque samedi, je me lève stressée. Ça fait des années que je presse les enfants pour qu’ils aillent pratiquer leur sport. Au retour des acti- vités, je stresse à propos du ménage, de l’épicerie, du lavage, des devoirs pis de la préparation pour les sorties du samedi soir. Je suis tannée, j’ai besoin d’un break.

Aujourd’hui, je bois du café, je fais un sudoku de niveau facile, je lis des magazines du mois passé et je vais me brosser les dents quand ça fera bien mon affaire. Aujourd’hui, je garde mon haleine du matin et mes leggings troués jusqu’à midi. Réaliser ça avec trois enfants un samedi matin, c’est quand même un exploit! Les fins de semaine des familles sont plus remplies que leurs semaines. Durant la semaine il y a l’école, la garderie, les leçons, la job. Je cours ces cinq jours-là, pis la fin de semaine arrive et je cours encore plus! Finalement, je n’ai jamais un instant pour me relaxer. Les personnes qui n’ont pas d’enfants diront que j’ai du temps pour moi le soir et la nuit, mais ceux qui en ont savent très bien qu’il est utopique de croire qu’à 20 h, on peut penser à soi. À 20 h 01, on pense encore à la famille. La nuit aussi. Il n’y a qu’à la salle de bains où j’ai un moment pour moi, et encore, ça dure à peine cinq minutes. Et pour ça, la porte doit être verrouillée… Ce matin, je prends le temps de me relaxer. Ce matin, je balance tout ce qui exige de la préparation et de l’organisation. Ce matin, j’ose avaler un deuxième café. Les petits sont en état de choc.

«Maman, tu fais rien?»
«Non, maman ne fait rien. Maman boit des cafés tranquillement. Aujourd’hui, c’est congé pour maman.» C’est le jour férié de la mère parfaite. Aujourd’hui, maman est sur le neutre. Maman pue de la bouche et ne prendra peut-être pas sa douche.
«Écoutez la télé, jouez, habillez-vous ou pas, ça ne me dérange pas.» Ce samedi, maman prend son temps.En terminant mon café, je réalise que tout ce que je ne ferai pas aujourd’hui, je vais devoir le faire demain. J’hypothèque mon dimanche… Mais je refuse d’y penser. Je savoure mon samedi. Tant pis pour demain.
«Maman, on peut écouter Le Roi Lion?»
«Oui. Je vais l’écouter avec vous.» Aujourd’hui, je chante Hakuna Matata sans aucun souciii!

Photo: Andréanne Gauthier

 



Catégories : Famille
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  1. Carole dit :

    Ben oui tabarouette …..on ne sait plus comment arrêter on est complètement fou!
    Pis Noël qui arrive plein de party?????
    Juste un beau vrai break??
    Reposer cette vieille carcasse ??
    Merci ton texte est un délice ????

  2. Annie gauthier dit :

    Je suis monoparentale à temps plein de deux enfants depuis 6 ans bientôt suite au décès de mon conjoint et j’avais le même rythme de vie que le tien avant! J’ai fait des choix par obligation et
    J’ai choisi d’être à mon compte, de prendre du temps pour moi donc le samedi c’est une journée relaxation car mon corps ne peut pas suivre bien souvent!
    J’ai vécu énormément de préjugés pendant ces 6 années et pendant tout ce temps j’ai appris à lâcher-prise pour ma santé car cette société de performance ne me rejoint plus et qu’il faut que ça change!
    Et pour tout ceux qui ont pu me juger ben maintenant
    Je m’en fou complètement….

  3. julie dit :

    my god que je te love toi…..
    Non mais c’est vrais…..faut toujours courir tout le temps tout le temps……………je suis maman depuis 15 ans, ben ça fais 15 ans je cours sans arrêt …tellement que je ne sais plus comment m’arrêter…..j’aimerais ça juste arrêter……….me mettre a stop une journée mais quand je dit ça, je fini par faire le lavage, faire ménage, épousseté, épurer….bref…merciiiii

  4. La Dura dit :

    Vas y … Tu as le droit et profite en bien. Chin chin à ton café

  5. Claudia Cauchon dit :

    Amen !!! ?

  6. Lyne Labelle dit :

    Yesssss il faut arrêter le tourbillon à l’occasion. Bravo !

  7. France Dumais dit :

    Oh oui. Congé de « age ».

    • Lisère Deschênes dit :

      Il est où le père? Il faudrait peut-être le dire. Si il est là et ne foue rien…mettez le dehors. Si vous le laissez dormir vous avez un sérieux problème, si il travaille le samedi il faut repenser tout ça. Franchement en 2018 je ne comprends pas que l’on écrive encore ce genre d’article.
      Ouf!

      • Veronique Waddell dit :

        J’ai terriblement envie de répondre à Madame Lisère Deschênes…
        Vous n’avez strictement rien compris des articles que Bianca Longpré écrit et que j’adore d’ailleurs et je suis dépassé d’entendre ce genre de commentaires encore, en 2018…

      • Karine dit :

        De toute manière, l’article date de 2016!

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