Dans la garde-robe de Manal Drissi

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27 Mai 2019 par Laurie Dupont
Catégories : Mode / Véro-Article
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Longtemps cachée derrière son écran d’ordinateur, l’auteure et chroniqueuse ne s’intéressait guère à la mode. C’est en faisant le saut au petit écran l’an passé que Manal a commencé à prendre goût à cette industrie, qui l’angoissait auparavant.

Quel est ton rapport à la mode, Manal ?

Il est complexe. Je n’ai pas eu d’intérêt pour la mode pendant vraiment longtemps. Je me disais que, comme la mode ne s’adressait pas à moi, je n’avais aucune raison de m’intéresser à elle. La mode pour moi, auparavant, c’était d’aller dans un magasin et de faire une crise d’anxiété parce que je réalisais que les détaillants considèrent que la forme de mon corps ne valait pas la peine d’être habillée… C’était violent. J’ai donc laissé la mode de côté, mais en même temps, je n’avais pas le choix de m’habiller. C’était donc un mal nécessaire, une affaire d’extrême nécessité.

Qu’est-ce qui a contribué à cette révolution ?

Tout a changé, il y a un an, quand j’ai accepté de faire de la télé. Je ne pouvais plus m’habiller de la même façon tous les jours, comme je le faisais avant. Je n’avais plus le choix de trouver des vêtements qui m’allaient bien, de passer par-dessus ce stress et ce doute-là, celui où tu te demandes si tu vas trouver quelque chose de beau qui te convient. Ç’a été un gros travail sur moi, mais ç’a valu la peine.

Quel rapport as-tu avec ton corps ?

Bienveillant. Peut-être pas à 100 % du temps, mais je peux dire que je prends soin de mon corps et de ma santé mentale, ce qui m’amène à un bien-être physique. Cela dit, ce rapport a été longtemps toxique. Si je pouvais voyager dans le temps et dire à la Manal de 15 ans qu’un jour, elle aurait un rapport bienveillant avec son corps, elle ne m’aurait pas cru. Cette année, c’était la première fois que j’allais dans le Sud en portant un bikini et que je n’avais pas honte de le mettre. Je suis rendue là. Je me suis prise en photo et je me disais: «You go, girl!» Maintenant que j’ai ce rapport-là avec mon corps, je me dis que j’ai tellement perdu de temps! J’ai passé 15 ans de ma vie à me remettre en question, à accorder trop d’importance à ce que les autres allaient penser!

Alors, où aimes-tu magasiner?

C’est difficile pour moi de répondre à cette question. Je vais te raconter une anecdote et tu vas tout comprendre. Je suis allée tourner une émission à Télé-Québec récemment. Il y avait deux filles grosses dans le show et on portait le même outfit! Je pense que ça décrit assez bien la situation. Il y a quatre magasins où on peut s’habiller. Je ne pense pas à ce que je veux mettre, mais plutôt à ce que je peux mettre. Et comme je ne suis pas très grande, c’est encore plus difficile. Parce qu’apparemment, si tu es grosse, tu grandis! (Rires) La catégorie, c’est souvent big & tall, mais moi, je ne fais qu’un mètre cinquante!

Cette séance photo t’a-t-elle sortie de ta zone de confort?

Absolument. Et si j’ai accepté, c’est parce que l’an dernier, j’ai décidé de ne plus prendre de décisions basées sur mes insécurités… et ça ne m’a apporté presque juste du bon! Toutes les choses auxquelles j’ai le réflexe de dire non – pas parce que ça ne me tente pas, mais plutôt par crainte de l’image que je vais projeter –, je les accepte, car la peur ne peut plus guider mes choix. Mais j’avoue que mon premier réflexe a été de refuser! (rires) L’anticipation d’une situation est toujours pire que sa concrétisation. Je prends conscience que mon frein, c’est moi qui me le suis toujours imposé.



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