Dans mon temps – oui, je suis presque vieille et je l’assume –, on disait «s’habiller en pelures d’oignon» quand on portait plusieurs couches de vêtements pour se tenir au chaud. Et j’ai moi-même utilisé la méthode de l’oignon plus souvent qu’à mon tour, enfilant pantalon en coton ouaté par-dessus combines en ratine, par-dessus collants en laine, par-dessus… ma chair de poule. J’étais jeune et un peu frileuse.
Il faut dire aussi que j’étais alors monitrice de ski alpin et que le plus important, à mes yeux, consistait à me rendre jusqu’au bas des pistes en un seul morceau. Le style passait bien après. J’étais probablement la seule monitrice de ski qui avait le vertige et qui se fermait les yeux dans les remonte-pentes. Je fermais aussi les yeux sur mon apparence. «L’oignon» dévalant une piste de ski sans aucune élégance ni assurance, c’était moi. Je vous offre cette image en cadeau, pour les jours où vous aurez un petit moment de grisaille intérieure: pensez à moi sur une montagne enneigée et riez un peu. De rien.
Quand l’équipe du magazine m’a proposé de tenter l’expérience du layering, version mode, je ne vous cache pas que j’ai eu des doutes sur le résultat. Mais vous me connaissez: forte et téméraire, j’ai dit oui. Et BAM! L’oignon d’autrefois s’est, ma foi, quasiment transformé en échalote française!
Loin de mon ancien look de monitrice de ski, mon chemisier, ma veste et ma petite laine superposées me donnent plutôt des airs de championne olympique du style! Ce qui est étonnant avec cette tenue, ce sont ces multiples motifs et couleurs qui s’entremêlent avec bonheur. Les qualificatifs «vibrant» et «réconfortant» me viennent spontanément à l’esprit quand je regarde cette photo. Évidemment, avec un tel mélange de tissus, de teintes et d’imprimés, on y va mollo côté accessoires.
En fin de compte, je trouve qu’il y a quelque chose de très chic dans cet art de la superposition sans lourdeur. J’ai été agréablement surprise de me sentir aussi légère sous toutes ces couches de vêtements. Et, surtout, beaucoup plus à l’aise devant la caméra que dans un remonte-pente. «L’oignon» a maintenant pas mal d’allure!