Mode seconde main : nos meilleures astuces

mode-seconde-main-astuces
16 Mar 2022 par Elisabeth Massicoli
Catégories : Mode / MSN / Véro-Article
Icon

L’achat – et la revente! – de vêtements usagés fait de plus en plus d’adeptes, ici comme ailleurs. On décrypte la tendance avec des pros, qui nous offrent même leurs astuces pour faire d’excellentes trouvailles!

Quand j’étais ado, courir les friperies était une activité prisée par ma gang d’amies. On chinait dans les bazars, les sous-sols d’églises et autres cavernes d’Ali Baba à la recherche de fringues et d’accessoires préaimés, comme des boucles d’oreilles eighties, des sacs en cuirette ou des foulards de soie colorés. C’était, pour nous, une façon de garnir notre garde-robe en dépensant juste le petit pécule amassé grâce à nos séances de gardiennage! Comme le shopping de seconde main relevait alors d’une véritable chasse au trésor, on se trouvait franchement cool et on déclarait «C’est vintage!» à tous ceux qui s’enquéraient de nos belles bottes payées trois fois rien.

À 30 ans, je ressens toujours la même exaltation lorsque je déniche un morceau unique à prix dérisoire dans une vente-débarras ou une friperie. Et je me sens toujours aussi cool quand quelqu’un me demande d’où ça vient! Ce qui a changé, depuis, c’est que l’achat d’articles d’occasion s’est beaucoup démocratisé, au point de devenir mainstream. Les boutiques vintage offrant des morceaux triés sur le volet pullulent, les fashionistas font des trouvailles luxueuses au Village des Valeurs, alors que madame Tout-le-monde vend et achète des vêtements déjà portés sur des plateformes en ligne conçues expressément pour ce type d’échanges. Que s’est-il passé, en une décennie, pour que mon hobby préféré, perçu jadis comme inusité – voire jugé – devienne aussi populaire?

Selon Gabrielle Lacasse, photographe et créatrice de contenu au blogue Dentelles+Fleurs, les mentalités ont évolué vis-à-vis de la mode. «Jeune adulte, je m’habillais dans les friperies, mais c’était par nécessité, dit-elle. J’avais très peu d’argent! À l’époque, ces commerces étaient réservés à ceux qui avaient peu de moyens ou qui affichaient un look très artsy. Ça a changé. Presque tout le monde que je connais achète maintenant de seconde main!» affirme celle qui magasine autant chez Renaissance que sur des plateformes de re-luxe (comme TheRealReal). Gabrielle croit que ce changement de mentalité s’inscrit dans un mouvement d’écoresponsabilité. Les gens cherchent des options pour se composer une garde-robe singulière sans fréquenter les boutiques traditionnelles de fast fashion et sans devoir sortir leurs REER pour acheter une pièce griffée. «L’industrie de la mode est extrêmement polluante et le rythme effréné de consommation qu’elle impose n’est pas durable, ajoute-t-elle. Au cours des dernières années, au sein de ma communauté, j’ai remarqué un réel intérêt pour l’économie circulaire ou pour la mode dite “plus verte”.»

Cela dit, Gabrielle nous met en garde. Car acheter des vêtements dans une friperie, aussi peu chers soient-ils, n’est éthique que dans la mesure où on consomme intelligemment. «Je vois des gens qui vident les rayons des bazars communautaires – essentiellement créés pour aider les plus démunis – pour ensuite revendre ces articles à prix fort sur le Web. C’est désolant, mais c’était prévisible, vu l’intérêt grandissant pour la mode vintage. Même quand il s’agit de vêtements usagés, il faut continuer de magasiner avec gros bon sens et bienveillance.

Astuce d'initiée n°1

Sur les applis de revente, il ne faut pas avoir peur de poser des questions (sur les dimensions et l’état général de l’article, la marque, le prix, le tissu, etc.) avant de faire un achat. Ça évite d’être déçue!

– Amélie Grenier, utilisatrice aguerrie de Bon Magasinage

Astuce d'initiée n°2

Avant de courir les friperies, on doit d’abord combler tous nos besoins de base. On s’assure de n’avoir ni faim, ni soif, ni envie de pipi… Puis on part à la chasse et on reste ouverte aux surprises!

– Gabrielle Lacasse, Dentelle+Fleurs

Suivre la parade

Cet engouement pour les achats de seconde main, les détaillants traditionnels l’ont flairé. Après s’être tournés vers des modes de production plus verts, certains joueurs importants de l’industrie de la mode s’intéressent maintenant à l’économie circulaire. Le géant H&M, par exemple, a récemment lancé sa propre plateforme Re:Wear dans plusieurs pays, dont le Canada. Il s’agit d’un espace virtuel pour acheter et vendre des articles d’occasion de toutes marques (pas juste du H&M!). D’autre part, des maisons de luxe comme Burberry et Gucci s’associent à des services de consignation pour revendre leurs pièces d’occasion. Pas étonnant quand on sait qu’aux États-Unis seulement, le marché des vêtements d’occasion représente 36 milliards de dollars et qu’on prédit qu’il doublera d’ici cinq ans. En 2019, globalement, ce marché a progressé 25 fois plus vite que le secteur du commerce de détail de mode traditionnel. C’est donc résolument dans l’air du temps!

Plus près de nous, Womance, l’entreprise fondée par la Québécoise Andréanne Marquis, a mis sur pied une plateforme de revente pour les vêtements de sa marque. Au bout du fil, la prolifique entrepreneure explique que ce projet était avant tout un moyen d’améliorer l’expérience de ses clientes. «La plupart d’entre elles sont fidèles et achètent beaucoup chez nous. J’ai pensé que leur permettre de revendre certains articles signés Womance pour s’en procurer de nouveaux serait intéressant pour elles.» Le principe est simple: les fans de l’étiquette Womance revendent leurs vêtements à d’autres clientes et reçoivent en échange des crédits à dépenser dans l’inventaire en ligne. «Les vêtements qu’elles ne portent plus seront réutilisés au lieu d’être oubliés au fond d’un tiroir», mentionne Andréanne. C’est déjà pas mal, quand on sait que le fait de prolonger l’utilisation d’un vêtement neuf mois de plus réduirait d’environ 20 % son empreinte écologique!

Astuce d'initiée n°3

Il faut vérifier la réputation du site avec lequel on s’apprête à faire affaire, surtout si c’est en vue d’acheter un produit de luxe. Les experts, comme ceux de LXR, ont des connaissances plus pointues (notamment pour authentifier des articles griffés) qu’un consommateur qui vend sur les réseaux sociaux ou les applis d’échanges.

– Aurore Colliaux, LXR

Astuce d'initiée n°4

Sur le site Vinted, mieux vaut faire une recherche ciblée pour réduire le nombre d’articles qui nous sera proposé. Il y a tellement de choix qu’il est toujours bon d’être précise en indiquant, par exemple, une couleur ou en filtrant les articles selon la taille. On peut aussi inscrire le mot vintage afin de repérer des pièces plus rares ou uniques.

– Maud Behaghel, Vinted

Seconde main 2.0

Même si les boutiques de vêtements d’occasion et les friperies sont nombreuses et achalandées, c’est en ligne que se brassent les plus grosses affaires en matière de commerce de seconde main. Alors que les fans de mode vintage s’échangeaient auparavant des pièces sur eBay, il existe maintenant plusieurs plateformes indépendantes expressément conçues pour la vente et l’échange de vêtements usagés. Et elles sont populaires! Par exemple Vinted, une application de vente et d’achat, est utilisée dans plus de 15 pays par plus de 45 millions d’utilisateurs!

Au Québec, nous avons Bon Magasinage. Arrivée chez nous en 2017, la fondatrice Candice Bouchez a été surprise de ne pas retrouver ici ce type de plateforme d’échange de vêtements pour particuliers, alors que c’était déjà la folie en Europe! Elle a donc saisi l’occasion de participer au changement. Sans surprise, elle affirme que son entreprise a pris du galon pendant la pandémie. «Les gens ont eu le temps de faire le ménage de leur garde-robe et de réaménager leur espace, dit-elle. Vendre ses propres vêtements est ainsi devenu une option intéressante pour faire place à la nouveauté, tout en gagnant des sous.» À ce propos, l’entrepreneure signale que si les clients commencent souvent à utiliser son service en tant que vendeurs, ils prennent vite goût au magasinage sur la plateforme. «C’est là que ça devient réellement de l’économie circulaire. Les gens vendent leurs articles en faisant des heureux, puis ils réinvestissent cet argent sur la plateforme dans le but d’étoffer leur garde-robe avec des pièces secondhand

Amélie Grenier est à la fois vendeuse et acheteuse sur le site Bon Magasinage: «Au départ, je me suis inscrite pour vendre à petit prix de jolis vêtements qui ne me faisaient plus. Durant la pandémie, j’ai pris du poids et j’ai réussi à me refaire une garde-robe entière en utilisant l’argent gagné sur la plateforme pour me procurer des vêtements offerts par d’autres utilisatrices. C’est super! Une nouvelle garde-robe à zéro dollar et l’agréable impression de ne pas contribuer à la destruction de la planète», dit-elle avec enthousiasme. Bien que le site Web Bon Magasinage ne soit pas encore optimal côté utilisation, selon Amélie, elle trouve important d’y faire affaire afin d’encourager cette initiative québécoise pour qu’elle puisse se développer davantage.

Photo de couverture : Becca McHaffie, Unsplash

À lire aussi :



Catégories : Mode / MSN / Véro-Article
0 Masquer les commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ajouter un commentaire

Magazine Véro

S'abonner au magazine