Un monde sans traditions, c’est un peu comme un monde sans féerie. Nous, on a décidé de mettre un peu de magie dans notre vie. Et vous?
Le 22 décembre 1967. Notre sapin artificiel couleur aluminium trônait dans un coin du salon, mon père pelletait l’entrée avec mon frère, et moi, l’aînée des filles, je regardais sous le lit de mes parents dans l’espoir d’y trouver les cadeaux. Comprenez-moi bien, je ne voulais pas connaître la nature de mes cadeaux; au contraire, j’adore les surprises! Je voulais juste m’assurer qu’ils étaient là, prêts à être emballés.
J’avais 10 ans, je n’attendais plus le père Noël et, déjà, je ne faisais plus tout à fait confiance aux adultes. Même si nous avions toujours été très gâtés au réveillon, j’étais inquiète, parce que ma mère avait le manie de procrastiner. Faut dire que décembre est un mois exigeant pour une coiffeuse. Plutôt que de confectionner des biscuits au gingembre, de cuisiner des tourtières et des ragoûts à l’avance, maman frisait, colorait, illuminait les têtes des femmes de Shawinigan. Plus le temps des Fêtes approchait, plus elle rentrait tard, fatiguée, «vannée», comme elle disait.
Alors, j’avais peur. Peur qu’elle oublie, peur qu’après sa journée de travail elle se cogne le nez contre la porte des magasins fermés. L’avent n’a jamais existé chez nous. Au lieu d’arriver à pas feutrés, la grande fête surgissait comme une tempête, quelques heures avant minuit.
Plus je grandissais, plus j’enviais les familles riches de traditions. C’est sûrement pour cette raison que, dès que j’ai fondé ma propre famille, j’ai insisté pour sortir guirlandes et couronnes dès le lendemain de l’Halloween! Et c’est sans doute aussi pour cette raison que j’ai craqué pour un homme aux pouvoirs surnaturels.
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