Ces femmes qui nous inspirent: Sophie Prégent

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31 Août 2019 par Véronique Harvey
Catégories : Oser être soi / Véro-Article
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À l’aube de ses 30 ans de carrière, Sophie Prégent s’est prêtée au jeu du bilan professionnel... et personnel. En jetant un coup d’œil sur le chemin parcouru, l’actrice réalise qu’elle a été choyée par la vie.

Sophie, avec du recul, quelle a été votre plus belle décennie?

Ma vingtaine, même si ce n’est pas la période où j’ai été la plus heureuse. J’ai aimé l’intensité de la vingtaine, en fait, parce que c’est à ce moment-là que je suis passée d’amateure à professionnelle, que j’ai étudié à l’École nationale de théâtre, que j’ai commencé à pratiquer mon métier, que je me suis définie en tant que personne et en tant que comédienne. Ç’a été une décennie extrêmement importante pour moi, parce que c’est là que je suis devenue qui je suis. Mais je n’y retournerais pas. (rires)

Si vous pouviez voyager dans le temps, que diriez-vous à la Sophie que vous étiez à 20 ans?

Je lui dirais de ne pas perdre confiance, parce que la vie fait bien les choses. Je me suis beaucoup battue avec moi-même et mon identité durant la vingtaine. Ça n’a pas été facile pour moi, parce que je ne viens pas d’un milieu familier avec les arts, alors j’avais l’impression de devoir me prouver quelque chose. Je dirais à cette jeune Sophie de faire confiance à la vie. Comme disait René Angélil: «Tout va bien aller!»

Avez-vous des regrets?

Je pense que si c’était à refaire, j’essayerais d’étudier plus longtemps, car j’admire les gens qui ont achevé de hautes études. Cela dit, la vie ne m’a pas proposé de maîtrise ni de doctorat. J’en ai fait des études, mais c’était à l’école de théâtre, alors j’ai toujours l’impression d’être un clown quand je dis ça…

Dans votre vie, êtes-vous rendue là où vous le souhaitiez?

Oui, et même plus. La vie m’a proposé des choses auxquelles je ne m’attendais pas, comme la présidence de l’UDA. C’était une belle surprise et j’apprends beaucoup sur moi durant cette mission. Ça m’a beaucoup changée et je suis très fière de ça. Je suis aussi très heureuse de là où je suis rendue en tant qu’artiste. Je me trouve privilégiée.

Après bientôt 30 ans de carrière, quel regard portez-vous sur votre parcours professionnel?

J’ai vécu beaucoup de belles choses et je me considère privilégiée. Je côtoie plein de gens qui ont une belle carrière et d’autres qui auraient mérité de belles carrières, mais qui ne les ont pas eues. Je ne veux pas me comparer, mais dans mon milieu, j’admets avoir été choyée.

Quel a été votre plus bel accomplissement professionnel?

Quand j’ai joué dans Cyrano de Bergerac au TNM, je savais que ça allait changer ma carrière. Pourtant, ce n’était pas un rôle au cinéma ni à la télévision. Très peu de gens ont vu la pièce, mais c’est en moi que ç’a changé quelque chose. À ce moment- là, j’ai réalisé que j’étais capable de jouer de grands rôles. Ç’a changé la perception que j’avais de moi-même. Après ça, au cinéma et à la télé, j’ai joué dans de belles grandes affaires comme Nos étés et Cheval Serpent, par exemple.

Quelle rapport avez-vous avec votre âge?

Pour moi, l’âge n’a pas d’importance. Surtout dans ce métier-là. On n’a pas d’âge, nous, les acteurs. On est des saltimbanques avec nos petits baluchons, on se déguise et on récite nos textes. En fait, on a l’âge de nos personnages. Je ne me fais pas croire que je suis quelqu’un d’autre, je sais très bien que j’ai 52 ans, mais j’aime être entourée d’acteurs de tous les âges pour apprendre sur leur réalité.

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Que représente pour vous le fait de vieillir?

Je ne trouve pas ça facile. Pas facile de réaliser que tu vas sûrement faire de l’arthrite parce que tu commences déjà à avoir mal aux mains. Mais il y a en moi un profond désir de bien vivre ça. Alors ma réaction, c’est de dire: «T’es mieux vieux que mort!» Je sais que je ne suis plus aussi belle qu’avant, mais je ne veux pas trop m’attarder à ça, car ce n’est pas essentiel. Je veux juste être en paix avec moi-même.

À l’ère du HD, est-ce plus difficile de vieillir devant la caméra?

Oui, c’est très dur, et je dirais même que ce n’est pas le fun. C’est plus difficile de trouver une femme belle avec des rides sous les yeux qu’un homme dans la même situation. C’est encore une grosse injustice avec laquelle on doit dealer, nous, les femmes.

En ce sens, que pensez-vous de la médecine esthétique?

Moi, je pense qu’il faut être heureux dans la vie. Si toi, tu as besoin de faire refaire ton nez, tes lèvres ou tes seins pour être heureuse, je n’ai pas de problème avec ça. L’important, c’est de ne pas devenir fou avec ça et d’accepter de vieillir sainement. Mais s’il y a des choses que je peux améliorer, je vais le faire!

Pourquoi est-ce encore tellement tabou de parler d’injections et de chirurgie esthétique en 2019?

À un moment donné, c’est une question qu’on ne posera plus, mais là, on est encore dans les débuts de la médecine esthétique, alors les gens ont des préjugés là-dessus. Pourquoi la fille qui travaille dans un bureau est-elle capable de dire ouvertement qu’elle se fait faire des injections dans les lèvres et que personne ne la juge, mais que si je voulais le faire, moi, ça ne passerait pas? C’est comme si nous, les femmes connues, on n’avait pas le droit de se faire refaire les seins, alors que toutes les femmes inconnues du public en ont le droit. Je trouve ça ridicule!

Quel rapport entretenez-vous avec les réseaux sociaux?

Je ne suis pas active sur les réseaux sociaux et je ne dévoile pas ma vie. Je sais que je ne ferai jamais l’unanimité et je n’ai pas besoin des réseaux sociaux pour me le rappeler chaque jour. Les réseaux sociaux, pour moi, c’est beaucoup la démocratisation des imbéciles… et ça m’indigne. Je ne trouve pas que tout le monde mérite d’avoir le droit de s’exprimer sur la place publique. Il y a du très bon dans les réseaux sociaux, mais il y a aussi de la pourriture et je n’ai pas envie d’y participer.

Quand vous avez un moment libre, seule, que faites-vous?

Je regarde une télésérie ou un film sur Netflix. J’ai aussi commencé à peindre dans mon garage et j’aime bien ça, mais je suis poche. Sinon, j’adore cuisiner, mais je n’ai pas le temps au quotidien, alors quand j’ai une journée de congé, j’en profite.

Comment le fait d’avoir un enfant autiste vous a-t-il influencée?

Forcément, ç’a changé quelque chose en moi, parce que ce n’est pas la chose la plus facile de mettre au monde un enfant fragile et vulnérable. Mais je pense que j’avais toute cette force-là en moi et que je ne l’exploitais pas. Je ne suis pas devenue quelqu’un d’autre. Parfois, je m’étonne moi-même de réaliser que je suis plus forte et plus débrouillarde que je le pensais.

À l’automne, votre famille va participer au docuréalité Autiste, bientôt majeur, présenté sur la chaîne Moi et cie. Qu’est- ce qui vous a convaincue de partager votre quotidien avec le grand public?

Notre fils grandit, il a 17 ans et va devenir majeur l’an prochain. La majorité, c’est un moment extrêmement important dans la vie d’un enfant vulnérable. Et ç’a donné le goût à Charles [Lafortune, son conjoint] de faire quelque chose. Je lui ai dit qu’on allait participer au documentaire, mais juste une fois, et c’est lui qui va le produire. Je veux avoir le contrôle sur le résultat. Autrement dit, c’est nous qui allons contrôler la trame narrative, et c’est pour ça que j’ai accepté.

SES ACTUS

Sophie Prégent et sa famille participent au docuréalité Autiste, bientôt majeur, qu’on pourra voir sur la chaîne Moi et Cie cet automne. L’actrice jouera aussi dans la nouvelle télésérie Alerte Amber, diffusée à TVA cet automne.



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  1. Laurraine dit :

    J’adore cette femme pour sa simplicité et sa faciliter à exprimer ses points de vue …
    Elle doit être très agréable à jaser…
    Peux être jaurer un jours la chance de la saluer

  2. Helene cote dit :

    Je n si padc toujours été ouverte s Sophie prêtent mais les épreuves de la vie nous changent parfois et j en suis un exemple alors sujourd hui je me fais plaisir à l evouter et à la regarder dans son évolution bravo Sophie pregent

  3. Martine girard dit :

    La beauté est dans les yeux de celui qui te regarde, il me que c’est Sophie Pregent qui avait dit cela. Une fois de plus, elle m’epate parsa simplicité d’accepter la vie, Merci pour cette belle lecture!

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