C’est grâce au film Valérie – qui célèbre ses 50 ans – que Danielle Ouimet a été révélée au grand public et consacrée sexe-symbole du Québec. Mais c’est lorsqu’elle animait le talk-show Bla bla bla qu’elle est devenue l’une des personnalités les plus en vue de la colonie artistique d’ici. Entre les deux, de son propre aveu, le parcours a été houleux. Lumière sur une vie bien remplie.
Vous êtes sortie de l’enfance dans les années 1960. Quels souvenirs gardez-vous de cette décennie?
À l’époque, les femmes devaient rester à la maison, avoir des enfants et faire à manger. Mais un certain nombre d’entre elles se sont ouvertes à la sexualité, au travail, à l’opinion, à la provocation. Ces femmes-là étaient très libres. Ç’a été un grand moment d’affirmation. Bien sûr, il y a eu des abus. Vu qu’on a commencé à prendre la pilule, les hommes se sont dit qu’ils pouvaient enfin tomber dans le plat de bonbons sans avoir besoin de se protéger. Bref, on a fait des erreurs pour lesquelles il a fallu payer. Ç’a été une période un peu périlleuse d’essais et erreurs, mais j’en garde de bons souvenirs.
Si vous pouviez voyager dans le temps, que diriez-vous à la jeune Danielle?
De faire la paix avec ses erreurs, car ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts. Et par-dessus tout, de ne pas avoir peur d’essayer de nouvelles choses dans la vie. Ceux qui n’essaient rien, qui ont peur de tout, restent enfermés chez eux, sans que rien ne se passe dans leur vie. Moi, ma vie est bien pleine. Je ne peux pas dire qu’il n’y a pas eu de pleurs, mais j’ai ri beaucoup plus souvent que j’ai pleuré. C’est ce qu’il faut garder en tête.
Vous êtes tombée enceinte à l’âge de 19 ans. Quel impact cette grossesse a-t-elle eu sur votre vie?
À l’époque, c’était très scandaleux de tomber enceinte quand tu n’étais pas mariée. Mes grands-parents menaçaient de nous déshériter, parce que je salissais le nom de la famille. Donc, je suis allée vivre les quatre derniers mois de ma grossesse en France, dans une famille bourgeoise. J’ai eu une magnifique grossesse grâce à elle! Mes parents sont venus me chercher à l’aéroport avec le père de l’enfant. Je me souviens que j’essayais de trouver une porte secrète pour sortir en douce avec mon fils, tant je ne voulais pas être prise en charge par mes parents. Parce qu’à l’époque, il fallait avoir 21 ans pour être considéré comme un adulte. Mes parents me disaient tout le temps: «Quand tu auras 21 ans, tu décideras par toi-même.» Mais déjà, à 19 ans, je savais ce que je voulais. J’ai eu cet enfant-là parce que je le voulais, ce n’était pas un accident. Mes parents étaient très sévères, et ils ont pris les rênes. Mais je ne les blâme pas.
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Avez-vous des regrets?
Il y a une seule chose que je regrette, c’est de ne pas avoir été une mère exemplaire. Je n’ai pas été méchante, mais j’aurais pu être meilleure pour mon fils. En fait, je n’ai pas eu une vie normale. À l’âge de 23 ans, je sortais avec un homme dont j’étais très amoureuse. J’ignorais alors qu’il faisait du trafic de drogue. J’ai réussi à être exonérée de tout blâme, parce qu’en mettant ma maison sous écoute, les autorités se sont rendu compte que je n’étais pas mêlée à ça. Mais il reste que mon fils a été «en danger». Ainsi, pour le protéger, je l’ai remis à son père, qui l’a amené en France. Je n’ai donc pas vu mon fils de l’âge de trois à sept ans. Après ça, je l’ai eu seulement l’été et, finalement, il est venu vivre avec moi à 17 ans. Avec le recul, je me dis que j’aurais dû trouver d’autres solutions, mais à ce moment-là, je faisais avec ce que j’avais. Bref, cet enfant-là, je l’adore, mais je ne l’ai pas vu grandir… à mon grand regret.
Vous avez joué dans des films qui accordaient une grande place à la nudité et à l’érotisme. Quel rapport entretenez-vous avec votre corps?
J’ai toujours été d’une pudeur maladive. Par contre, quand je joue, j’ai une espèce de recul qui fait que je suis ailleurs. Je me plonge dans le personnage. Sinon, je peux dire que j’engraisse facilement. À cause de ça, pendant des années, je me suis astreinte à un régime de 500 calories par jour et j’ai fait du sport. Mais à un moment donné, en vieillissant… Quand tu n’es plus dans l’œil du public, vas-tu continuer à te restreindre comme ça? Non! Maintenant, je le mange, mon morceau de gâteau… avec de la crème glacée en plus. Et je vis très bien avec mon corps.
Quelle a été votre plus belle décennie?
Chaque décennie a son charme. Je peux dire que ma quarantaine a été magnifique. En même temps, je trouve qu’en vieillissant, tout devient plus simple. Rendue à 72 ans, je ressens une paix intérieure extraordinaire.
Que représente le fait de vieillir pour vous?
Je n’ai pas peur de mourir, mais de ne plus vivre avec le bonheur que j’ai tous les jours. La peur de ne plus voir ma petite-fille, de ne plus souper avec mes amis, de ne plus prendre un apéro à 5 h, de ne plus aller magasiner, peindre ou écrire. Toutes ces choses que je ne pourrai plus faire… ça m’effraie.
Comment décririez-vous vos amis?
Mes amis de longue date sont pratiquement tous des hommes, et tous mes anciens amoureux sont demeurés mes amis. Je vais d’ailleurs manger avec eux – du moins, avec ceux qui sont toujours en vie – au moins une fois par année. Je trouve que les hommes sont plus directs. Les femmes, elles, vont t’utiliser quand ça fait leur affaire. Plus jeune, j’ai eu trois amies féminines très proches qui m’ont fait des coups pendables. J’aurais pourtant mis ma main au feu qu’elles n’allaient jamais faire ça… Donc, aujourd’hui, je me méfie tout le temps un peu des femmes.
Lorsque vous avez un moment pour vous seule, que faites-vous?
J’écris. J’adore écrire et je travaille d’ailleurs à deux nouveaux livres. Un sur des anecdotes amusantes, car il m’arrive toujours des choses surprenantes et loufoques. L’autre sur un Amérindien qui a partagé ma vie pendant quelques années: Serge Manigouche. Cet avocat, qui a eu une vie incroyable, est mort à 40 ans. J’essaie donc de recueillir des témoignages de gens qui l’ont côtoyé.
Après 56 ans dans le milieu du show-business québécois, quel regard portez-vous sur votre parcours professionnel?
Mon parcours a été très houleux. J’ai essayé bien des affaires dans ma carrière: radio, scène, cinéma, chant, danse… j’ai tout fait! J’ai travaillé très fort pour réussir. Et mon plus gros combat a été de convaincre que je pouvais faire autre chose que de me déshabiller à l’écran. J’ai réussi ce pari, grâce à des gens très importants autour de moi, dont Dominique Michel, qui m’a fait jouer de la comédie. J’ai fait des Bye Bye, de la scène et j’ai joué dans la série Dominique avec elle. Elle m’a traînée partout. Jean-Pierre Coallier, quant à lui, m’a donné ma chance à la radio, à CFGL. Des gens remarquables m’ont aidée dans la vie. Aujourd’hui, j’essaie de faire la même chose, à mon tour.
Parlons de Bla bla bla, que vous avez animé 850 fois, de 1993 à 2000. Qu’est-ce qui a fait le succès de ce talk-show, selon vous?
Le travail acharné: j’y consacrais 12 heures par jour! On l’a faite nous-mêmes, cette émission-là, on l’a créée de toutes pièces. Je savais que ça prenait des révélations et des surprises. On apprenait donc de l’artiste et il en apprenait de nous: c’était donnant-donnant, et ça devenait magique. Mais on travaillait comme des fous!
On vous a un peu perdue de vue au cours des dernières années… Est-ce une pause volontaire de votre part?
En fait, si les auteurs écrivaient plus pour les gens de notre âge, je serais bien prête à jouer. Même si ce ne sont pas les jeunes qui écoutent la télévision, les commanditaires continuent à faire des émissions pour eux. Bientôt, on va devoir réviser les besoins de la télévision et peut-être que, ce jour-là, on va voir plus d’aînés au petit écran.
Ses actus
Danielle Ouimet planche sur une minisérie et un documentaire portant sur sa vie, ainsi que sur deux nouveaux livres.
Les conseils de Claude Laframboise, styliste
- Cette saison, les teintes chaudes ou épices (cannelle, muscade, cardamome, cari) sont partout. On aime, car elles vont bien à la plupart des femmes. Elles constituent une option de choix au noir quand vient le temps de s’habiller chic. La façon la plus tendance de les porter? En camaïeu, en mariant différentes nuances dans un même ensemble.
- Au rayon des bijoux, on choisit de ne mettre en vedette qu’une seule pièce. Les pendants d’oreilles se démarquent comme étant les accessoires stars de la saison. À noter: les bracelets et colliers classiques à grosses mailles dorées reprennent du service.
- L’imprimé léopard demeure un incontournable de la garde-robe. La bonne façon de le porter en 2019? De manière décontractée, par exemple, en mariant un haut de cet imprimé avec un pantalon à taille coulissante, de coupe jogger. Encore une fois, c’est l’opposition qui règne: pour un look réussi, on associe une pièce classique à une autre de coupe moderne.
- Le satin est trop souvent associé aux tenues de soirée. On peut le porter en tout temps, mais c’est effectivement un bon choix pour se concocter un look sophistiqué. Comme il reflète la lumière, c’est un tissu 100 % glam!