Peux-tu nous raconter le début de ton association avec Gai Écoute, qu’on connaît maintenant sous le nom d’Interligne?
Quand j’ai fait mon coming out en public – bien que je refusais d’être étiqueté homosexuel, car je voulais être «plus que ça» –, je savais qu’il y avait encore beaucoup de gens qui souffraient à cause de leur homosexualité. Puis, j’ai rencontré Laurent McCutcheon, président de Gai Écoute à l’époque, et il m’a vraiment inspiré. C’est grâce à lui si je me suis impliqué dans l’organisme. Il m’a parlé des difficultés que rencontraient les gens, du fait que certains gais étaient opprimés par leur famille – oui, même dans les années 2000! Et je te dirais que les garde-robes sont encore pleins!
Mais sens-tu qu’on a tout de même évolué comme société?
Bien sûr, surtout au cours des dernières années! Une Ariane Moffatt qui assume publiquement le fait d’être lesbienne et qui a des jumeaux avec sa blonde, on n’aurait même pas cru ça possible il y a à peine 20 ans! On a changé les lois, mais pour les mentalités, c’est beaucoup plus long. Les préjugés sont souvent incrustés dans le cerveau comme les fossiles dans la roche. Juste parce que j’ai osé dire que j’étais homosexuel, banalisant ainsi la chose, on m’a donné un prix… ce qui est assez absurde en soi.
Est-ce que les gens te parlent parfois de ton rôle de porte-parole?
Souvent. En tournant La petite séduction dans de nombreux villages pendant plusieurs d’années, il n’était pas rare qu’une dame ou un monsieur vienne me voir et me dise tout bas, comme une confidence: «Ma fille est comme vous.» C’est peut-être malhabile, mais je trouvais ça cute. Et c’est dans ces moments-là que tu constates qu’il y a encore du travail à faire. Dans chacun des villages que j’ai visités, il y avait toujours un couple gai qui faisait semblant de ne pas l’être, même si tout le monde le sait et l’accepte.
Pourquoi Gai Écoute a-t-il changé de nom?
Pour signifier que ce service s’adresse autant aux gais et aux lesbiennes qu’aux trans et aux allosexuels, des réalités dont on entendait moins parler il y a 10 ans, mais qui existent depuis toujours. Souvent, ces personnes-là n’en parlaient pas et finissaient par se suicider. Elles ne sont pas nées dans le bon corps. Et il y a tellement de nuances différentes, d’un cas à l’autre! C’est important que des gens soient là pour les écouter.
Son actu: Pour une 13e année consécutive, Dany est le fou du roi de Tout le monde en parle, les dimanches 20h, à Ici Radio-Canada Télé.
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Cet article est paru dans le magazine VÉRO de Noël en kiosque. Retrouvez de nombreux autres autres portes-paroles et leurs causes sont à découvrir dans le magazine VÉRO en kiosque.
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