Découverte par Véro: Julie Ledoux

29 Août 2016 par Véronique Cloutier
Catégories : Oser être soi
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Pour ce portrait de femme inspirante, Véro s'entretient avec Julie Ledoux, qui a le coeur sur la main.

La Croix-Rouge a offert son soutien au gouvernement canadien lors de l’accueil des réfugiés syriens. Plusieurs de ses bénévoles appelés en renfort ont participé au bon déroulement de l’opération. Julie Ledoux était du nombre.

VÉRO Julie, tu es étudiante et journaliste pigiste dans
le milieu culturel, mais ce
qui nous intéresse, dans ton parcours, c’est ta participation à l’accueil de réfugiés syriens. Qu’est-ce qui t’a amenée  à t’impliquer dans ce processus?

JULIE Je suis bénévole pour la Croix-Rouge canadienne depuis le mois de mai 2015. C’est quelque chose qui me tentait depuis longtemps.
Et la Croix-Rouge, c’est
un organisme que tout
le monde connaît.

VÉRO Oui, un organisme réputé et auquel on peut
se fier.

JULIE Exactement. Je
fais partie de l’équipe d’intervention d’urgence mobilisée lors des catastrophes et des sinistres de grande envergure. Quand le gouvernement canadien
a accepté d’accueillir les réfugiés, la Croix-Rouge a sollicité tous ses bénévoles. On savait qu’il s’agissait d’une grosse opération,
sans pour autant connaître
le moment précis où l’intervention commencerait.

VÉRO C’est un projet qui s’annonçait très ambitieux et qui a fait beaucoup jaser, d’ailleurs. Le gouvernement voulait que l’accueil
ait lieu avant les Fêtes,
si je me souviens bien?

JULIE Oui, avant le
31 décembre 2015.
Le Canada devait accueillir 25 000 réfugiés.

VÉRO Ce chiffre a été
revu à la baisse par la suite.

JULIE Oui, on a dû
étaler l’accueil sur une plus longue période.

VÉRO Comment se déroule l’accueil des réfugiés et en quoi, concrètement, consiste le travail des bénévoles?

JULIE Les réfugiés qui arrivent à l’aéroport de Montréal doivent passer par un «Centre de bienvenue». Certains vont ensuite rejoindre les familles qui les parrainent, d’autres
sont pris en charge par des organismes ou par l’État. Ils sont hébergés dans des hôtels à proximité de l’aéroport
en attendant de repartir vers leur destination, au Québec ou ailleurs au Canada.
Le travail des bénévoles
au Centre de bienvenue est le même que celui qu’on attend d’eux en cas de sinistre, c’est-à-dire de
la prestation de services: alimentation, vêtements, premiers soins, rétablissement des liens familiaux.

VÉRO Qu’est-ce qui t’intéressait le plus dans
cette expérience? Qu’espérais-tu en tirer?

JULIE Toutes les expériences vécues en tant que bénévole pour la Croix-Rouge sont uniques. Celle-ci l’était encore plus en raison de l’envergure de l’opération. Pouvoir aider la population syrienne après tout ce qu’elle a vécu et faire en sorte que l’arrivée des réfugiés se passe bien, c’était vraiment ce dont j’avais envie.

VÉRO As-tu toujours eu ce côté altruiste?

JULIE Je ne sais pas, mais je pense que le besoin d’aider est présent en chacun de nous. Environ 1000 bénévoles ont participé à l’opération d’accueil. C’est beaucoup. Tous étaient là pour aider, chacun selon ses capacités.

VÉRO Je trouve important de souligner le travail que vous faites. Au Québec, nous sommes préoccupés par le sort des réfugiés syriens. On est tous bouleversés en essayant d’imaginer ce qu’ils ont vécu. Mais il y a quand même une marge entre le fait d’être touché par quelque chose et d’agir concrètement. As-tu parfois l’impression
que les gens, malgré toute l’information qui circule, restent insensibles ou qu’ils ne s’impliquent pas assez?

JULIE Que les gens soient d’accord ou non avec l’accueil des réfugiés, ils ne restent pas insensibles pour autant à leur situation. Je ne suis pas là pour juger de la contribution de chacun. Moi, j’avais la possibilité d’aider. Je suis étudiante et je n’ai pas d’emploi à temps plein. Je peux donc me permettre de travailler toute une nuit, que ce soit au Centre de bienvenue ou à l’hôtel, pour accueillir les réfugiés. Quand tu es mère de quatre enfants, tu n’as pas nécessairement le temps de faire ça.

VÉRO Dans quel état psychologique étaient les réfugiés que tu as rencontrés? Je suis curieuse de savoir comment ils réagissent quand ils reçoivent enfin de l’aide et qu’ils se sentent en sécurité…

JULIE Les réfugiés ne réagissent pas tous de la même façon. Dans ce cas-ci, ils viennent de partout en Syrie, des villes comme de  la campagne. Il y avait des familles à faibles revenus et des personnes bien nanties. Certains sont passés par  les camps de réfugiés et y sont restés longtemps. Il n’y a donc pas de profil type, mais une chose est sûre: les gens sont très reconnaissants.

VÉRO J’imagine que tu as vu passer beaucoup d’enfants?

JULIE Oui, il y en avait beaucoup. Sur certains vols, la moitié étaient des enfants.

VÉRO On se dit que les enfants ont une capacité d’adaptation exceptionnelle, qu’ils trouvent le moyen d’être heureux avec peu. As-tu été témoin de ça?

JULIE Quand les parents étaient occupés à gérer l’habillement ou à téléphoner à leurs proches, les enfants
en profitaient pour courir partout dans le Centre de bienvenue. On leur avait aménagé un espace où ils pouvaient dessiner. Ils avaient l’air heureux. Eux aussi étaient fatigués après ce long voyage, mais ils étaient très gentils. Certains avaient appris quelques mots en français ou en anglais et
ils étaient fiers de nous dire: «Hi! How are you?» Ce sont souvent les enfants qui s’adaptent le mieux à un nouvel environnement. Je ne suis pas trop inquiète pour eux.

VÉRO Dans le fond, ils sont avec leurs parents, au chaud, avec une table pour dessiner, et ça leur suffit. Ça nous ramène à des valeurs de base. Dans cette expérience d’accueil, est-ce que quelque chose t’a particulièrement touchée?

JULIE Alors que je me promenais dans le Centre, une petite fille est venue
vers moi en courant. Elle avait reconnu le dossard de la Croix-Rouge et m’a remis un dessin. Je n’avais rien fait de particulier pour elle, mais elle savait que j’étais là pour aider. J’ai gardé son dessin parce que je le trouvais joli
et que son geste m’a touchée.

VÉRO Julie, que dirais-tu
aux gens intéressés à devenir bénévoles pour la Croix- Rouge mis à part le fait
qu’ils doivent avoir du
temps à donner?

JULIE Faire preuve d’ouverture, être respectueux et à l’écoute des gens qui  en ont besoin, ce sont là quelques-unes des qualités recherchées.

VÉRO Éprouver de la compassion aussi.

JULIE Oui… jusqu’à un
certain point. Il faut savoir être empathique, mais éviter de trop en prendre sur ses épaules. Ça reste un travail bénévole et il faut être à l’aise avec ce qu’on nous demande de faire. C’est sûr que certaines situations sont plus difficiles, comme lorsqu’on doit aider des familles jetées
à la rue à cause d’un sinistre.

VÉRO Ça peut être lourd d’avoir ça en tête quand
on revient à la maison?

JULIE Oui. Cela dit, je
pense quand même que
tout le monde peut devenir bénévole… à la condition
de s’engager à respecter
les principes fondamentaux de la Croix-Rouge.

VÉRO Julie, je te félicite. Vraiment.

JULIE Ça me fait plaisir, mais il ne faut pas oublier que c’est avant tout un travail d’équipe. Toute seule, on ne peut pas changer grand-chose.

VÉRO Oui, mais ça passe quand même par ton désir d’agir concrètement pour venir en aide aux autres et je te lève mon chapeau pour ça!

 

Pour obtenir plus de renseignements sur
les activités de la Croix-Rouge canadienne, pour vous joindre à l’équipe de bénévoles ou pour faire un don (une autre excellente façon d’aider!), rendez-vous sur croixrouge.ca.

 

Photo: Martin Girard

 

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  1. Madeleine Beaulieu dit :

    Bravo Julie pour ton implication comme bénévole .

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