Impossible d’esquisser un portrait réaliste de Mariloup Wolfe sans faire ressortir les nuances de sa personnalité aux teintes lumineuses et aux couleurs insolentes. Triptyque.
Elle arrive à notre rendez-vous en fredonnant, malgré une demi-heure de retard, comme pour consolider l’image de fille légère et pétillante qui lui colle à la peau. Pourtant, Mariloup Wolfe est loin d’être insouciante. Toujours en train de tout remettre en question, elle tient plus de l’artiste tourmentée que des boute-en-train qu’elle a souvent joués à la télé. En fait, tout prédestinait cette blonde sémillante à incarner Élisabeth Bergeron, une professeure d’arts plastiques un brin rebelle et revendicatrice du Vieux-Havre, école fictive du téléroman 30 vies. Dans le décor de la classe qu’elle investira le temps de 60 jours intensifs de tournage, l’actrice se promène au milieu des oeuvres d’art déjà en place. Des chevalets arborent des peintures expressionnistes, un corps en papier mâché gît au sommet d’une étagère, des sculptures de terre cuite attendent sagement leur moment de gloire à la télévision. Le genre de joyeux bordel qu’on aimait à l’adolescence, lorsque, entre une leçon de chimie ardue et un ennuyant cours de maths, on laissait libre cours à sa créativité.
Mariloup Wolfe, l’artiste
Certains l’auraient plutôt vue au primaire, d’autres auraient imaginé cette énergique amoureuse d’un mordu de parachute en prof d’éduc’ mais, pour les proches de Mariloup, il n’y a rien d’étonnant à la voir enseigner le fusain et la poterie. «Ça lui va comme un gant, confie Guillaume Lemay-Thivierge, le père de ses enfants. C’est un peu un hommage qu’elle va pouvoir rendre à sa mère, Denise Bouchard, une sculptrice de grand talent qui n’a pas obtenu la reconnaissance qu’elle méritait.»
L’art régnait en maître chez les Wolfe, qui habitaient en face du parc La Fontaine avant même que le Plateau devienne le repaire des chanteurs, des fascinateurs et autres marginaux. Les soirées bien arrosées où on refaisait le monde entre artistes étaient fréquentes dans la résidence familiale. Certains soirs, il arrivait à M. Wolfe, un psychiatre un brin excentrique, de recevoir des patients à la maison, derrière une porte «où il y avait les fous», croyait la petite Mariloup. Et, les matins d’été, celle-ci se réveillait en entendant le cri des paons et des éléphants qui séjournaient au zoo du parc, démantelé depuis. De quoi alimenter son imaginaire, plus encore que le septième art, que son papa s’obstinait à lui faire découvrir.
Photo : Patrice Massé
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