Tout le monde aime Marina, autant l’animatrice que la comédienne. Authentique et sans détour, elle se confie sur les temps forts de sa vie et sur sa quête du bonheur. Rencontre privilégiée avec une femme en pleine possession de ses moyens.

Marina. Son seul prénom suffit à raconter une histoire. À évoquer un univers et tout un tempérament! On la sait exubérante, généreuse et rayonnante, animée par son goût des autres. Mais on connaît moins sa nature déterminée, exigeante (d’abord envers elle-même) et étonnamment volontaire. Marina, c’est un soleil ardent, mais qui ne brillerait pas autant sans sa face cachée. C’est aussi un coeur vaillant, qui carbure au besoin de faire du bien aux gens. «Tout ce que je fais, je le fais avec mon coeur», lance-t-elle d’entrée de jeu, alors que je la rencontre à l’hôtel, après sa séance photo pour VÉRO. «Te laisser guider par ton coeur, c’est la plus belle arme que tu peux avoir. Il n’y a rien de plus beau ni de plus fort! Oui, ça peut rendre vulnérable, concède-t-elle. Il faut donc savoir comment s’en servir…» Et toc! C’est ce qu’on appelle l’intelligence du coeur.
L’actrice qui est entrée dans nos vies un soir de 1986, sous les traits de Suzie Lambert dans Lance et compte, puis sous ceux d’Émilie Bordeleau dans Les filles de Caleb, en 1990, et dans Blanche, en 1993, n’en est jamais ressortie. La suite, on la connaît tous. Après avoir envahi autant le grand que le petit écran, Marina a goûté au théâtre, elle s’est convertie à l’animation radio et, depuis l’automne dernier, elle ensoleille nos matins à l’émission qui porte son nom, à ICI Radio-Canada Télé. Peu de comédiennes ont réussi ce périlleux passage du jeu à l’animation. C’est le cas de Marina. Son naturel, sa curiosité et sa simplicité ont eu tôt fait de conquérir le public québécois, qui lui voue une indéfectible affection. «Depuis mes débuts, je me passionne pour l’humain. Pour moi, tout part de là. Je suis une accompagnatrice. Ce que j’aime, que ce soit à la télé ou à la radio, c’est être là pour les gens. En fait, je suis plus une humaniste qu’une artiste», estime celle qui est au micro du 5@7 de Marina, au 107,3 Rouge FM, depuis bientôt dix ans. Un exploit dans ce milieu férocement éphémère. Son succès, bâti pierre par pierre, elle l’attribue sans fausse modestie à «une somme folle de travail». Et à son besoin viscéral de toujours donner le meilleur d’elle-même, quoi qu’elle fasse. «Oui, je fais un métier privilégié, mais qui vient avec une grande part de responsabilités. Il faut que je sois à la hauteur!» insiste-t-elle, en passant à table.
Marina, un bonheur assumé
«Aujourd’hui, je réalise combien j’ai toujours été douée pour le bonheur!» affirme Marina, née d’un père italien et d’une mère québécoise d’origine écossaise dans le modeste quartier de Ville-Émard. On le sait, Marina a grandi dans une famille matriarcale, menée rondement par sa mère Verna et ses tantes, des femmes fortes, solidaires et enracinées dans une existence simple, où chacun se retrousse les manches, parle fort et s’adore. «J’ai été aimée profondément, dès ma naissance. C’est ce qui fait que j’aime autant le monde. Et que je crois très fort au bonheur.»
Or, le bonheur est fait de choix qui n’ont parfois rien de facile. «Grandir, évoluer, c’est du travail, scande-t-elle. Le bonheur, il faut le vouloir!» Une affirmation aussi lucide a de quoi confondre les sceptiques, prompts à railler son optimisme débordant. Ou sa façon de nous rappeler chaque matin, à la fin de son show de télé, de «sourire à quelqu’un aujourd’hui». Cela dit, l’excès de naïveté n’est pas sa tasse de thé. «Je ne suis pas une jovialiste, clame Marina. J’ai du caractère… et aucune tolérance pour les êtres négatifs ou paresseux. Si quelque chose ne me convient pas, les gens autour de moi le savent, c’est clair! Mais je trouve qu’on sous-estime l’influence qu’on a sur les autres, tempère-t-elle. On oublie à quel point un sourire peut changer la vie des gens qui nous entourent. Arrêtons de penser que la gentillesse, c’est gnangnan. On en a besoin plus que jamais! Tout comme d’authenticité, d’ailleurs…»
Marina, le courage d’être soi-même
Et la folie du bistouri qui règne dans le milieu artistique et médiatique, Marina en pense quoi? «Je ne suis pas rendue là! lance-telle. À vrai dire, le fait d’avoir joué des rôles où j’ai été tour à tour cernée, lumineuse, chauve ou en train d’accoucher, ça m’a aidée à accepter de me voir vieillir à l’écran. Oui, j’aime ça, me trouver belle. Mais à choisir entre la beauté et la vérité, j’opte pour la vérité! De toute façon, cette course à la jeunesse, personne ne peut la gagner. Personne.»
Craint-elle de se voir un jour écartée du métier si elle refuse de se prêter au jeu? «Non, répond-elle tout de go. De toute façon, je m’y refuserais. Comment peux-tu exprimer des émotions avec un visage “botoxé”? Je n’ai plus 20 ans, j’en ai 49. Alors, qui est-ce que je veux être comme femme?», se demande-t-elle. Une interrogation qui nous amène tout naturellement à parler du courage d’être soi. «C’est tellement important! Ça explique la façon dont on mène sa vie. Est-ce qu’on assume qui on est ou est-ce qu’on a peur de sa propre lumière? Oui, ça peut être angoissant de briller, surtout lorsqu’on craint de faire de l’ombre aux autres, mais…»
Quelque chose dans sa voix trahit quelque chose de familier. «Il y a très longtemps, je me suis mise en retrait pour projeter mon compagnon dans la lumière. Et ça nous a conduits à une fin. M’éteindre ainsi m’a rendue si malheureuse que je me suis promis de ne plus jamais tuer qui je suis, s’emporte-t-elle. Et aussi de choisir un homme qui n’aurait pas peur de ma lumière.» Le destin lui a donné raison. Depuis sept ans, Marina est en couple avec Charles Benoît, l’ex-président de la radio et de la télé de Bell Média. Elle l’a rencontré dans les studios de Rouge FM, un an après sa séparation d’avec le comédien Serge Postigo, père de son fils Thomas. «À l’époque, se souvient-elle, Charles et moi pansions nos blessures amoureuses respectives. On avait zéro attente l’un envers l’autre. Notre amitié s’est développée, puis l’amour est devenu une évidence.»
Le couple ne vit pas ensemble, par choix. «À nos âges, on n’est plus en train de construire une famille. Ce qu’on partage, c’est le beau, le bon et le bien», dit-elle, tout en se félicitant des relations harmonieuses qu’elle entretient avec le père de son fils: «Thomas a la chance d’avoir des parents complices. À 13 ans, il entre à pieds joints dans l’adolescence. Ce que je lui offre de plus précieux, c’est ma présence. Sentir à quel moment être à ses côtés, quand m’avancer ou me retirer, ça demande beaucoup de discernement avec un ado. Surtout que tout peut changer d’une minute à l’autre!», rigole-t-elle.
Mais peu importe les désaccords ou les confrontations avec son fils – elle ne lui demande pas de toujours penser comme elle –, Marina insiste pour garder le respect et le lien intacts. «Je lui rappelle souvent qu’avec de l’amour, on peut passer à travers n’importe quoi», raconte celle qui fête ses 25 ans d’engagement comme porte-parole de Tel-jeunes.
Vous pouvez consulter la version intégrale de cet article dans le numéro hiver 2016 du magazine VÉRO, à la page 29, avec le titre « Marina Orsini, une femme de coeur ».
PHOTO LOUISE SAVOIE | STYLISME DANNY BOUDREAULT