
Le mot de Louis : Comment rester pertinent?
Comment vieillir et rester pertinent? C'est la question que se pose Louis Morissette.
La dernière des huit enfants de Denise Ostiguy et de Pierre Maynard, gardien de prison à Cowansville, sait qu’elle a été aimée et choyée, et qu’elle a «probablement même été la plus gâtée de la gang». Sauf que dans cette famille nombreuse (qui accueillait par périodes des pensionnaires pour assurer un revenu supplémentaire), «il fallait en faire, des sparages, pour se faire remarquer!» La petite fille qu’elle était a eu l’impression de manquer d’attention. «Une thérapie m’a aidée à mettre de l’ordre dans tout ça. À y voir clair.» Et l’a autorisée à entrer dans une zone inconnue: l’expression de ses émotions. «Pleurer, chez nous, c’était montrer sa vulnérabilité. C’était mal vu, explique Mélanie. Il fallait être tough. Alors, j’étais tough.»
Le cheminement scolaire (compliqué par son TDA non détecté) a été ardu, et l’adolescence, assez rock’n’roll. «Mes parents étaient plus âgés que ceux de mes amis et ils avaient des principes plus stricts. J’en ai fait, des sorties en cachette! J’étais rebelle.» Voire parfois méchante. «J’enviais celles que je considérais comme plus belles, plus douées, plus heureuses que moi. Par jalousie, j’attaquais.»
Ces souvenirs sont d’autant plus vifs qu’ils sont consignés dans l’un des petits cahiers noirs que Mélanie noircit depuis l’âge de 13 ans. «C’est mon journal intime. Ces derniers mois, remise en question oblige, j’en ai rempli quatre!» Un de ses grands plaisirs est de se blottir le soir sous une couverture avec sa fille, Rosalie, qui lui confie ses états d’âme. La maman les compare avec ce qu’elle ressentait au même âge. Et la vie est belle. «Rosalie, c’est une “minimoi”… en mieux! Elle est merveilleuse. Mon fils aussi. J’ai toujours dit que j’avais eu des enfants qui s’élevaient tout seuls!»
Autant de morceaux de son existence qui se retrouveront peut-être un jour dans ce qu’elle nomme pour l’instant son one woman show, en gestation. «Est-ce que ce sera un one woman show, une pièce avec un seul personnage, ou autre chose? On verra. Je sais seulement que le résultat ressemblera plus à un partage de réflexions avec le public qu’à un spectacle d’humour au sens strict.»
Écrire est dans sa mire. Exercer à fond son premier métier également. «J’adore jouer!» Il est possible aussi qu’elle devienne réalisatrice ou productrice. «Ma foi, je commence à me dire qu’avec mon bagage et mon sens artistique je serai capable d’y arriver. Comment dire? De nouvelles branches “me poussent” et c’est excitant!»
Les femmes de la trempe de Janette Bertrand et de Clémence DesRochers l’inspireront à coup sûr dans ses nouveaux projets. «Je les admire. Chacune à sa manière a su nous ouvrir les yeux sur les préjugés, les injustices, les inégalités hommes-femmes qui persistent, bref sur tout ce qui cloche dans la société. » Au passage, elle lève son chapeau aux militants de tout ordre qui veulent changer le monde. «Moi, je n’ai pas l’âme d’une révolutionnaire. J’ai beau avoir un corps magnifique (rires appuyés!), descendre dans la rue seins nus en guise de protestation, ce n’est pas dans ma palette.»
Et l’amour, dans tout ça? «J’y crois toujours, mais sur le frein. Avant de m’engager à nouveau, je veux être sûre de me faire assez confiance pour ne plus me sentir obligée d’exécuter des saltos arrière pour être aimée. En ce moment, je suis en couple avec moi, et ça me convient.»
Aucun doute, s’excuser de dépasser du cadre, c’est terminé. «Je m’assume.» Le temps d’esquisser un de ces drôles de p’tits sourires dont elle a le secret, et elle reprend: «Méchant programme, j’en conviens. On “s’entend-tu” que s’assumer telle qu’on est, c’est la chose la plus difficile au monde?» Oh, que oui.
Photos: Patrice Massé/rodeoproduction.com / Premier assistant-photographe: Olivier Barbès-Morin / Deuxième assistant-photographe: Éric Lamothe / Numérisation: Virginie Briand / Stylisme: Céline Béland / Maquillage: Félicie Hubert / Coiffure: Liliane Salloum (Judy inc), avec les produits tresemmé.
Vous pouvez consulter la version intégrale de cet article dans le quatrième numéro de Véro magazine, à la page 37, avec le titre « Mélanie Maynard, ivre d’authenticité ». Le magazine est disponible en kiosque et en version iPad.