Le racisme peut prendre diverses formes, Fabienne, mais y en-t-il une plus destructrice qu’une autre, selon vous? Ce qui est le plus dur, pour moi, ce ne sont pas les fois où des gens m’ont crié «sale négresse [sic], retourne chez toi!» dans la rue. Ça, c’est du racisme pur et simple. Ce qui me fait le plus de mal, c’est le racisme systémique dont je suis victime tous les jours au Québec. Pourquoi? Parce que ça me met des bâtons dans les roues, ça m’empêche d’avancer. Tout le monde devrait se battre à armes égales et avoir les mêmes chances de réussir.
Quel genre d’initiative avez-vous instaurée pour aider les personnes racisées? Avec la Fondation Fabienne Colas, on a mis sur pied un programme appelé «Relève et diversité», qui décerne des bourses d’études aux gens issus de la diversité pour qu’ils puissent étudier les métiers qui s’exercent derrière la caméra: scénarisation, production, réalisation. On pense que c’est ce genre d’initiative qui va changer nos écrans.
Le mouvement Black Lives Matter est souvent comparé au mouvement #MoiAussi: qu’en pensez-vous? Je suis bien d’accord. Le mouvement #MoiAussi a cassé les façons de faire. Je ne dis pas qu’il n’y a plus d’agressions sexuelles, mais depuis, on dénonce haut et fort et on ne jette plus le blâme sur la victime. C’est pareil pour le mouvement antiraciste. Dans un même ordre d’idées, j’aime beaucoup les mouvements profemmes au Québec, mais ce qui me désole, c’est que la majorité d’entre eux exclut les femmes des communautés racisées. Ce n’est pas de la mauvaise foi, mais le résultat est là. Je ne me suis jamais reconnue dans les mouvements de women empowerment au Québec, alors que je n’ai pas ce problème-là au Canada anglais. Dommage!
Ses actus
En plus d’organiser le Festival International du Film Black de Montréal, qui se déroule du 30 septembre au 4 octobre, la Fondation Fabienne Colas vient de lancer une campagne de financement pour le Fonds National pour les Arts Black.
Photos: Andréanne Gauthier
À lire aussi:
- L’édito de Véro: non au racisme!
- Mélissa Bédard: que de chemin parcouru!
- Sarahmée: un bel exemple de résilience!