Quand vous pensez à votre enfance, quels souvenirs ressurgissent?
J’étais une enfant très complexée. J’étais rousse, blême, le visage plein de taches de rousseur. J’ai vécu de l’intimidation. Mais, malgré tout, j’ai été une enfant heureuse. J’ai des souvenirs de grands espaces, de liberté. Je me faisais des gangs d’amis et c’était moi la boss! Parce que j’avais beau être complexée, je suis quand même Lion ascendant Lion: tassezvous de là, j’ai du caractère! (rires) J’ai eu de belles amitiés, dont certaines durent encore.
Quelle place la musique prenait-elle dans votre vie?
Beaucoup. Plus jeune, mes amies écoutaient des chanteuses comme Mireille Mathieu, et moi, je n’aimais pas ça! Je ne comprenais pas pourquoi je ne tripais pas là-dessus… Je me souviens d’une amie qui habitait juste au-dessus de la taverne de son père. On entendait tout ce qui s’y passait, et quand le jukebox faisait jouer des succès rock, oh que j’aimais ça! Ça me faisait vibrer jusque dans le ventre! C’est en essayant de comprendre pourquoi ces chansons opéraient de cette façon-là que j’ai eu le désir de faire de la musique à mon tour.
À l’âge de 15 ans, vous avez quitté le domicile parental pour Montréal par amour de la musique… Aviez-vous peur?
J’étais morte de peur! Mais j’ai eu le courage d’y aller quand même, parce que ma passion pour la musique était trop forte. Ça s’est présenté soudainement, à l’époque où je jouais dans les pianos-bars de mon village, en Gaspésie. Un dimanche soir, un gars est venu m’écouter, puis il m’a proposé de joindre son band. Il m’a dit: «Si t’embarques, on part demain matin.» Je suis partie avec eux. Mes parents étaient terrorisés et pleuraient, mais ils savaient que si je n’allais pas vers ce destin-là, j’aurais abouti dans la scrap, la dope. À partir de ce moment-là, je me suis consacrée entièrement à la musique. En tournée, j’en ai vu des vertes et des pas mûres. Je me suis même battue avec les poings. Je suis allée à l’école de la vie, mais quelle école! Il n’y a pas d’université qui m’aurait enseigné ça. C’est l’école la plus dure, mais c’est celle que j’ai choisie et c’était la bonne pour moi.
Quand vous revisitez votre parcours, qu’est-ce qui vous rend fière?
Tu sais, les succès professionnels, les récompenses, c’est génial, c’est énorme! Mais mes plus grands accomplissements, très sincèrement, ce sont mes enfants. Mon fils a 23 ans, il va très bien. Et ma fille vient d’avoir son cinquième bébé. C’est une mère extraordinaire: elle est mon idole! Ses enfants reçoivent l’éducation que j’aurais voulu donner aux miens.
Êtes-vous en paix avec la mère que vous avez été?
Il y aura toujours une pointe de culpabilité et des «j’aurais dû». Ma fille a appris tôt à se débrouiller, mais elle savait qu’elle pouvait toujours me parler. J’ai refusé de faire carrière en Europe pour elle. On avait tout préparé, on allait partir. Elle avait sept ans à l’époque, je me souviens qu’il lui manquait une petite dent de devant. Quelques jours avant notre départ, elle m’a dit: «Mais maman, moi ze veux pas déménazer.» J’ai réfléchi puis j’ai renoncé au projet. Le producteur était en furie et me déteste encore! Je ne tenais pas tellement à une carrière internationale. Je ne suis pas carriériste, moi, je suis passionnée! Ce sont deux choses complètement différentes. Et je ne regrette pas d’avoir pris cette décision. Parce que mes enfants, ce ne sont pas des pots de fleurs que je peux trimballer là où je veux. Le peu de stabilité que je pouvais leur offrir, je le leur ai offert.
Au-delà du divertissement, est-ce essentiel pour vous d’aider les autres avec ce que vous créez?
Je pense que si on ne se sent pas utile dans ce qu’on fait, c’est poche en tabarouette! J’ai trouvé un sens à mon métier à travers les témoignages du public. Tous les jours, des gens me prennent dans leurs bras. Je reçois tellement d’amour dès que je sors de chez moi!
Parmi toutes vos compositions, lesquelles ont le plus touché le public?
Au nom de la raison, Encore et encore. Et aussi Chanson pour Nathan, que j’ai écrite quand mon fils est né prématurément. Des gens m’ont parfois dit: «Notre fils était prématuré et on l’a appelé Nathan à cause de votre chanson.» Donner de l’espoir aux parents d’enfants prématurés ou handicapés à travers mes tounes, est-ce que ce n’est pas ça, la mission de l’art?
Vous êtes active sur Facebook. Appréciez-vous le contact que vous y avez avec le public?
Je préfère Facebook à Instagram! Sur Instagram, tout est filtré, tout est trop beau pour être vrai. J’ai un peu de difficulté avec ça. Montrez-vous comme vous êtes! À quoi sert ce besoin de se sublimer? Je trouve que ça nourrit encore plus le besoin d’être toujours parfaitement présenté. Moi, je ne veux pas me faire dire que je suis belle, je veux qu’on jase, qu’on échange! Sur Facebook, je suis moi-même. J’ai les yeux et le nez de ma mère, les cheveux de mon père. J’ai l’ADN qu’on m’a offert, that’s it. Je n’ai jamais été aussi à l’aise avec moi-même. Pourquoi séduire à tout prix? Se respecter, oui. Avoir une dignité, oui. Mais toujours chercher à séduire? No way.
Votre santé a été malmenée à quelques reprises – avec la fibromyalgie, la dépression, la bactérie mangeuse de chair… La musique vous a-t-elle aidée à surmonter ces épreuves?
C’est sûr que oui. Quand j’ai eu la bactérie mangeuse de chair et que j’étais en fauteuil roulant, j’ai continué à écrire des chansons. Et pendant ma dépression, je n’ai jamais arrêté de faire des spectacles. Si j’avais pris une pause, je serais morte, sûr et certain. Hors de la scène, je n’existais pas. Pendant des mois, je ne faisais rien d’autre que mes shows, cinq soirs par semaine. Le matin, mon ex-mari me nourrissait de gruau à la cuiller parce que c’était la seule chose que je parvenais à avaler. J’ai perdu 60 livres durant cette période. Mais en continuant de faire des spectacles malgré tout, j’ai doucement laissé revenir l’enfant en moi. C’est elle qui m’a amenée vers la guérison, en me prenant par la main tous les soirs, à huit heures moins dix, pour m’entraîner sur scène. Tout à coup, j’utilisais ma peine pour mieux interpréter mes chansons, et je redevenais quelqu’un. Je servais à quelque chose. Il ne faut jamais perdre cet enfant en nous, autrement on arrête de jouer, de créer et de s’amuser. Et il faut savoir s’entourer dans la vie, pour trouver la force de toujours continuer. On ne fait rien tout seul, pas même des enfants!
SES ACTUS
Laurence Jalbert publiera au cours des prochains mois son deuxième livre, Tout porte à croire, sur ce qu’elle a appris à travers les épreuves qui ont jalonné son parcours. Elle continue aussi de se produire en tournée avec La Caravane Country (en compagnie d’artistes invités) et prépare un nouvel album country francophone avec Maxime Landry et Annie Blanchard.
Apprenez-en plus en visionnant l’entrevue!
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PHOTOGRAPHE : ANDRÉANNE GAUTHIER
STYLISME : CLAUDE LAFRAMBOISE