Je ne suis sûrement pas la seule à être bombardée de messages du genre «Si tu le veux, tu peux!», «Vis ta meilleure vie!» ou «Reprends-toi en main!»… Cette dernière expression me fait d’ailleurs lever les yeux au ciel. «Se reprendre en main» implique, d’une certaine façon, qu’on s’est d’abord trompé, qu’on a échoué, qu’on est tombé. Et puis après? Ça arrive de tomber. Ce moment au sol peut en être un d’introspection, de réflexion et d’une meilleure compréhension de notre état.
Mais aujourd’hui, il faut se relever vite pour faire un statut là-dessus. Ou bien on est puissante, ou bien on est vulnérable. Il n’y a plus vraiment de place pour vivre entre les deux. Moi, j’aime bien l’espace de travail personnel entre ces deux pôles. Et si se sentir puissante, en contrôle, en pleine possession de ses moyens n’était en fait qu’une surface? Nous ne sommes, après tout, que la somme de nos peurs, de nos rêves, de nos défis, de nos réussites, de nos peines, de nos joies, de nos échecs.
Avons-nous perdu contact avec nous-même en tentant à tout prix d’être une badass aux yeux des autres? Vivre jour après jour dans le regard et le téléphone intelligent d’autrui amène son lot de pression.
Et là-dessus, je ne suis pas meilleure qu’une autre. Je suis, moi aussi, accro à ce rectangle numérique au creux de ma main contenant toutes mes données, mes contacts, mon avoir et mon être, qui me connecte en temps réel à ma famille, à mes amis, à l’école de mes enfants, à mon appli de méditation, à mes meilleures recettes ainsi qu’au reste de la planète.
Dernièrement, sentant que je m’éloignais de mon essence et que je manquais de gaz, je me suis offert le grand, l’immense luxe d’une retraite en solo de 10 jours. Oui, 10 jours. Sans enfants ni mari. Je sais, 10 jours c’est beaucoup, mais je ne suis pas ennuyeuse.
Je visais une tranquillité absolue, avec pas d’appareils électroniques. Je pensais vivre un terrible sevrage. Or, cette coupure du monde s’est avérée un pansement sur mon âme. Du sucre à la crème sur mon système nerveux. Ne pas connaître l’opinion ni les commentaires de milliers de personnes m’a offert une quiétude instantanée.

Ceci est une reconstitution de ma retraite, car je n’avais pas mon téléphone!
Bien sûr, il y a eu ce petit vertige de me sentir soudainement seule, sans lumière ni tribune, sans compliments ni tapes dans le dos, mais ça n’a duré qu’un moment. J’ai marché en nature, beaucoup lu, mangé lentement, pris des bains chauds, des douches froides, savouré mon café au lever du soleil. J’ai pleuré aussi. Vous n’avez pas idée de la peine accumulée quand on ne prend pas le temps de la vivre. Tout ce temps juste avec moi. Sans likes et sans regrets. Un luxe, je vous l’ai déjà dit. Mon luxe à moi.
Je termine cette réflexion en vous faisant le plus beau des cadeaux: je ne vous dirai pas quoi faire. Je vous laisse le plaisir de vous découvrir vous-même. Au détour d’un moment passé avec la personne la plus importante dans votre vie. Que ça dure 10 jours ou seulement 10 minutes. Avec ou sans téléphone.
Câlin à vous toutes!
Guylaine
Guylaine Guay est une autrice, comédienne, humoriste et animatrice québécoise. Elle est aussi la marraine de la Fondation Véro et Louis – et mère de deux garçons vivant avec le trouble du spectre de l’autisme.
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