S ’amuser est un jeu d’enfant ? Oui et non. À 54 ans, malgré les épreuves et l’adversité qui m’a prise en affection, je reste convaincue que le cœur a besoin de la légèreté des fous rires, de l’abandon momentané des bienséances et des régals d’un buffet d’agrément.
Non mais quelle joie de s’esclaffer pour un rien, pour une maladresse ou une anecdote rigolote. Moi, un pet, ça me fait toujours me bidonner. Surtout les miens, car je mange beaucoup de légumineuses et j’ai matière à faire éclater… de rire, disons ! Rien qu’à l’écrire, un petit rictus apparaît au coin de ma bouche. Manifester de la gaité, ça déride. Car force est d’admettre qu’en vieillissant, les responsabilités, les routines, les soucis, les deuils et les peines qui s’accumulent peuvent empiéter sur le potentiel de plaisir de nos quotidiens pas toujours équilibrés.
Il me semble que le temps des Fêtes est le moment parfait pour laisser tomber la garde. Celle qui pense à tout. Tout le temps. Avec ma famille atypique, cette brèche de spontanéité se manifeste par de petites choses qui nous font un grand bien. Manger du gâteau pour déjeuner. Aller se promener en se racontant des souvenirs. Faire un petit feu à l’extérieur. Bon, mon Clovis reste seulement cinq minutes devant, mais c’est mieux que rien.
Ça fait longtemps que je sais que le bonheur ne porte pas de montre. S’offrir le présent en cadeau. Et quel cadeau ! Avoir le luxe d’être avec ceux qu’on aime. Se rappeler de celles et ceux qui ne sont plus assis à notre table. Ma sœur et mon père me manquent toujours autant. Leurs cendres respectives cohabitent sur le frigo à mon chalet. Chacun dans sa petite boîte décorée à leur image. Et pour ceux qui trouvent ça un peu bizarre comme lieu de dernier repos, moi, j’aime bien les avoir tout près. Quand je cuisine, ils gardent un œil sur moi.
Le soir du réveillon, ma famille et mes amis ont droit à un grand classique chez nous: le BINGO de Guylou ! Un bingo où chaque personne doit dessiner sa propre carte. Mon père, André, adorait ça ! Il avait une façon bien à lui de gribouiller les éléments sur la carte et c’était très, très divertissant. Chaque année, je ressors sa dernière carte de jeu, que je garde précieusement. La personne qui remporte une partie gagne aussi le privilège de jouer avec la carte de Papi au prochain tour. C’est souvent une carte chanceuse. Et ça garde l’amour bien vivant. Horizontal. Vertical. Ou carte pleine.
Je vous souhaite, le plus sincèrement du monde, du beau, du bon et du doux pour l’âme. Joyeux Noël et bonne année !
Guylaine, calleuse de bingo
La carte de bingo de Papi André
Photo : Mari photographe
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