Mea culpa. J’ai déjà partagé des photos de moi «avant-après». Oui, moi. Fervente guerrière de la diversité corporelle. Amoureuse des corps atypiques. Défenderesse de toutes mollesses et compagnie. Oui, moi.
Il faut croire que je m’étais laissé prendre au jeu des miroirs. Les réflexions sans réfléchir. Je me souviens de cette photo de moi, prise de profil, exposant un ventre gonflé et un regard qui disait que je pouvais faire mieux. Et juste à côté, l’autre photo de moi, toujours de profil, qui démontrait les bienfaits d’une cure de jus ou d’un quelconque changement de «mode de…». Fière d’avoir fait disparaître l’enflure d’une bedaine pleine de gluten, de parasites ou autres hontes.
J’ai comme une envie secrète de m’en justifier à l’infini, mais je ne le ferai pas. Je vais plutôt saisir cette opportunité pour me dire à moi-même : «C’est OK, Guylaine. À ce moment-là, tu avais besoin de montrer tes “efforts”, tes comportements acceptables “pour une grosse personne”.»
Je ne suis assurément pas la seule à l’avoir fait. Vous l’avez peut-être fait, vous aussi. Ou du moins, comme beaucoup de gens, vous avez regardé avec étonnement et trop d’intérêt ces milliers de photos «avant-après» qui défilent sur les réseaux sociaux. Comme une dentelle sociale martelant ce qui est valide. Le monstre de la culture des diètes se nourrit à même le gras de nos insécurités.
Buffet à volonté de nos attentes irréalistes. Deux assiettes bien pleines de nos culpabilités nappées de sauce minceur à tout prix. Ce festin de convictions douteuses laisse un goût amer dans la bouche. Un p’tit rot surette sur l’estime de soi.
J’ai récemment pris conscience de mes propres biais à propos de mon corps. De grâce, ne nous lançons pas de roches ni de patates au four quand on s’ouvre sur nos propres prises de conscience. Apprenons ensemble. Discutons. Aimons le changement.
J’ai récemment pris conscience de mes propres biais à propos de mon corps. De grâce, ne nous lançons pas de roches ni de patates au four quand on s’ouvre sur nos propres prises de conscience. Apprenons ensemble. Discutons. Aimons le changement.
J’ai publié ce genre de photos il y a plusieurs années. Bien avant ma cinquantaine. Ma LIBÉRATRICE cinquantaine, devrais-je dire. Celle qui me permet de vous raconter ça. Celle qui m’aura chamboulée par ses excès et carences hormonales. Celle qui aura changé mon corps. Celle qui me rappellera tous les jours que je n’ai plus 20 ans. Mais surtout, celle qui me soufflera à l’oreille que je suis toujours en vie.
Avant et après quoi, de toute façon ? Vive moi, tout entière, aujourd’hui. Droit devant, les filles !!!
Photo : Mari Photographe
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