Mes deux fils sont maintenant dans la vingtaine. Ça fesse! Ma mère, elle, a une fille dans la cinquantaine (moi). C’est dire comme le temps file…
Nos enfants sont les aiguilles sur l’horloge d’une vie. Les marqueurs des années qui s’envolent sans regarder derrière. Les repères temporels d’une chronologie qui ne demande pas la permission de prendre son temps rapidement. Cette roue qui tourne. Le grand manège de l’existence. Quelquefois, ça donne le vertige de voir grandir nos enfants. De bébé à homme à barbe. De gamin à jeune adulte avec un permis de conduire. Tout me fascine de cette aventure sur laquelle je n’ai que très peu de contrôle. Être parent, c’est lâcher prise tout en étant un guide. Véritable paradoxe de l’amour. Parfois, ça donne le vertige de se voir vieillir.
Tout me fascine de ma vie. Les beaux hasards. Les épreuves qui semblent insurmontables et que pourtant je surmonte. La gratitude comme un baume qui apaise les gerçures sur mon cœur. Les anges sans ailes apparentes qui, le temps d’une bonté, laissent une empreinte sur mon quotidien. Tout de cette vie me fascine. Le beau et le moins beau, que je tente de rendre quand même un peu beau.
Au retour de l’hôpital avec bébé Léo. J’apprivoisais, pour la première fois, mon rôle de mère.
Quand j’avais 20 ans, j’étais libre, déjà outrée par une multitude d’inégalités sociales. Et je ne peux pas dire que l’époque m’incitait à aimer ma chevelure d’un bouclé irrévérencieux. Je tentais de raidir mes cheveux comme on tente de gagner à la loterie. Les chances étaient minces d’obtenir le soyeux capillaire tant désiré!
Mes fils frisent autant, sinon plus que moi. Et je trouve ça magnifique. Tout me fascine d’eux. Le fait qu’aucun de mes enfants ne me ressemble vraiment. Léo est le portrait de son père, avec une pointe de ressemblance à mon père. Clovis, lui, a hérité de la beauté mystérieuse de ma sœur France. C’est bien moi qui les ai portés, mais on dirait une toile de famille.
C’est beau de voir toutes ces personnes dans le visage de mes propres enfants. C’est troublant d’amour. La générosité des gènes. Les traits qui veulent dire quelque chose. Raconter le passé et accueillir le futur. Comme une vie éternelle. La vie qui passe le relais à une autre vie. Le temps n’aura pas le dessus sur ces parcelles des autres qui font partie de nous. Plus de temps à perdre: vivons!
Avec mon Clovis, autiste non-verbal, qui m’enseigne que le langage de l’amour, c’est plus que des mots.
À PROPOS
Guylaine Guay est une autrice, comédienne, humoriste et animatrice québécoise. Elle est aussi la marraine de la Fondation Véro & Louis, et mère de deux garçons vivant avec le trouble du spectre de l’autisme.
Photo de Guylaine : Andréanne Gauthier
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