Durant la dernière année, j’ai fait beaucoup de ménage. J’ai commencé petit, avec le ménage de mes armoires de cuisine.
C’est fou cette accumulation, sans but précis, de boîtes de fécule de maïs, de bicarbonate de soude et d’épices qui datent de la précédente décennie. À la poubelle pour le contenu, au bac de recyclage pour les contenants. Et ce fameux tiroir du frigo qui accueille gousses d’ail, échalotes françaises, gingembre et tubercules en tous genres – au fait, il vient d’où, ce petit jus brunâtre qui trace une rigole qui ne me fait pas rire dans le fond du tiroir? Mystère et peau d’oignons!
Le ménage de ma garde-robe, lui, a été, ma foi, un exercice aussi libérateur que cardiovasculaire. Au moins 30 ans de vêtements, de souliers, de bottes, de chapeaux et d’autres accessoires jonchaient ma penderie trop bien garnie. Des robes trop petites, à garder au cas où je rentrerais dedans un jour. Des pantalons témoins d’une autre époque, d’une autre taille. Direction la friperie, où je suis certaine que chaque morceau trouvera un corps qui en a besoin.
J’ai rempli quatre gros sacs de mon passé. Ne me reste qu’une vingtaine de vêtements pour habiller mon présent.
Dans ce tourbillon de ménage, j’ai aussi trouvé des photos. Il est rare que je m’abandonne à la nostalgie, l’aujourd’hui m’habitant toujours plus que l’hier… Je suis tombée sur une photo de ma grand-mère Juliette, décédée alors que j’étais enceinte de mon Clovis. Elle vient souvent me visiter dans mes rêves. Je lui ressemble beaucoup. J’ai hérité de de son visage, de ses bonnes cuisses et de quelques-uns de ses bijoux. Cette photo de Juliette à la plage, riant aux éclats en s’amusant dans les vagues m’a instantanément remplie de joie. La joie franchit le temps. La joie transcende les départs.
Tous les hivers, mes grands-parents partaient en Floride. Lorsqu’ils revenaient au pays quelques mois plus tard, souriants et bronzés, ils rapportaient toujours avec eux quelques coquillages, des bouteilles de fort et des grosses poches remplies d’oranges. De la vitamine C pour tout le monde!
Jamais je n’avais mangé d’aussi savoureux fruits! À chaque bouchée, l’impression de croquer le soleil. Chaque quartier comme un voyage. Comme une vague chaude. Comme prendre la route vers un lever de soleil.
J’ai moi-même vu la mer pour la première fois à 18 ans, à Varadero. Je me souviens qu’une chanson du groupe The Cure jouait dans mes oreilles. Mon Walkman jaune dans une main, mon émerveillement dans l’autre. Devant l’immensité des possibles.
Des photos de moi plus jeune, m’amusant dans les vagues, traînent aussi dans mes albums. Peut-être qu’un jour, des plus jeunes encore les regarderont et comprendront à quel point j’ai été heureuse.
La vie est un beau voyage. Tantôt sucré comme une orange. Tantôt salé comme l’eau de la mer ou une larme.
Le temps passe vite, mes amis. Vivons, la mer est belle!
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