L’été m’émeut. Son vent chaud. Sa lumière. Son ciel et ses tableaux. Ses pluies, surtout. J’aime flâner sous la pluie. Quand tout le monde se met à l’abri, l’ondée m’appelle. Je me souviens du jour de mon 19e anniversaire. J’étais monitrice au Camp Bruchési et, accompagnée de quelques-uns de mes amis moniteurs, nous avions marché jusqu’au petit restaurant du village sous l’averse. Une heure à l’aller, une heure au retour. Un véritable déluge. Comme nous avions ri!
Jamais une frite n’avait été aussi savoureuse. Salée à souhait. Dorée à la perfection. Embrassée d’un peu de ketchup et d’un soupçon de vinaigre. Ça goûtait l’amitié. Ça goûtait la jeunesse. Ça goûtait l’été. Je parie qu’en ce moment même, vous avez envie de manger une frite. Est-ce que je me trompe?
Comme je suis née et que j’ai grandi à Montréal, mon accès à la nature était assez limité. À l’occasion, mon père nous emmenait, ma sœur et moi, en balade au parc Angrignon. Une fois, nous y avons piqueniqué. Rien de chic, pas de beau panier ni de nappe à carreaux rouges et blancs. Juste quelques sandwichs aux œufs, avec même pas de mayonnaise, mais de la sauce à salade et des cornichons, emballés dans un sac en plastique. Mais j’étais avec mon père et ma sœur, il faisait juste assez soleil et c’était délicieux.
En tant que citadine, c’est au Natatorium de Verdun que j’allais faire trempette. Je m’y rendais en autobus, le 10 Wellington, et ça coûtait 10 ¢ le passage. Le passage du temps, lui, était gratuit. Immense piscine, immenses souvenirs. Évidemment, toute journée caniculaire se terminait, ratatinée et rougie, par un Popsicle jaune à la banane. Lumineuse collation, lumineux souvenir.
Il y a quelques années, par un heureux hasard, nous avons fait l’acquisition d’un minuscule chalet dans les Laurentides. Pour une bouchée de pain, la mie de la vie. Mon refuge. Même pas rénové. Mon mari y travaille, sans échéance. Un toit, des poutres, un plancher inégal, des lits, une cuisinière pour faire du pop-corn à l’ancienne, un frigo sur lequel les cendres de mon père et de ma sœur ont élu domicile, des petites lumières de Noël au plafond, une toilette, un terrain, des arbres, un petit lac et juste ce qu’il faut d’amour et de café pour s’y sentir infiniment bien.
Nous l’avons nommé «Le domaine de la Providence», parce c’est ce qu’il est. Un cadeau. Mon havre de paix.
Allumer un feu, se baigner dans le lac, faire griller des courgettes et du saumon sur le barbecue, jouer à des jeux, manger de la crème glacée, partir en randonnée, faire une sieste, puis se baigner. Et manger encore de la crème glacée. L’été au chocolat. L’été à la vanille. Bon été à n’importe quelle saveur!
Guylaine xxx
Guylaine Guay est une autrice, comédienne, humoriste et animatrice québécoise. Elle est aussi la marraine de la Fondation Véro et Louis – et mère de deux garçons vivant avec le trouble du spectre de l’autisme.
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