Ça y est, j’ai 40 ans! Ça faisait des mois que je me sentais déjà appartenir à la quarantaine, mais c’est maintenant officiel : j’ai changé de décennie. Et je n’en ai jamais été aussi ravie.
Qui l’aurait dit? La quarantaine, que j’ai longtemps associée au début de la vieillesse! La quarantaine, en laquelle je voyais l’échéance ultime pour être entièrement satisfaite de ma vie (!), sans quoi il me semblait qu’ensuite, ce serait trop tard. Eh bien ces 40 ans, tant redoutés, je les accueille aujourd’hui les bras ouverts, car ils coïncident avec la plus belle période de ma vie jusqu’ici. Jamais je ne voudrais revenir en arrière. Ni à 30 ans, ni à 20.
Pour moi, la vingtaine a été une période d’exploration qui allait dans tous les sens. J’avais besoin d’intensité et d’expériences extrêmes, et j’aimais être bousculée. Pendant ces dix années, j’ai voyagé plus souvent qu’à mon tour, j’ai eu un amoureux de 24 ans mon aîné et un sideline de serveuse dans un bar de danseuses. Il fallait que ce soit wild, différent de la norme. De cette vingtaine, je garde l’ouverture à l’autre et la soif d’apprendre, et je continue à sortir de ma zone de confort pour mieux me dépasser. Mais dans mon ballot de 40 ans, je sais maintenant que mon bonheur ne se situe pas dans les extrêmes et qu’une vie plus normale, ben coudonc, c’est pas nécessairement plate!
Après ce tourbillon de la vingtaine, j’ai tenté, durant ma trentaine, de me poser quelque part, de trouver ma place, dans toutes les sphères de ma vie. Je ne voulais plus rien y laisser entrer qui n’était pas «la vraie affaire». Côté cœur, ça m’a bien servie. Après deux ans de célibat, bam! Le grand amour, trouvé, oh surprise, en un homme plus jeune que moi. Avec lui, la vie est devenue à la fois simple et extraordinaire. Côté professionnel, par contre, mon idéalisme m’a nui. À trop vouloir trouver ma place, comme si elle était unique, je n’ai pas su saisir certaines opportunités. J’ai mis tous mes œufs dans le même panier, dans des projets qui m’ont aussi beaucoup isolée. Non, ma trentaine n’a pas été la période d’effervescence professionnelle que j’avais projetée sur cette décennie, mais j’en ai tiré une capacité à apprendre de mes erreurs et à me relever. Comme on dit, tout le monde a droit à l’erreur, mais idéalement, pas deux fois la même! Dans mon ballot de 40 ans, j’ai davantage de force et de confiance en moi. Je sais que je n’ai pas une place, mais plusieurs. Et surtout, je sais que la vie est faite de cycles et que j’ai ce qu’il faut pour les embrasser.
Ainsi, serait-il possible que la quarantaine, souvent synonyme de crise existentielle, puisse aussi être une période merveilleuse? Il me semble que oui! Pour ma part, les crises existentielle, spirituelle et identitaire ont été jusqu’ici l’histoire de ma vie. Alors là, j’ai envie de rire, d’avoir du plaisir et de profiter de la présence de ceux qui me sont chers. Quasi au milieu de ma vie (si je suis chanceuse), quand je regarde en arrière, je trouve que je me connais juste assez pour ne plus faire n’importe quoi, alors qu’en avant, tout me semble encore possible. Et si, plus jeune, j’ai eu des rêves que je n’avais pas encore les moyens de réaliser, à 40 ans, je trouve que j’ai les moyens de pouvoir rêver.
Qu’en est-il, alors, de la naissance de mon fils, qui concorde presque pile-poil avec mon 40e anniversaire? Honnêtement, pour moi, il n’y avait pas de meilleur moment pour devenir mère. Ça me permet d’offrir à mon fils une vie plus équilibrée que jamais, et d’être une maman qui est bien dans sa tête et dans son corps. Je sais très bien ce qu’aurait pu être ma vie sans enfant, j’ai eu le temps d’y goûter. Si, plus tôt, mon regard se serait attardé à tout ce que cet enfant m’aurait empêchée de faire, à ce point-ci de ma vie, je vois surtout toute la dimension qu’il donne à ce que je fais. Pour la suite, je souhaite l’intégrer le plus possible à tout ce qui me tient à cœur, sachant que j’ai autant à lui transmettre qu’à apprendre de lui.
Bref, j’ose l’affirmer : mes 40 ans sont carrément une renaissance. Je relance les dés. Et j’ouvre grand les bras pour les 40 prochaines années.
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Photo : Bellava G Unsplash