En 2007, durant un voyage au Mali, son pays d’origine, Kadiatou est victime d’un accident de la route. La fillette de 11 ans est alors éjectée de la voiture et son bras est gravement brûlé par le frottement de sa peau sur l’asphalte. Elle est aussitôt transportée à Paris, où elle doit subir plusieurs chirurgies et greffes.
Une fois son état stabilisé, Kadiatou décide qu’il est hors de question pour elle de rater sa 6e année. Elle réussit à convaincre ses parents de quitter Paris pour faire sa rentrée scolaire au Québec. Ce sera toutefois une année académique intermittente, car le suivi médical exige des séances quotidiennes d’ergothérapie, sans compter d’autres greffes de peau, de nerfs, etc.
Neuf ans plus tard, Kadiatou se définit comme une jeune femme têtue, avec du caractère. Elle veut se donner les moyens de réussir, se prouver qu’elle n’a pas de limites. Après avoir travaillé un certain temps dans un restaurant McDonald’s, elle s’inscrit au concours Miss Afrique Montréal, se réapproprie son corps et apprend à s’aimer.
Aujourd’hui, elle avoue cependant avoir peut-être sauté quelques étapes, par exemple en se persuadant trop vite qu’elle avait totalement accepté sa différence. Car chaque été représente un défi pour elle. Les pulls à manches courtes et les petites robes légères dévoilent inévitablement son histoire… Et certains jours, le regard des autres est plus difficile à gérer. Néanmoins, la force de caractère de Kadiatou et la résilience qu’elle porte en elle lui ont permis d’avancer. «Tout le monde a des complexes, mais la vie est trop courte pour se cacher derrière, dit-elle. Qui sait ce qui peut arriver demain? Peut-être un événement plus grave que celui qu’a subi mon bras…»
Photo: Louise Savoie
Découvrez d’autres portraits de femmes dans le reportage « J’ai fait la paix avec mon corps », page 59 de notre magazine d’automne.
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