Il y a quelques années, lors de mon party de bachelorette, mes amis étaient allés acheter un gâteau pour moi à l’épicerie. Un beau gros gâteau, comme je les aime. Le préposé au comptoir des pâtisseries demande à mon ami Ianik ce qu’il voudrait voir inscrit sur le crémage. Tout de go, il lui dit: «Écrivez “BRAVO LA GROSSE!”». Ce à quoi le jeune employé a répondu: «Non, je ne peux pas faire ça…»
Évidemment que mes amis, au parfum de mon sens de l’humour unique, se doutaient bien que j’allais trouver cet énoncé hilarant. Devant la réticence et le refus du jeune homme, ils lui ont expliqué en long et en large qu’on se connaissait tous depuis plus de 20 ans, que j’avais un excellent esprit d’autodérision et qu’ils étaient vraiment contents que je me marie. Au bout de quelques minutes d’argumentation, un appel au chef pâtissier et deux ou trois fous rires, les gens de l’épicerie ont enfin accepté d’écrire «BRAVO LA GROSSE!» sur mon gâteau aux fraises de bride-to-be. Vous vous imaginez bien que mes copains ont eu beaucoup de plaisir à me raconter et à mimer cette anecdote! Et moi à vous la relater.
Pourquoi je vous raconte ça? Parce que «Oser être soi» est le thème du numéro que vous tenez entre vos mains. Et qu’être grosse est ma réalité. Et être drôle, aussi. Mais pas parce que je cache une immense tristesse liée à ma masse corporelle! Non, je ne suis pas un clown triste. Je suis cette fille qui rit de bon cœur quand ses amis lui présentent un gâteau avec une niaiserie écrite juste pour elle dessus. Oui, je suis grosse. Je suis aussi belle et brillante et créative et maternelle et bonne cuisinière et vulnérable et poche dans tous les sports et lumineuse et résiliente et bien dans ma peau et cinquantenaire et ridée et molle de partout… et plus encore. Je crois au principe d’être soi sans demander de permission à quiconque.
Et, by the way, dire «GROSSE», c’est OK. Ce n’est qu’un qualificatif parmi tant d’autres. C’est nous qui l’avons rendu laid. Négatif. Quand j’étais petite, on disait que j’étais «GRASSETTE» ou «GRASSE», et je détestais ça. «Grasse» comme une frite qui est restée dans l’huile pas assez chaude trop longtemps. Ark! «Grassette», comme un diminutif de grosse. Pas besoin d’en rajouter, c’était déjà assez réducteur! Je préfère de loin le mot «grosse», qui veut tout dire. Être grosse, oui, et puis après?
D’habitude, je ne donne jamais de conseils, car je n’ai rien d’une coach de vie, mais si ça peut aider quelques-unes d’entre vous, je me lance! Le secret de mon équilibre, c’est que je n’accorde que très peu d’importance à ce que les autres pensent de moi. Chaque fois que quelqu’un m’écrit un commentaire pas gentil sur les réseaux sociaux, mon réflexe est de penser à quel point cette personne doit être malheureuse. Quel gaspillage de vie que de cracher du venin sur tout ce qui bouge!
Moi, mon cœur est léger, mon corps a des ailes et j’ai la tête pleine de projets. Avoir du guts, c’est ma spécialité. «C’ÉTAIT UNE GROSSE GUTSÉE» sera sûrement écrit sur ma pierre tombale un jour. Je le dis tout de suite pour que celui ou celle qui gravera cette inscription soit prêt!