Les inondations
Les boissons énergisantes alcoolisées pour les jeunes
Haïti
Les #metoo et #balancetonporc
Charlie Hebdo et la liberté d’expression
Notre amour pour la France à la suite de l’attentat au Bataclan
Notre soutien envers la communauté gaie à la suite de la tuerie dans un bar gai d’Orlando
L’intimidation à l’école
Les problèmes de santé mentale et le suicide
La diversité corporelle
La sauvegarde de la planète
Le crucifix à l’Assemblée nationale
La fillette martyre
Le sort des femmes autochtones
Et j’en passe…
Systématiquement, quand un drame frappe, une vague de sympathie déferle dans les heures qui suivent. Mais après l’indignation collective, l’engagement minute des citoyens sur les réseaux sociaux, la couverture (lire: l’instrumentalisation) médiatique dans certains journaux et réseaux de télé et l’opportunisme de compagnies qui s’associent à un mouvement, que reste-t-il? Est-ce que les choses peuvent changer de façon durable ou si tout revient vite au traintrain quotidien dès qu’un nouveau scandale débarque sur Facebook ou Twitter, ce qui nous permet de redéchirer pour la xième fois notre chemise et de faire la démonstration de notre bonne conscience pendant 48 heures? Ma perception est peut-être complètement erronée, mais j’ai la triste impression qu’aussitôt qu’un drame devient «usé» par les médias (sociaux et traditionnels), on passe à un autre drame plus sexy et les victimes de l’ancien drame retombent dans l’oubli.
J’en ai franchement un peu marre de voir tout ce beau monde se garrocher sur les réseaux sociaux pour se positionner en défenseurs des bonnes valeurs. Parce que c’est important de donner RAPIDEMENT son opinion et de faire la démonstration de sa grandeur d’âme. Puis le temps passe, l’eau coule sous les ponts, nous nous habituons malheureusement au message… et revenons à la case départ.
Qui se préoccupe des problèmes liés à l’intimidation quand des personnalités publiques et des gens influents agissent en bullies sur les réseaux sociaux? Où sont les défenseurs de la liberté d’expression quand un chroniqueur qui avance des idées auxquelles nous n’adhérons pas se fait annuler une conférence qu’il devait donner? Comment se passe le boycott des boissons alcoolisées qu’on veut vendre aux ados? Dans six mois, qui va encore s’indigner pour les enfants de la DPJ? En 2020, combien de gars vont prendre la peine de corriger un collègue de travail ou un coéquipier dans le vestiaire de hockey lorsqu’il manquera de respect à une femme? Votre collecte de fonds pour Notre-Dame de Paris, ça avance bien? Ce drame toucherait énormément le Québec si je me fie à toutes vos photos devant ce monument. Ça vous inquiète encore, les dossiers à propos du port d’arme? Pourtant, vous sembliez secoués quand 51 personnes ont perdu la vie lors du drame de Christchurch… il y a seulement trois mois.
Précision importante: je ne dis pas que personne ne continue de mener ces combats. Il y a des milliers de gens qui militent dans l’ombre, mais ils et elles le faisaient bien avant ces drames. Ici, je parle surtout des «commenteux» minute. Les grandes gueules sur Facebook/Twitter/Instagram et nos médias qui marchandent le drame des autres sous le couvert de l’information. Des médias qui passent vite à autre chose… Vieille nouvelle: les gens sont tannés d’en entendre parler. On va donc se tourner vers le prochain scandale, l’aide médicale à mourir, la détresse psychologique des infirmières, les agriculteurs qui se tapent une sècheresse historique… Au fond, veut-on vraiment sensibiliser les gens et changer les choses ou gagner des parts de marché, vendre du papier, augmenter son nombre d’abonnés?
Lors du scandale entourant Éric Salvail, des dizaines et des dizaines de personnes m’écrivaient: «Tu ne t’es pas exprimé sur le sujet. T’as peur? Tu le défends?» Non, je ne le défendais pas, mais mon opinion aurait apporté quoi dans le débat? De quelle façon est-ce utile de voir un producteur, un animateur télé, une chanteuse, un humoriste ou une députée dire qu’il ou elle trouve ça terrible, de traiter un accusé de minable ou de partager une publication en le recouvrant d’émoticônes de tristesse? Ça donne quoi de s’exprimer devant de telles évidences?
J’ai juste envie de dire ceci: choisissez-vous une cause et défendez-la jusqu’au bout. Et si on faisait la différence dans UN dossier plutôt que de juste faire du bruit dans 112 autres?