Permettez-moi de revenir sur ma chronique Qui est Véronique Cloutier? publiée il y a quelques mois. Oui, oui, à l’image de certains commentateurs de quotidiens, je me réponds à moi-même. Je crée ma propre nouvelle et je fais mon propre suivi. L’ultime chambre d’écho, le meilleur moyen d’avoir raison.
Dans ce billet, donc, j’exprimais mon inquiétude de voir les jeunes se désintéresser de notre culture. Le propos a été repris à gauche et à droite, provoquant des débats très intéressants. J’en profite pour m’excuser auprès de mon épouse qui a vu son nom être repris à gauche et à droite, justement. Elle qui n’avait rien demandé était tout à coup bombardée de messages qui allaient de «Moi, je la connais Véro!» à «Mais on s’en câlisse-tu de la nunuche à Cloutier?» Les échanges sur les réseaux sociaux sont toujours si savamment nuancés! Le débat s’est malheureusement transformé en procès des jeunes. Et ce n’était pas mon intention. J’ai donc décidé de donner un peu d’amour aux «maudits jeunes». Juste un peu… pas trop. Parce que trop d’amour c’est cringe… Les déclarations d’amour random, c’est whack.
J’ai la ferme conviction que les jeunes d’aujourd’hui sont tellement plus éduqués, intelligents, outillés que nous l’étions. Et je ne vous parle pas de la génération de mes parents qui, bien souvent, avait à peine une 11e année et n’était jamais sortie d’un quadrilatère de 20 km2 avant l’âge de 30 ans.
Les jeunes, je les trouve beaux. Fier géniteur de trois enfants maintenant âgés de 20, 18 et 13 ans, je me retrouve à discuter avec eux et à devoir structurer mon argumentaire pour débattre avec des jeunes adultes qui ont accès à plus d’informations et de ressources. Oui, l’Internet est un outil riche et facile d’accès, mais le système d’éducation a lui aussi passablement progressé. Le cégep est beaucoup moins une simple phase de transition vers l’université ou une salle d’attente vers le marché du travail.
Les jeunes, je les trouve également organisés et travaillants, car le secondaire est devenu beaucoup plus exigeant qu’il l’était en 1990… sans compter que très peu de gars et de filles de ma génération pratiquaient des sports d’élite. Aujourd’hui, les programmes sports-études exigent une discipline que je n’avais pas à 14 ou 15 ans. Au final, les étudiants arrivent à 18 ans avec un coffre à outils beaucoup plus rempli que celui qui nous était fourni.
Les jeunes d’aujourd’hui sont plus enclins à partager leurs émotions et leurs états d’âme. Une panoplie de nouveaux spécialistes permettent maintenant d’identifier des lacunes et des troubles psychologiques ou mentaux. Si cette étape peut s’avérer lourde pour certains parents, dites-vous que ça évitera peut-être de générer une armée d’adultes qui s’auto-médicamentent avec de l’alcool et des drogues, tentant de combler un vide jamais expliqué. Les jeunes sont aussi plus empathiques, ouverts aux différences, respectueux des autres, incluant les immigrants et les diverses orientations sexuelles. On ne tolère plus des répliques du genre: «Ouin, mais c’est Gaétan… Y est de même, Gaétan… Y est pas méchant, dans le fond.» Non, tais-toi Gaétan*.
«Louis, tu sauras que les jeunes sont toujours devant leurs écrans.» Ouin… peut-être parce que c’est l’exemple que les parents leur donnent. Peut-être aussi parce que ça faisait bien notre affaire de leur mettre un iPad entre les mains au resto quand ils étaient petits. Les installer devant un film de Pixar nous permettait de travailler en paix. Faut donc pas s’étonner si c’est devenu leur réflexe. Et est-ce si grave? Rappelons-nous à quel point nos parents chialaient quand on passait des heures au téléphone. L’histoire se répète.
«Oui, mais Louis, les jeunes sont dépolitisés!» À ça, je réponds que la société est dépolitisée, blasée par des déceptions répétées. Ce qui interpellait les jeunes des années 1970, 1980 et 1990, c’était le projet de souveraineté. Et comme ce projet semble avoir rejoint les clubs vidéo au rayon des affaires qui avaient du sens dans les années 1980, les jeunes ont peu d’ancrage. Leur combat deviendra celui de l’environnement. Plus qu’un choix, ce sera une question de destin pour éviter de cuire à broil. Les jeunes devraient-ils être plus proactifs? Peut-être, mais c’est assez complexe pour eux de faire trembler un système économique qui vit dans un profond déni.
On devrait les aimer, nos jeunes. On s’accroche souvent à des exemples problématiques, oubliant que la grande majorité d’entre eux sont bons et bonnes, beaux et belles. J’ai l’impression que chaque génération chiale contre la précédente. Peut-être parce que la jeunesse nous confronte à notre propre vieillissement. Je laisserai cependant cette question aux sociologues.
*Désolé, les Gaétan. Je vous aime. Particulièrement Gaétan Boucher. C’est juste un prénom qui me fait rire, mais pas autant que Gaétane… Ça, c’est punché!
À PROPOS
Louis Morissette est auteur, comédien, humoriste, producteur, entrepreneur et mari de notre muse en chef.
Photo : Andréanne Gauthier
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