Le mot de Louis : C’est cool vieillir

24 Août 2023 par Louis Morissette
Catégories : Oser être soi
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À 50 ans, Louis Morissette admet que c'est cool vieillir !

Retour au 8 juillet dernier. Jean-Marc Parent doit présenter un spectacle pour les 25 ans du Festival d’humour de l’Abitibi-Témiscamingue. Le pauvre Jean-Marc fait une crise de pierres aux reins 48 heures avant sa prestation. Mes autres collègues sont en show, en vacances ou déjà programmés au cours de ce weekend de trois jours. À 21 h, le mercredi soir, alors que je reviens du golf, on m’appelle.

« Accepterais-tu de remplacer Jean-Marc vendredi soir ?

– Hein ??? Euh… Je suis encore en rodage.

– Ouin, mais les organisateurs aimeraient que tu viennes quand même. T’es pas venu à Val-d’Or depuis Les Morissette avec Véro, en 2016.

– Est-ce que mon fils Justin peut faire ma première partie ?

– Euh… j’imagine. Mais tu sais que ça va se passer dehors devant 5000 à 6000 personnes ?

– Ah ouin… Je peux prendre la nuit pour y penser ? »

Malgré la peur de voir des milliers de gens demander un remboursement, le défi me tente. La mère du dénommé Justin pense que je suis tombé sur la tête.

« Y’a 18 ans. Il commence. S’il se plante, tu vas détruire sa confiance.

– Mais chérie, je pense qu’il est vraiment talentueux. Ça va être une belle façon de voir ce qu’il a dans le corps.

– Pis toi, Louis ? Ton show n’est pas fini et il n’est pas fait pour être joué dehors. C’est trop intime comme propos.

– T’as peut-être raison. C’est ce qu’on verra. Tu viens ?

– Non. Je veux pas voir ce désastre. »

J’ai finalement accepté. Le vendredi matin, nous prenions l’avion pour Val-d’Or. Pour la première fois de mes 27 ans de carrière, un de mes enfants était mon collègue sur la route. Et j’ai trouvé l’expérience magique. Vivre la tournée avec mon fils amenait un éclairage nouveau sur mon métier. J’ai adoré prendre le temps de lui communiquer quelques trucs de base comme la préparation d’avant-show, l’alimentation, comment se comporter avec les employés, les bénévoles, les spectateurs d’un événement. Comment devenir un professionnel, finalement. Même quand, dans un bar après un spectacle, une femme qui n’a pas aimé ma sortie contre les conspirationnistes* vient se planter devant moi pour m’insulter. Négocier avec ce type de situation fait partie de la vie des artistes et j’étais content que Justin voie qu’on ne peut pas faire l’unanimité.

Cette soirée du 10 juillet restera marquée dans nos mémoires. Parce que c’était fou. Parce que Véro avait raison, c’était risqué. Mais au bout du compte, j’avais raison aussi : il a du talent et du chien, le petit Morissette. Même que 15 minutes avant le spectacle, c’était lui qui regardait son vieux père se liquéfier dans sa loge…

« Es-tu correct papa ?

– Oui, oui. Toi ?

– Oui ! Ça va bien aller papa. Le public est super respectueux, ils écoutent. Ça va marcher, ton show. »

Mon collègue me redonnait confiance. Sur le même ton que je l’avais fait avec lui à l’école, au hockey, en spectacle. Résultat : Justin a été extraordinaire et mon show s’est aussi très bien déroulé. Le public de Val-d’Or a été d’une extrême générosité, faisant ravaler ses paroles à Véro (ha ! ha ! ha !).

En parallèle, Delphine, qui s’est récemment inscrite en gestion à l’université, a eu le privilège d’être interviewée par une journaliste de La Presse dans le cadre de la promotion de la comédie musicale Hair, spectacle auquel elle participe. Ma grande fille lance à la journaliste qu’elle aimerait travailler avec moi plus tard comme productrice. J’étais flatté et ému de lire qu’elle se projetait avec moi comme patron-collègue. D’autant que c’est un souhait réciproque de la voir maximiser son potentiel de gestionnaire.

Quelques jours plus tard, le 19 juillet, je fêtais mes 50 ans. Je m’en confesse : je n’aime pas vieillir, je n’aime pas réaliser que le temps passe et que j’entre dans la phase où je vais perdre des parents, des ami(e)s, des collègues. Mais comme je ne peux rien y changer, le seul contrôle dont je dispose est de m’assurer de passer les prochaines années en étant le plus heureux et serein possible. Les gens qui se victimisent me tapent sur la rate, alors première étape, mon ti-Lou : éviter de bougonner et voir le beau côté des choses. Comme de pouvoir aider mes grands enfants à se réaliser et être un témoin privilégié de leur fulgurante évolution. Être aux premières loges pour les épauler et les encourager. Juste pour ça, c’est cool vieillir.

 

* Les maestros de la haine au sujet de mon billet paru dans le numéro d’été 2023 de VÉRO. Mettons qu’ils ont bien mis en action ce que je décrivais…

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  1. Stéphanie Dupuis dit :

    Ça fait du bien de parler de ce qui est beau avec vieillir pour mieux vivre avec ce qui est chiant. Comme quoi quelque chose de pas cool peut l’être quand on y regarde de plus près. À l’aube de mes cinquante ans, je ne trouve pas ça simple non plus d’apprécier le fait de vieillir. Mais ce n’est pas comme s’il y avait une alternative… à part de mourir.

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