C’est l’hiver, il fait froid, il fait noir tôt. Mais j’arrive tout de même à trouver de la beauté dans ces mois au climat d’ours polaire. J’aime la neige blanche, l’air froid qui donne l’impression de nettoyer nos poumons.
Vraiment, je vis bien avec nos quatre saisons. Malgré ce beau préambule météo, comme bien des gens, je sors moins durant l’hiver. Après une grosse journée de travail, je suis toujours pressée de rentrer à la maison pour enfiler mon pantalon de jogging le plus confo et mon kangourou le plus laid. C’est dans cet esprit que j’ai choisi de faire mon coming out. Notre devise est bien toujours OSER ÊTRE SOI dans ce magazine? Oui? Parfait. Je largue une bombe: JE SUIS UNE CHOKEUSE. Car je flushe souvent mes activités sociales au profit de mon linge mou.
On le dit, on le lit, on le sent, on le vit: tout le monde étouffe sous la pression et la charge mentale. Nos semaines sont remplies de «il faut que» et de «je dois». On court partout, on s’essouffle, on «anxiète» et on «burnoutte». Je réclame donc le droit de faire vraiment ce que je veux de mes temps libres.
Travailler fort, se dépasser, donner une bonne éducation à nos enfants, s’occuper d’un proche malade, être performant et très occupé: OK, je veux bien. Mais se sentir obligé de sortir pour souper, d’aller dans un shower ou de jouer au bowling? Non.
Le problème avec la vie sociale, c’est que la plupart du temps, quand on accepte une invitation, on en a sincèrement envie… puis la fameuse date arrive, on est fatigué/préoccupé/ enrhumé, et l’idée de manger au resto se transforme alors en boulet.
J’ai donc décidé, il y a quelques années, qu’il était tout à fait sain de me choisir. C’est encore un apprentissage pour moi, parce que dire non, c’est difficile. Refuser de voir quelqu’un qu’on aime… SANS MENTIR… c’est pire. «Je suis fatiguée, je préfère rester à la maison» n’est pas une raison valable pour tous. Mais je travaille fort là-dessus.
J’ai testé quelques collègues à ce sujet: toutes étaient d’accord sur le fait qu’on devrait pouvoir annuler un souper sans se sentir coupable. Et l’inverse est tout aussi vrai: se faire choker ne nous dérange pas du tout (même que souvent… on le souhaite!).
Mon époux adoré, par contre, était outré. Pour lui, si on s’est engagé, on se présente. Ce à quoi j’ai répondu: «On ne parle pas ici de terminer sa session d’université, là… On parle d’aller manger un spaghat’!»
J’espère secrètement que vous avez choké une soirée pour me lire dans votre bain.
Bonne lecture!
Photo: Andréanne Gauthier
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Ce texte provient du numéro HIVER 2020, présentement en kiosque. Abonnez-vous dès maintenant!