L’édito de Véro: confidences d’une chokeuse

09 Jan 2020 par Véronique Cloutier
Catégories : Oser être soi / Véro-Article
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Dans son édito du numéro hiver 2020, Véro nous explique de façon déculpabilisante pourquoi il lui arrive de choker!

C’est l’hiver, il fait froid, il fait noir tôt. Mais j’arrive tout de même à trouver de la beauté dans ces mois au climat d’ours polaire. J’aime la neige blanche, l’air froid qui donne l’impression de nettoyer nos poumons.

Vraiment, je vis bien avec nos quatre saisons. Malgré ce beau préambule météo, comme bien des gens, je sors moins durant l’hiver. Après une grosse journée de travail, je suis toujours pressée de rentrer à la maison pour enfiler mon pantalon de jogging le plus confo et mon kangourou le plus laid. C’est dans cet esprit que j’ai choisi de faire mon coming out. Notre devise est bien toujours OSER ÊTRE SOI dans ce magazine? Oui? Parfait. Je largue une bombe: JE SUIS UNE CHOKEUSE. Car je flushe souvent mes activités sociales au profit de mon linge mou.

On le dit, on le lit, on le sent, on le vit: tout le monde étouffe sous la pression et la charge mentale. Nos semaines sont remplies de «il faut que» et de «je dois». On court partout, on s’essouffle, on «anxiète» et on «burnoutte». Je réclame donc le droit de faire vraiment ce que je veux de mes temps libres.

Travailler fort, se dépasser, donner une bonne éducation à nos enfants, s’occuper d’un proche malade, être performant et très occupé: OK, je veux bien. Mais se sentir obligé de sortir pour souper, d’aller dans un shower ou de jouer au bowling? Non.

Le problème avec la vie sociale, c’est que la plupart du temps, quand on accepte une invitation, on en a sincèrement envie… puis la fameuse date arrive, on est fatigué/préoccupé/ enrhumé, et l’idée de manger au resto se transforme alors en boulet.

J’ai donc décidé, il y a quelques années, qu’il était tout à fait sain de me choisir. C’est encore un apprentissage pour moi, parce que dire non, c’est difficile. Refuser de voir quelqu’un qu’on aime… SANS MENTIR… c’est pire. «Je suis fatiguée, je préfère rester à la maison» n’est pas une raison valable pour tous. Mais je travaille fort là-dessus.

J’ai testé quelques collègues à ce sujet: toutes étaient d’accord sur le fait qu’on devrait pouvoir annuler un souper sans se sentir coupable. Et l’inverse est tout aussi vrai: se faire choker ne nous dérange pas du tout (même que souvent… on le souhaite!).

Mon époux adoré, par contre, était outré. Pour lui, si on s’est engagé, on se présente. Ce à quoi j’ai répondu: «On ne parle pas ici de terminer sa session d’université, là… On parle d’aller manger un spaghat’!»

J’espère secrètement que vous avez choké une soirée pour me lire dans votre bain.

Bonne lecture!

Ce texte provient du numéro HIVER 2020, présentement en kiosque. Abonnez-vous dès maintenant!



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  1. Christine Boivin dit :

    Salut belle dame !

    En te lisant, il s’est passé une chose bizarre….de la femme parfaite que je percevais de ton personnage public, tu es devenue une femme très humaine à mes yeux. Disons que tu ne faisais pas partie des personnes publiques que j’appréciais. Bien au contraire, je me disais qu’il y avait une ou plusieurs failles mais que tu ne les dévoilerais jamais par peur de perdre l’amour du public.
    Pourtant ce matin, en réalisant qu’on avait un trait en commun, une faille qui peut en débouter plusieurs dans notre société de performance à l’agenda bien rempli, cela a changé.
    Car il faut bien se le dire, c’est un trait de caractère qui est perçu très négativement dans notre société. Donc, je suis une chokeuse depuis des lustres mais je me suis rendue compte que je me suis choisie depuis longtemps. Que c’est probablement ce qui fait de toi la femme resiliente que tu es devenue !
    Ta vulnérabilité m’a touchée, comme si tu venais de faire tomber la première pierre de ton mur d’artiste adulée du public pour nous donner une petite idée de l’être humain, pas parfaite, qui vit sous cette image lustrée et peaufinée.
    Le préjugé qui m’habitait et te concernant vient de s’évaporer comme la rosée du matin sous le soleil ardent de ce midi chaud de printemps tardif et confinant.
    Merci belle dame !

    Christine ???

  2. Louise dit :

    Bravo, je suis aussi du genre à dire oui et en prendre plus que la commande…expression d’une fille qui a été souvent surchargée.J’ai appris à dire non et à penser à moi.

  3. Marc Girouard dit :

    Wow! Vraiment là, tu me jettes à terre! Sincèrement MERXI! J’ADORE… Je vais vraiment voir les choses de façons très différentes maintenant. Wow! Une jolie et douce claque en pleine poire. Loll Merci, ça ouvre les yeux sur pleins de petites situations des plus banales. Bonne soirée! xx

  4. Amélie Charbonneau dit :

    Omg ton article est tout à fait de circonstance.. j’ai justement un souper au resto ce soir et je suis enrhumé ??? mes la bonne nouvelles c’est que ma gang de fille , nous sommes full compréhensive et personne ne se force jamais ! Vive là mi – quarantaine et l’affirmation de soi ! Alors ce soir je chock ?

  5. Frédéric Dupéré dit :

    Ayant de gros taits TSA je dois me botter le derrière sinon je ne sortirais jamais de chez nous, et comme les invitations ne pleuvent pas, je me force, mais je finis toujours par être content de l’avoir fait!!

  6. Johanne Girard dit :

    Moi, je suis comme Louis : je n’y arrive pas. Quand on s’est engagée, pas le choix, il faut y aller! Mais je voudrais bien apprendre à dire non sans me sentir coupable! Ou alors, sans inventer une excuse davantage passable que la vérité : je suis fatiguée.

  7. Chantale Dominique dit :

    Oh ma belle Véro ! Que j’aime ton article ! Après une dépression majeure avec trouble anxieux je dois te dire que j’ai appris à me choisir 😉 pour 2020 je le souhaite à tout les gens de se choisir, ça fait du bien !

    Merci
    Chantale

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