Comment vis-tu ton ascension au sein du star-système québécois, Coco ?
Ça se passe bien. Je grimpe tranquillement vers le haut – ce sont tes mots, pas les miens – et je suis contente que ça se fasse doucement. Avant, je ressentais une certaine jalousie envers les gens qui avaient beaucoup de succès dès leurs débuts, mais je me rends compte aujourd’hui que ça n’aurait pas été bon pour moi. J’ai besoin de temps pour comprendre les affaires, autant dans la vie que dans le métier. Ça fait quand même du bien d’être vue sur de plus en plus de plateformes, mais j’espère ne jamais devenir déconnectée et toujours conserver de belles valeurs… tout en avançant dans ma carrière.
Parlant de valeurs et de convictions, comment décrirais-tu ton militantisme intersectionnel ?
Je ne sais même pas si mon humour est militant. Je ne fais que m’exprimer sur mes réalités plurielles. C’est compliqué, l’intersectionnalité, parce qu’on ne comprend pas nécessairement tous les liens qui existent entre chacune des facettes de notre personnalité. Est-ce que la partie de moi qui est atteinte d’un TSA influence le fait que je suis grosse ou pansexuelle ? À un certain degré, sûrement. À force de porter tous ces chapeaux – et j’espère qu’il n’y en aura pas d’autres dans le futur, parce que ça commence à faire beaucoup – je remarque davantage les connexions entre ces multiples facettes.
Un diagnostic de TSA, surtout chez les femmes, entraîne souvent beaucoup de camouflage social, aussi appelé masking. Te reconnais-tu dans ce comportement ?
Oh mon Dieu ! Je suis sûrement la personne qui fait le plus de masking dans le monde ! Quoique je ne peux pas vraiment dire ça, parce qu’il y a sûrement plein d’autres personnes qui en font et on ne s’en rend pas compte tellement elles sont douées ! J’apprends énormément par mimétisme. Mon identité profonde n’est pas basée sur celle des autres, mais des fois, je remarque un point positif chez quelqu’un et je me dis: «Ça, c’est un bon outil, je dois l’adopter !» J’ai aussi appris à faire plaisir aux gens en tentant d’être le meilleur miroir possible d’eux-mêmes ou en essayant d’accoter leur énergie. Je ne me dénature pas, ça reste toujours moi, mais je me demande vraiment comment faire pour arrêter ce mimétisme, parce que ça devient épuisant de faire ça ! (rires) Aussi, juste pour que tout le monde comprenne bien, regarder quelqu’un dans les yeux, pour moi, c’est vraiment bizarre parce que je vois son visage en entier quand je le synthétise dans mon cerveau, alors que la convention veut que je fixe un élément spécifique du visage… Dans mon cas, c’est pas naturel !

Tu dis souvent que tu es un livre ouvert, mais réussis-tu quand même à garder privée une partie de ta vie ?
Oui, mets-en ! Et comme je n’ai pas de filtre, je vais te dire tout ce que je garde pour moi ! (rires) Je respecte beaucoup les gens qui m’entourent. Ils n’ont pas demandé que je devienne une artiste et que je parle de leur vie sur scène. Pour moi, leur consentement est primordial. C’est pour cette raison que beaucoup de mes numéros sont axés sur moi-même. Le reste, je le vis avec mes proches et ça nous appartient. Si jamais je vais sur un tapis rouge avec quelqu’un, le public ne connaîtrait pas le rôle de cette personne dans ma vie. Je n’en vois pas la pertinence, mais je me laisse le droit de changer d’opinion là-dessus.
Tu as arrêté de boire avant la pandémie. Qu’est-ce qui t’a incitée à prendre cette décision ?
Quand on participe à une soirée d’humour, on se fait offrir deux consommations gratuites par show, et moi, je n’ai jamais été très bonne pour dire non. Je les prenais sans même me questionner sur le fait que je buvais au minimum deux bières presque chaque soir. Il y a beaucoup de gens sur le spectre de l’autisme qui ont des addictions, parce que l’alcool et les drogues les aident à socialiser. Ça nous permet presque d’être une personne neurotypique pendant un instant. J’ai réalisé il y a quatre ans que la consommation ne «fittait» juste plus avec le style de vie que je souhaitais avoir. J’ai appris comment m’amuser sans boire et je ne retournerais pas en arrière.
SES ACTUS
Coco Belliveau est en rodage cet automne pour un spectacle qui verra le jour au cours de la prochaine année.
Photo : Andréanne Gauthier
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