Régine, qu’avez-vous appris à propos des enfants noirs du Québec durant les audiences de la commission?
Des chercheurs sont venus nous dire, chiffres à l’appui, qu’il y a une surreprésentation des enfants noirs à la DPJ. Le taux de placement est cinq fois plus élevé chez les enfants noirs que chez les enfants blancs, et le taux de signalement pour les enfants noirs est de 30 % à Montréal, alors qu’ils sont loin de représenter 30 % de la population! Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
Qu’est-ce qui explique cette surreprésentation?
Les chercheurs nous ont dit qu’il y avait une méconnaissance de la part des intervenants, qui n’ont pas reçu de formation sur la réalité des familles noires qui débarquent au Québec, sur leur culture, sur les traumatismes de l’exil et de l’immigration qu’ils ont vécus. On parle donc d’une discrimination systémique par méconnaissance, parce que l’interprétation des intervenants se fait selon leurs propres valeurs. Ça peut donc expliquer cette surreprésentation, parce qu’il est impossible que 30 % des familles noires soient incompétentes.
Quelles sont les solutions envisageables?
Il faut qu’il y ait un partenariat obligatoire avec les organismes communautaires de proximité pour accompagner la DPJ quand il y a un signalement. Ces organismes ont déjà la confiance des familles; ils ont donc le bon langage pour leur faire comprendre ce qui est en train de se produire, pour les aider à passer au travers de la crise et pour les accompagner dans leur parentalité. Ça permettrait à ces familles-là de garder espoir, d’être accompagnées et non jugées, et ça diminuerait les préjugés selon lesquels la DPJ fait juste arracher les enfants aux familles.
Son actu
Cet automne, Régine consacre tout son temps aux travaux de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, dont elle remettra les recommandations au gouvernement d’ici la fin de l’année 2020.
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Photos: Andréanne Gauthier