Rencontre avec Élyse Marquis

07 Août 2017 par Laurie Dupont
Catégories : Oser être soi
Icon

Élyse Marquis fait un retour attendu à la télé en reprenant la barre de la très populaire compétition culinaire Les Chefs! Même s'il s’agit d'un projet qui la ravit au plus haut point, l'animatrice voit maintenant sa carrière d'un tout autre œil.

C’est par un frisquet et lumineux matin de printemps qu’Élyse et moi nous rencontrons pour cet entretien. Bien que le café où nous sommes attablées soit bondé de travailleurs acharnés et d’amies loquaces venues faire le point sur leur vie respective, j’’ai l’’impression d’’être seule avec Élyse. Comme si une bulle s’’était automatiquement aussitôt créée autour de nous. Son regard planté dans le mien, elle répond à chacune de mes questions avec une franchise désarmante.

«Après avoir cessé de travailler pendant quelques années, raconte-t-elle, j’ai fait une entrevue avec un journaliste culturel pour lui parler de mes nouveaux projets. Il m’a demandé pourquoi ça faisait quatre ans qu’on ne m’avait pas vue à la télé. Je lui ai simplement avoué que le téléphone n’avait pas sonné. Tu aurais dû voir la réaction du journaliste: il était tellement surpris que je ne lui dise pas que je sortais d’une “période de réflexion”! (rires) Moi, j’aime la vérité. Elle me libère beaucoup.» Alors… place à toute la vérité!

Dès les premières minutes de notre échange, je replonge l’animatrice dans de précieux souvenirs pour elle, soit ceux qui entourent sa participation à l’émission Les Chefs!. Élyse se remémore d’abord la fin de cette aventure qu’elle a tant chérie: «Après qu’on a eu tourné Les Chefs! –  La Revanche, qui réunissait les aspirants-chefs des années précédentes, la directrice des variétés de Radio-Canada m’a délicatement laissé savoir qu’on avait atteint la fin d’un cycle et qu’il était possible que l’équipe soit changée.»

Alors quand Élyse apprend, quelques mois plus tard, la venue d’une nouvelle mouture, elle ne tombe pas des nues. Elle vit le deuil de sa «belle gang». Doucement, elle ferme le livre. Puis, le scénario le plus improbable qui soit lui est servi sur un plateau d’argent: l’émission Les Chefs!, aura l’occasion de renaître de ses cendres.

Cet appel du second souffle, Élyse s’en souvient encore. Elle était à bord de sa voiture lorsque la sonnerie de son téléphone a retenti. À l’autre bout de la ligne, elle reconnait la voix de la productrice Nancy Charest, qui lui annonce la nouvelle de but en blanc: on souhaite le retour en ondes de la compétition culinaire préférée des Québécois. Incrédule, Élyse la bombarde de questions: «Es-tu bien certaine? Ce sera exactement la même formule? Les décideurs de Radio-Canada savent-ils que tu m’offres l’animation?» Lorsqu’elle entend trois «oui» consécutifs, elle réalise qu’il n’a s’agit pas d’une mauvaise blague, mais d’une opportunité inouïe. «J’ai ressenti la même joie qu’un enfant qui apprend qu’il n’y aura pas d’école à cause d’une tempête de neige! C’est exactement comme de gagner à la loto! Cette deuxième chance, je ne l’espérais pas, alors je crois que je vais en profiter encore plus!» Parions que les téléspectateurs l’apprécieront tout autant.

MAMAN AVANT TOUT

En discutant avec Élyse le temps d’un grand cappuccino qui s’étire, je réalise que sa fille occupe une place primordiale dans sa vie. Elle ne s’en cache pas, d’ailleurs. Tout ce qu’elle choisit de faire (ou pas) tourne autour du bien-être d’Alice.

On se souviendra que la jeune maman qu’elle était avait décidé de mettre son métier d’animatrice en veilleuse afin de se dédier entièrement à sa fille durant ses premières années de vie. Avec du recul, choisirait-elle encore cette avenue? «Oui, certainement, même si c’est vrai que ç’a changé ma trajectoire de carrière. Mais je ne le regrette pas. J’aime avoir un juste équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle. Si tu ne te définis que par ton boulot et que tu ne travailles pas, ben, tu n’es rien. Dans l’ordre, je suis une maman avant tout, puis une fille, une amie, une femme (dans le sens amoureux du terme) et une animatrice. Mais là où j’ai le plus de fun, c’est dans mon rôle de mère.»

À voir ses yeux brillants et son sourire sincère, impossible de douter de ce qu’elle avance. «Alice, c’est ma relation la plus importante. Il y a beaucoup d’amitié entre nous, tout le contraire de ce que les livres recommandent.» (rires) Après un bref silence, elle ajoute: «On entend souvent des parents dire qu’ils n’ont pas été assez présents pour leur enfant, mais moi, ça ne sera jamais mon cas. Je crois qu’il faut simplement être en accord avec qui on est.»

Parce que pour être présente auprès de sa fille, Élyse l’est à 100 %. L’an dernier, lorsqu’Alice a décroché le rôle de Jane Banks dans l’impressionnante comédie musicale Mary Poppins, la maman s’est embarquée autant que sa fille dans le projet… même si elle n’y croyait pas tant que ça au départ. «Plus les auditions – ouvertes à tous – approchaient, plus Alice insistait pour poser sa candidature. Elle l’a soumise, mais comme elle n’avait jamais suivi de cours de danse ni de chant, je n’étais pas très optimiste. Finalement, je la sous-estimais peut-être un peu, car après plusieurs rondes d’auditions, elle a obtenu le rôle. Inconsciemment, je suppose que je la protégeais, car je sais à quel point c’est exigeant. Alice l’a aussi constaté: elle a dû jouer alors qu’elle avait de la fièvre, avec une cheville foulée, mais elle n’a jamais abandonné. Elle était vraiment à sa place.»

La maman de 48 ans évoque certaines répétitions de la comédie musicale avec une telle précision qu’on croirait qu’elle y a tenu un rôle. En fait, c’est tout comme. «Je n’ai manqué aucune représentation, déclare-t-elle. J’étais dans la salle CHAQUE soir. Je peux te jouer le spectacle au grand complet.» J’ai beau être une mère moi aussi, j’en reste bouche bée. Un seul mot me vient en tête, une interrogation muette que mes yeux écarquillés ont dû lui exprimer, car elle le devine: «Pourquoi? Parce que je suis mère poule. Si jamais il lui arrivait quelque chose, je serais là.» Voilà. Tout est dit.


LE BONHEUR EN SOLO

À la blague, je demande à Élyse si elle sait ce que qui apparaît en premier lorsqu’on tape son nom sur Google. «Jamais je ne googlerai mon nom, jamais!», s’exclame-t-elle en s’esclaffant. Elle semble tout aussi surprise que moi, au moment où je préparais notre entrevue, d’apprendre que c’est encore sa séparation d’avec Marc Déry, survenue il y a presque quatre ans, qui trône au sommet des recherches. Avouant qu’elle en a très peu parlé jusqu’à maintenant, Élyse concède qu’il est peut-être temps de vider la question.

«Avant notre rupture, je pense que ça faisait déjà quelques années qu’on était plutôt des amis, Marc et moi. Alors, quand on s’est laissés, il n’y a pas eu de déchirements, sauf lorsqu’on pensait à Alice.»

On ne s’étonne pas que ces deux parents attentionnés aient tout fait pour que leur fille souffre le moins possible de leur décision. Cela dit, ils n’ont malheureusement pas pu contrôler la machine médiatique qui s’est rapidement emparée de leur histoire. «J’ai trouvé ça dur, car on n’avait donné que très peu d’entrevues sur notre couple ou notre famille… Si ça n’avait pas été d’Alice, qui était en âge de lire les pages couvertures des journaux à potins, ça m’aurait certainement moins dérangée. Je me disais que ça finirait par passer… mais notre séparation a été davantage médiatisée que nos 16 années de vie commune!»

Maintenant que le vent de la tempête souffle loin d’eux, tout se déroule dans l’harmonie au club des ex. «On ne reviendra pas ensemble, mais on s’entend vraiment bien, mentionne Élyse. J’ai cinq amis sur qui je peux compter et Marc en fait partie. Quand j’ai des décisions importantes à prendre, il sait bien me conseiller. Souvent, on s’appelle lui et moi sans que nos conversations aient forcément rapport avec Alice.» Et comment la jeune adolescente s’acclimate-t-elle à sa nouvelle vie? «On n’a pas de garde préétablie, du genre une semaine chez maman, l’autre chez papa. On fonctionne plus comme ça adonne ou comme Alice en a envie, vu qu’on habite près l’un de l’autre, son père et moi. Même si ce n’est pas la situation idéale pour notre fille, elle a passé à travers la séparation plus facilement que je le pensais.»

Devant tant de sérénité, j’imagine – à tort, je l’apprendrai bien assez vite – que la femme assise devant moi est prête à s’engager dans une nouvelle relation amoureuse. Oh que non! Célibataire et heureuse de l’être, elle ne semble pas pressée de rencontrer quelqu’un. «Ça ne me manque pas du tout d’être en couple, au contraire! affirme-t-elle avec conviction. Je ne sais pas où je placerais une relation amoureuse dans mon emploi du temps. Je vois mes amis, mes parents et ma fille, bien sûr, et je me sens vraiment bien.»

La Cupidon en moi ne peut s’empêcher de lui mentionner que l’amour est parfois irrationnel et qu’il peut frapper lorsqu’on s’y attend le moins. Élyse empoigne ma flèche au vol et rétorque du tac au tac: «Je n’ai pas fait une croix définitive sur ma vie amoureuse, mais si un homme qui s’intéresse à moi m’offre d’aller prendre un café, c’est clair que je vais décliner son invitation. Je n’ai plus envie d’être dans la séduction. Et si quelqu’un me tombait dans l’œil, il me semble que je détournerais le regard, simplement parce que ce serait moins de trouble! (rires) Peut-être que le jour où je m’occuperai moins de ma fille, ça me manquera, mais ce n’est vraiment pas le cas pour l’instant.»

Photo: Andréanne Gauthier

 

Lire aussi:
En rafale: 8 questions à Élyse Marquis
En rafale: 15 questions à Magalie Lépine-Blondeau
Rencontre avec Magalie Lépine-Blondeau



Catégories : Oser être soi
1 Masquer les commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de courriel ne sera pas publiée.

  1. Danielle dit :

    J’ai beaucoup aimé l’entrevue Elyse semble une femme accomplie et autonome avec les deux pieds sur terre. Elle a de belles valeurs et j’étais bien contente de la retrouver à l’animation des Chefs.

Ajouter un commentaire

Magazine Véro

S'abonner au magazine