Sophie Faucher: magnifique et audacieuse

01 Oct 2020 par Claudia Larochelle
Catégories : Culture / Oser être soi
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Magnifique et audacieuse, cette battante n’attend jamais après les autres. Elle empoigne la vie, la pleure, l’embrasse. Elle se met en marche, joueuse et toujours touchante de vérité.

Sophie, vous êtes beaucoup tournée vers les autres. Vous aimez les gens, allez vers eux avec une réelle sincérité. L’altruisme a été présent tout au long de votre vie et aussi pendant le confinement, au cours duquel vous n’êtes pas restée assise à vous tourner les pouces… Je me suis engagée de manière bénévole au sein de la branche québécoise du mouvement Au creux de l’oreille, une initiative née en France avec Wajdi Mouawad. Ça consiste à jumeler un artiste avec un foyer pour une rencontre téléphonique, durant laquelle l’artiste lit des textes au creux de l’oreille de la personne ou des gens qui en ont fait la demande. Mais si je donne, vous savez, je reçois aussi, ne serait-ce qu’avec des collègues comme le comédien et entraîneur Éric Cabana qui, en ligne, m’a fait faire du cardio, de la musculation, des abdos… Ça démarrait mes journées de façon inouïe! Je ne me sentais pas seule. Je lui suis redevable, je trouve ça d’une générosité incroyable. C’est un don de soi qui est devenu un service essentiel pour moi et plusieurs autres.

Vous n’êtes pas du genre à attendre que le train passe pour sauter dedans, hein? Dans le genre débrouillarde, vous êtes pas mal au top! D’où ça vous vient? Je n’ai pas eu le choix de faire mes propres projets, comme le spectacle autour de Frida Khalo. Vous savez, on est vite mis dans des cases, et moi, toute ma carrière, j’ai essayé de sortir de ces fameuses cases-là. Comme je suis moins passe-partout que beaucoup d’autres actrices, que je ne suis pas la Québécoise type, que j’ai un accent, que je suis grande, que je dégage une certaine autorité, que je déplace de l’air, je pense que ça m’a privée de certaines opportunités. C’est drôle parce qu’en matière de doublage, j’ai pu faire des choses tellement éloignées de moi… comme Délima dans le film Les Pierrafeu à Viva Rock Vegas ou Morgana, la méchante pieuvre dans La petite sirène 2. J’ai aussi doublé Whoopi Goldberg et Queen Latifah…

Cette Frida Khalo, fabuleuse peintre mexicaine que vous avez d’abord présentée aux adultes dans le spectacle Frida Kahlo – Correspondance, a aussi connu un franc succès auprès des petits grâce à vos albums jeunesse illustrés par Cara Carmina. Elle vous a donné un regain de vie, cette Frida, n’est-ce pas? Oui, un jour, un ami m’a dit: «Depuis le temps que tu joues Frida, pourquoi ne la racontes-tu pas aux enfants?» Après lui avoir répondu que je ne pouvais pas, qu’elle avait eu un destin beaucoup trop tragique pour que ça passe auprès des enfants, il m’a rassurée en me disant que j’allais trouver les mots. Et quand, un soir d’Halloween, j’ai vu une petite Frida qui avait lu mes livres cogner à ma porte, j’ai compris que j’avais réussi. Je peux vous dire qu’elle a eu bien plus de bonbons que les autres!

Comme l’était Frida Khalo, êtes-vous fidèle à vous-même et à vos goûts en matière de mode? Avec le temps, on finit par savoir ce qui nous va bien. J’ai des salières [NDLR: il s’agit d’un petit creux derrière les clavicules] qui sont intéressantes et j’ai eu, pendant très longtemps, de beaux bras. Avec le temps, c’est moins beau, ça m’embête, mais c’est aussi ça, la vie. Je n’aime pas les fioritures, je suis assez classique. Je peux aussi porter le même morceau durant trois jours consécutifs. Je suis attachée aux vêtements qui ont une histoire, dont une robe que je portais quand j’étais au Conservatoire et que j’ai gardée jusqu’à ce qu’elle soit élimée.

Où puisez-vous votre inspiration? C’est ma fille Clémentine qui me donne des conseils! Ça me fair rire, d’ailleurs, quand elle prend un air catas trophé parce qu’elle trouve que ma tenue n’a pas de bon sens. Il m’arrive parfois de revoir des bouts de l’émission télé Les lionnes, à laquelle je collaborais tous les jours pendant plusieurs années, et je me demande alors comment j’ai pu porter certaines affaires… Sinon, j’aime les smokings, j’ai toujours trouvé ça élégant. J’adore Ines de la Fressange, qui représente pour moi le chic incarné, et Charlotte Cardin, avec son jean et son t-shirt blanc. Cette année, confinement oblige, je me suis offert les services de la styliste Christiane Berthiaume, qui est venue m’aider à faire le tri dans mes vêtements, à me débarrasser de l’inutile. On accumule toujours trop!

On vous voit toujours avec des bijoux originaux. Comment les choisissez-vous? Ça fait longtemps que je les ai, pour la plupart. Ils ont tous une signification. Voyez ici, par exemple, cette bague avec un cœur, c’est ma fille qui me l’a offerte. Ici, c’est ma bague de mariage, une création de Walter Schluep, et au cou, je porte un pendentif serti d’un pendule, que j’ai reçu en cadeau récemment. Ils ont une grande valeur sentimentale. Quant à ma montre, ça fait 30 ans que je la porte!

On a parlé de votre indéniable fidélité. Ça concerne aussi votre vie sentimentale qui vous lie à Michel, le père de Clémentine. C’est fou à quel point vous formez un couple inspirant… Michel est formidable. On se fait rire! Il est drôle à mort. On s’aime fort aussi et on ne s’est pas perdus de vue pendant les 25 dernières années. Oui, ça fait 25 ans qu’on est ensemble. Notre fille unique va quitter le nid très bien- tôt… et ça nous attriste, car on avait nos habitudes à trois. Il y a une expression pour décrire les effets du départ de l’enfant sur ses parents: le syndrome du nid vide. C’est Michel que je console le plus… On devrait adopter un autre enfant! (rires)

Un jour – pas tout de suite –, vous deviendrez peut-être grand-mère. Vous en serez une vrai- ment éclatante! Le rêve de Clémentine serait que sa grand-mère [NDLR: la comédienne Françoise Faucher] puisse connaître son enfant. On le souhaite, même si on sait qu’elle n’est pas éternelle. Maman a 90 ans et elle a été très ébranlée par les décès [de ses amies artistes] au cours des derniers mois… Comme elle, d’ailleurs, j’ai toujours eu une conscience aiguë que nous ne sommes que de passage. C’est peut-être pour ça que je m’exclame depuis tantôt sur le cardinal qui chante dans l’arbre. Non mais, l’avez- vous vu? Attendez, il est où là? Ah! Il est donc bien beau!

Les conseils de Claude Laframboise, styliste

Le tailleur-pantalon peut sembler une proposition conservatrice, mais ce n’est pas le cas lorsqu’il affiche des rayures ultravoyantes. Les deux pièces peuvent bien sûr être portées séparément, ce qui permet de maximiser votre investissement!

La veste de cuir de style Perfecto est devenue un classique. En plus des versions en cuir noir, vous en trouverez dans une grande variété de tissus, de finis et de couleurs. Parfait pour les jours frisquets de l’automne, ce genre de blouson donne un look décontracté aux tenues plus habillées.

Si la jupe longue plissée est encore au goût du jour, elle a toutefois perdu sa réputation de vêtement chic. On la porte désormais avec un t-shirt ou un pull, une veste en denim ou en cuir, et on l’associe à des chaussures à talons plats ou massifs plutôt qu’à des escarpins à talons fins.

La popularité du combipantalon ne se dément pas. S’il exige un peu plus de temps à la salle de bain, il vous en fait gagner côté agencement, puisque ce vêtement une pièce suffit à créer un look réussi. Polyvalent, il affiche une allure décontractée quand on le porte avec des bottines ou des sneakers, et plus habillée si on l’associe à des chaussures à talons hauts.

Photos: Andréanne Gauthier

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  1. Martine Brideur dit :

    Bonjour Mme Sophie Fauché,
    Juste d’entendre votre voix et je lève le son… vous me faites rire, votre ton et votre intelligence… Que vous parliez de la Gaspésie (j’y ai travaillé 5 ans) ou que vous corrigiez les anglicismes à la soirée est encore jeune, Je vous adore! Merci et votre mère me manque…

    Bonjour Vero,
    Merci pour vos entrevues, empreintes de respect et de douceur…. particulièrement celle avec Mme Pauline Marois

    Les artisans de la radio/tv. Vous êtes mon oxygène…

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