Se sentir mieux, ça suppose aussi la capacité à faire des choix. Que veut-on dire par là? Que doit-on prioriser en faisant des choix? Les gens heureux sont ceux qui savent faire des choix. La liberté n’est jamais totale, les possibilités ne sont jamais illimitées, qu’il s’agisse de notre environnement ou de nous-même. Or, les choix impliquent des deuils. On ne pourra pas tout faire. Cela dit, avec quel manque pouvons-nous le mieux vivre? Quelles relations, quelles activités nous procurent le plus de bonheur? Qu’est-ce qui donne vraiment du sens à notre vie? Il n’y a pas de règle universelle à ce propos. Prendre le temps de réfléchir à ce qui est important pour nous est essentiel. Se regarder aller, rester présente à ce qu’on ressent au fil des jours nous permettra de nous réorienter. L’authenticité est une attitude à cultiver non seulement envers les autres, mais principalement envers nous-même. Se poser des questions et oser se répondre la vérité – même si notre réponse n’est pas «à la mode» –, c’est ça qui nous permettra de réussir notre vie.
Quelles sont les composantes du bien-être? Sur quoi devrait-on miser pour se sentir mieux? Dans toutes les sphères de notre vie, on doit porter une attention particulière à la qualité de nos relations. Ce n’est pas toujours évident. Il n’est pas toujours facile de s’affirmer en famille. Et on risque parfois de perdre des amitiés si on est trop exigeante. Au boulot, les collègues ont le pouvoir de gâcher notre vie… ou de rendre notre travail passionnant. Si on a des problèmes dans certaines de nos relations, on ne peut pas toujours les attribuer à la malchance. Le seul dénominateur commun, c’est nous. On doit donc se demander si on s’entoure des bonnes personnes, celles qui nous font du bien. Par exemple, après avoir vu telle amie, est-ce qu’on s’aime davantage ou si on devient plus critique envers nous-même et nos proches? Est-on plus motivée ou plus déprimée? Si certaines personnes nous poussent à nous apprécier, à nous surpasser, à devenir plus authentique, d’autres peuvent avoir l’effet contraire. Il faut savoir le reconnaître et faire des choix en conséquence.
Vous dites que s’affirmer, c’est non seulement savoir dire non, mais aussi savoir dire oui. Comment expliquez-vous ça? On est plus heureux lorsqu’on dit oui à la vie que lorsqu’on se prépare constamment à dire non. C’est en déterminant ce que sont nos valeurs, nos priorités et nos objectifs qu’on saura vraiment à quoi on dit oui. Par la suite, il sera plus facile de savoir à quoi on dit non. S’affirmer, c’est aussi respecter l’autre. Si l’agressivité est un manque de respect, la passivité l’est tout autant, car elle fait porter à l’autre la responsabilité de notre vie. On finira par lui en vouloir pour une chose ou une autre, alors qu’on aura grandement participé à cette situation par notre passivité. S’affirmer, c’est surtout se respecter en faisant respecter nos valeurs. Il faut donc les connaître et reconnaître les situations où elles sont remises en question. Par exemple, si la liberté est une valeur importante pour moi, il faudrait que je réagisse si quelqu’un veut s’ingérer dans l’organisation de ma vie.
Et qu’en est-il de l’aspect physique quand on veut se sentir mieux? C’est quand même un volet important, sur lequel on met beaucoup l’accent. Effectivement. Pour se sentir mieux, il importe de s’occuper de notre bien-être physique global et pas seulement de notre apparence. Ça veut dire ne pas sombrer dans la culpabilité dès qu’on privilégie le plaisir plutôt que l’effort. Et tendre à améliorer notre apparence plutôt que tenter de ressembler à un modèle. Chaque corps est unique. Nous n’en aurons qu’un seul, autant le respecter.
En ce qui concerne l’aspect psychologique, on s’en occupe comment? Si la santé physique mérite notre attention, il est tout aussi important de s’occuper de notre santé psychologique. Ça suppose de ne pas se sentir coupable de prendre soin de nous. Au contraire, il s’agit d’un cadeau qu’on fait à notre entourage, car les personnes heureuses sont généralement plus agréables. On a beaucoup à offrir aux autres, mais si on leur en donne trop, on risque de les faire payer directement ou indirectement. Il s’agit alors d’un cadeau empoisonné. On ne peut éviter toute la fatigue, le stress et les contraintes qui font partie de notre vie, tant personnelle que professionnelle. On doit toutefois garder du temps et de la place pour se reposer, se détendre et avoir du plaisir.
Prenons l’exemple d’une amie qui est aidante naturelle pour son père. Elle fait passer les besoins de tout le monde avant les siens. Comment la convaincre que se choisir de temps en temps pourrait l’aider à se sentir mieux sans passer pour une égoïste? Celles et ceux qui prennent soin des personnes vulnérables sont à fort risque de s’oublier ou de considérer que seuls comptent les besoins d’autrui. À ce sujet, rappelons que la vraie empathie est la capacité de se mettre à la place de l’autre ET de revenir ensuite à notre place. S’oublier totalement pour se consacrer à l’autre n’est pas de l’empathie. C’est un cercle vicieux où la personne aidante finit par ne plus avoir d’intérêt pour sa propre vie, voire à la fuir en s’investissement totalement dans celle de l’autre. Dans ce contexte, il faut se montrer vigilante.
La vie est en perpétuel mouvement, qui nous expose chaque jour à des changements. Comment y faire face sans perdre pied? C’est en restant présente à ces changements qu’on pourra les orienter et trouver la manière de se sentir mieux dans notre parcours de vie. Car chaque personne a sa propre histoire; l’important est qu’elle nous ressemble vraiment.