Broyer du noir
Dealer avec la fibromyalgie, ça veut dire mourir à ce qu’on était. C’est essayer d’accepter que nos capacités ne seront plus les mêmes. Dealer avec la fibromyalgie, c’est devoir minutieusement planifier ses activités de la journée et de la semaine, tout en sachant qu’on n’a pas de contrôle et que le niveau de douleur ou de fatigue peut tout modifier sans préavis. Dealer avec la fibromyalgie, ça veut aussi dire se ménager des pauses même si la tâche qu’on a entreprise n’est pas terminée (dur, dur, pour moi!) et accepter qu’on ne peut en faire que peu à la fois. C’est parfois se sentir «normal» un petit moment. Pousser ses limites. Les dépasser. Et espérer qu’un miracle s’est produit et que la fibro s’est tirée. Mais elle revient. Toujours. Et là, c’est le backlash.
La douleur se propage, intense. La fatigue s’en mêle. L’humeur est affectée. La vie perd de sa saveur. Dans ces périodes-là, je me sens incompétente, plate. En plus de souffrir du syndrome de l’imposteur: comme ma douleur est invisible, elle est difficile à faire accepter. Peu de gens peuvent réellement compatir. C’est comme si je me plaignais pour rien. Je me sens donc coupable aux yeux des autres (et aux miens) de ne pas en faire assez. De ne pas assez voir mes amies parce que ça me prend tout mon petit change pour faire mes journées au travail, et que j’ai besoin du week-end pour tenter de m’en remettre. En regardant des vidéos et en pleurant. Pas très winner, tout ça.
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