Parents d’ados: vos questions les plus fréquentes
S’il est un point commun aux parents d’ados dans le monde entier, c’est bien celui de se poser des questions du matin au soir, voire la nuit.
Tous deux issus de familles brisées par le divorce, Charlotte et Stéphane s’étaient juré que jamais leur petit Philou ne connaîtrait l’enfer qu’ils avaient vécu. «On s’est obstinés pendant des années à lui offrir un foyer “stable”, alors qu’il était évident qu’entre Charlotte et moi, il n’y avait plus la moindre étincelle, raconte Stéphane, 32 ans. Même le psychologue qu’on a consulté a reconnu qu’on ne s’apportait plus rien de bon. Mais comme on avait une obligation morale envers Philou, on ne l’a pas écouté, jusqu’à ce que je sombre dans une dépression profonde. Je n’en pouvais plus de faire semblant d’être heureux.»
«Je ne vois pas pourquoi on sacrifierait notre vie d’homme ou de femme pour le prétendu bonheur des enfants, ajoute Robert Neuburger. Je ne vois pas pourquoi on s’imposerait une telle frustration car, tôt ou tard, quelqu’un va finir par en faire les frais.» Et très souvent, ce «quelqu’un» sera justement celui qu’on tentait désespérément d’épargner… «Des parents qui ne sont pas amoureux et qui ne se témoignent aucune tendresse donnent une image très lourde du couple à leur enfant, explique Marc Pistorio. Celui-ci ressentira les tensions sans nécessairement comprendre ce qui se passe et il en souffrira: porter le poids d’une relation qui s’étiole est très difficile.»
Léanne, 27 ans, qui a passé sa jeunesse à regarder ses géniteurs s’engueuler, le confirme. «J’avais envie de disparaître de la surface de la terre chaque fois que le ton montait entre mon père et ma mère. Dans ma tête de petite fille, je me disais que, s’ils m’avaient vraiment aimée, ils se seraient comportés autrement.» Elle a donc longtemps cru que tout était de sa faute et, à 12 ans, elle a fait sa première fugue. «Pour un enfant, c’est très perturbant de voir ou d’entendre ses parents se disputer de façon régulière, précise Rachel Mercier, psychologue clinicienne. Il peut en venir à croire qu’il y a un “bon” et un “mauvais” parent, et éprouver un problème de loyauté. Pour se développer sainement et assurer sa sécurité affective, un enfant doit rester libre d’aimer ses deux parents.»