Savez-vous comment on capture les singes en Inde? On remplit de noix un récipient à l’encolure étroite. Un singe arrive. Il passe la main dans le récipient pour prendre des noix. Une fois la main pleine, il ne peut plus la sortir du pot. Il lui serait facile de s’échapper en lâchant son butin, mais il ne peut se résoudre à l’abandonner et il est fait prisonnier.
Je suis ce singe! Et comme en plus je n’ai pas un mais deux hamsters dans le cerveau (Zadig et Voltaire, qu’ils s’appellent), c’est toute une ménagerie qui m’empêche de lâcher prise.
Certaines croyances me retiennent prisonnière, comme le malheureux singe. Des croyances qui m’ont été transmises par ma famille, mon entourage et que j’ai faites miennes.
Lâcher-prise, prise 1
Ce défi est arrivé dans une période de ma vie où j’aurais cruellement eu besoin de lâcher prise. Je venais de commencer un nouvel emploi. Chaque soir, en revenant, je me suis plainte de ma boss qui, malgré mes demandes répétées, ne m’a pas offert de soutien. (Autant dire que mon défi 21 jours sans se plaindre a pris le bord durant ce temps!)
J’ai essayé de me raisonner, de lâcher prise. Au cours de ces semaines, j’ai pratiqué la cohérence cardiaque, j’ai médité, j’ai me suis répété que c’était un mauvais fit de part et d’autre – ce qui était vrai puisque je n’aimais pas mon travail. Rien à faire. Je suis bêtement restée accrochée à ma colère, comme le pauvre singe à sa poignée de noix. Puis j’ai vraiment décroché… en donnant ma démission. Je ne sais pas si on peut appeler ça du lâcher-prise, mais je ne fais jamais les choses à moitié!
Lâcher-prise, prise 2
Durant cette période, j’ai aussi pensé que je ne valais plus rien sur le marché du travail, que j’étais nulle. Eh oui. Je fais partie des personnes qui doutent d’elles-mêmes et qui sont rarement satisfaites de ce qu’elles font. Je dois absolument être Miss Perfection. C’est lourd. Là encore, j’ai essayé de me persuader du contraire. De me dire que c’était normal, que je commençais un nouvel emploi, qu’il fallait que je me laisse du temps. Peine perdue. Mes hamsters et le singe s’en donnaient à cœur joie.
Apparemment, je suis incapable de prendre du recul, étape essentielle au lâcher-prise. De comprendre que je ne peux rien contre ce qui est, que la seule chose sur laquelle j’ai du contrôle, c’est l’attitude que je vais adopter envers les événements. Mais bon, n’est pas le dalaï-lama qui veut, hein.
Lâcher-prise, prise 3
En plus, des problèmes de couple se sont invités durant ce challenge. J’avais beau respirer en me disant 20 fois de suite «J’inspire, je calme mon corps. J’expire, je souris», ça ne marchait pas! Je faisais de l’insomnie. Les pensées tournaient en boucle dans ma tête: «Mes chats l’aiment tellement, ils vont s’ennuyer si on se sépare!», «Qui va régler mes problèmes d’ordi s’il n’est plus là?», «Avec qui vais-je regarder The Good Witch?» «Est-ce que je l’aime encore?», «M’aime-t-il encore?», «Qui a raison?», «Qui a tort?» Vous voyez le genre? Zéro lâcher-prise.
Quel gaspillage d’énergie au lieu de se concentrer sur les solutions! Selon la thérapeute américaine Daphne Rose Kingma, connue pour être la Einstein des émotions, «retenir équivaut à croire qu’il y a seulement un passé; lâcher prise, c’est savoir qu’il y a un avenir».
Vouloir tout contrôler
Le lâcher-prise, c’est être capable d’arrêter de vouloir tout contrôler. Je ne me qualifierais pas de Germaine, mais j’aime que les choses soient faites à ma façon, quand je le décide, même les choses sur lesquelles je n’ai aucun contrôle… Mais cette propension à vouloir tout contrôler m’empêche de vivre dans le présent (un autre talent que je n’ai pas!) et me fait oublier que, malgré ma prétention à vouloir tout contrôler, la vie n’offre aucune garantie. Hum.
Ça fait que j’ai décidé de lâcher prise sur… le lâcher-prise, du moins pour le moment. Je vais plutôt tenter de reprogrammer mon cerveau pour voir le verre à moitié plein. Je vous en donne des nouvelles!
Photo: Getty Images
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