N’écoutant que mon sens du devoir (hum!), j’ai donc testé pour vous (hum! hum!) quelques balados coquins.
La première fois ne fut franchement pas un succès.
Mon chum voulait participer à l’expérience. Il a donc écouté avec moi un premier podcast sur VOXXX. Une fille se caresse, sous les exhortations de son partenaire (fictif). C’est donc elle qui fait la voix. Déjà, léger malaise. Puis, elle se met à faire de drôles de bruits de claquements avec sa bouche. Voulait-elle faire un peu d’ASMR, ces vidéos aux sons doux et répétitifs qui détendent des millions de personnes? Après tout, il paraît que c’est comme un orgasme cérébral. Moi, ça m’énerve.
Dans le cadre d’un podcast érotique, c’est encore pire. Le podcast n’est pas censé nous endormir, hein. Ni nous énerver. Enfin, pas dans ce sens. Après cinq minutes, mon chum n’en pouvait plus. Il m’a donc tendu ma plaque occlusale, a mis la sienne et m’a tourné le dos. Plutôt raté pour une première expérience de reconnexion libidinale au sein du couple… J’ai bien tenté de jouer des castagnettes avec ma plaque, ça ne l’a pas allumé.
Écoute en solo
Mon chéri a essayé à nouveau (il voulait!) de comprendre le phénomène en écoutant un autre podcast, toujours chez VOXXX. Quand il m’a regardée, les yeux éberlués, j’ai compris. J’ai poursuivi l’écoute de podcasts érotiques toute seule.
Ma première constatation: il faut chercher avant de trouver chaussure à son pied… et prendre son pied.
Certaines vont triper à écouter des extraits de vieux textes littéraires d’Apollinaire ou de Pierre Louÿs, comme sur ctrl-X. Perso, ce n’est pas ma tasse de thé. Entendre «Il bande», Il bande», Il bande» répété en boucle pendant deux (deux!) minutes, ça me laisse plutôt de marbre. À chacune son truc, hein.
Puis je suis tombée sur des extraits de romans plus contemporains, comme Emmanuelle. La voix de la narratrice était moins typée, plus feutrée. Ça se passait à bord d’un avion, endroit propice aux fantaisies érotiques… Je me suis laissée prendre au jeu. Je dois cependant confesser que le bout qui m’a le plus émoustillée, c’est quand l’agente de bord est venue baisser le dossier du siège d’Emmanuelle pour en faire une couchette. Un lit dans un avion! Moi qui voyage en classe économique, j’avoue que j’ai fantasmé solide.
Tendre l’oreille
J’ai continué ma recherche. J’ai écouté sur Ferry, traversée érotique une femme raconter son expérience d’aidante sexuelle pour les personnes handicapées. Ça ne m’a pas excitée, mais ça m’a touchée. J’ai écouté un gars raconter sa première fois chez ses parents, qui étaient de sortie ce soir-là. Il était tellement fébrile qu’il a omis de répondre à la centrale d’alarme qui l’appelait… pour apprendre le lendemain que la quincaillerie familiale avait été la cible de voleurs qui avaient dérobé 15 000 $ d’outils. Une première fois qui coûte cher! Ça non plus, ça ne m’a pas excité, mais j’ai vraiment beaucoup ri.
Parfois, on tombe sur des perles, comme Les chemins de désir, qui allie à la fois l’excitation, la réflexion, le désir, le plaisir de tous les sens. (Tiens, je crois que je vais l’écouter avec mon chum, celui-là.)
Le côté humain de la sexualité
Je me suis rendu compte que les podcasts érotiques n’avaient pas pour but de nous faire connaître la «gratification immédiate», comme la porno, mais plutôt de nous faire renouer avec le côté plus humain de la sexualité. Le côté plus ordinaire, plus réaliste. Comme cet épisode de Première et dernière fois où une femme raconte sa vie sexuelle de A à Z, ses expériences bonnes et moins bonnes, sans tabou aucun, sans se prendre au sérieux, avec franchise et honnêteté. Ça m’a fait du bien. Ça donne envie de se réapproprier sa sexualité, de lui faire de la place.
Pour une fille qui vit beaucoup dans sa tête comme moi, écouter des podcasts érotiques, ça titille à la fois le cerveau et le corps. C’est un win-win.