J’ai testé… la thérapie en ligne

15 Oct 2019 par Mélissa Pelletier
Catégories : MSN / Psycho / Véro-Article
Icon

Je fais partie de ces gens pour qui aller chez le psychologue est aussi banal que de prendre rendez-vous chez le dentiste. Mais comme je manque toujours de temps, la thérapie en ligne a attiré mon attention.

J’ai décidé de tester ce service pour en avoir le cœur net. Une petite peur s’est toutefois installée en moi: et si je tombais sur un spécimen digne de l’hilarante émission Web Therapy (Web Thérapie au Québec), qui propose de guérir ses patients en seulement trois minutes? Qu’à cela ne tienne, je me suis tout de même lancée à la recherche de mon nouveau psychologue virtuel.

À lire aussiJ’ai testé…Dire non pendant 21 jours

1,2,3… rendez-vous!

Premier constat: les offres ne pullulent pas sur le Web. Au Québec, du moins. Parce que si on peut avoir accès à des professionnels partout à travers le monde, on veut bien évidemment discuter avec quelqu’un qui parle la même langue que nous et qui peut nous diriger vers les bons services d’urgence, au besoin. Je suis tout de même tombée rapidement sur Meetual, une plateforme en ligne qui propose les services de plusieurs psychologues membres de l’Ordre des psychologues du Québec. En quelques instants à peine, je suis parvenue à prendre rendez-vous.

Après avoir rempli un court formulaire, j’ai opté pour une séance de 40 minutes (à raison de 33 $ la période de 20 minutes) par webcam, mais j’aurais aussi pu choisir de consulter via clavardage. Et hop, une confirmation par courriel et par texto sont arrivées presque simultanément. J’allais bientôt discuter avec la psychologue Paola Maria Akl Moanack, qui pratique depuis deux ans avec Meetual. Impossible de reculer, maintenant!

Selon Stéphane Bouchard, psychologue et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en cyberpsychologie clinique à l’Université du Québec en Outaouais, l’accessibilité est un des principaux avantages de la thérapie en ligne: «C’est un outil qui permet d’avoir recours à n’importe quel psychologue, n’importe quand. On pense souvent que ce service s’adresse aux patients qui habitent dans des régions reculées, mais il peut aussi être très utile pour des personnes résidant en ville et qui ont besoin de parler à tel ou tel spécialiste qui se trouve en Gaspésie, par exemple.»

C’est pour cette raison qu’il a lui-même été un des premiers au Canada à offrir des consultations en ligne. «En 1995, je travaillais à Gatineau sur les troubles anxieux, entre autres. Et certaines personnes, à cause de leur condition, n’arrivaient pas à traverser le pont pour venir à ma rencontre. Le besoin pour la thérapie en ligne était donc très observable! On préfère bien sûr que les patients puissent se confier en personne, mais c’est parfois une bonne manière de débuter», renchérit M. Bouchard.

A lire aussi:  J’ai testé: 21 jours de podcasts érotiques

S’ouvrir le cœur… devant un écran

Le matin de mon rendez-vous, quelques notifications m’ont avertie que ma séance approchait. Un peu nerveuse, je me suis fait un café pour passer le temps. Je suis loin d’être une fan des jasettes par webcam. Me confier à une pure inconnue via mon ordinateur? Ça ne m’enchantait finalement pas tant que ça…

«Bonjour Mélissa, comment est-ce que je peux vous aider aujourd’hui?» a lancé Paola, en apparaissant tout sourire sur mon écran. Tant qu’à avoir 40 minutes devant moi, j’en ai profité pour lui poser quelques questions – on ne sort pas la journaliste de la fille! Pourquoi offre-t-elle des consultations en ligne? «C’est très simple. Je ne suis pas dans la province en ce moment, mais je suis membre de l’Ordre des psychologues du Québec. Je voulais continuer à voir mes patients!»

Bien vite, ma psychologue d’un jour a su recadrer la conversation en orientant les questions vers moi. Spontanément, j’ai décidé de me livrer sur un sujet plutôt léger, mais qui commençait de plus en plus à m’inquiéter: «Depuis mon adolescence, j’ai peur de vieillir. Je ne crains pas les rides ni le passage du temps sur mon corps. C’est plutôt comme un vertige qui me prend lorsque je m’imagine plus âgée.» J’ai grimacé un brin, craignant d’avoir droit à la réaction habituelle quand je me confie à ce propos: «T’es pas vieille, voyons. Arrête!» Mais Paola savait y faire. «Pourrais-tu me parler un peu de ton enfance?» Et je me suis laissée prendre au jeu!
«Les patients ont parfois peur de vivre une distance avec leur thérapeute si la consultation se déroule en ligne. Mais si la charge émotive est importante, on va tout de même connecter», m’avait expliqué Stéphane Bouchard. Force est d’admettre qu’on oublie effectivement bien vite le contexte dans lequel la conversation se déroule lorsque le sujet nous concerne. «Certains de mes patients se sentent même plus à l’aise de se confier en ligne», admet Paola.

Mon verdict

Sincèrement, je n’ai pas vu les 40 minutes passer. Après une consultation ponctuée des conseils avisés de Paola, je me serais crue assise face à elle, dans son cabinet. En fermant la fenêtre de l’appel vidéo, j’ai réalisé que j’en avais eu pour mon argent malgré mes petites réticences.

Machinalement, je me suis mise à répondre aux courriels qui s’accumulaient dans ma boîte de réception. J’ai repensé au conseil de Stéphane Bouchard. «C’est vrai que la thérapie en ligne peut permettre de gagner du temps. Par contre, il faut s’assurer de s’engager dans le processus. C’est l’équivalent d’une personne qui se précipite à son cours de yoga pour repartir à la course. Ça revient à passer à côté de l’objectif.»

Oui, j’avais gagné du temps en évitant le déplacement. Mais peut-être que le fait de me rendre physiquement à mes rendez-vous chez mon psychologue me permettait justement d’intégrer plus facilement les séances?

J’ai fermé mon ordinateur quelques minutes, question de revenir sur mon expérience dans le calme. Comme si j’avais marché depuis le bureau du psychologue jusque chez moi. Et oui, décidément, ça en valait le coup. Qui sait, peut-être Paola recevra-t-elle une autre demande de rendez-vous de ma part!

Ressources utiles

ORDRE DES PSYCHOLOGUES DU QUÉBEC
Pour trouver le psychologue ou psychothérapeute qui nous convient.
ordrepsy.qc.ca

PSYMONTRÉAL
Groupe de psychologues offrant des thérapies en ligne ou en personne.
psymontreal.com

MEETUAL
La plateforme de consultation en ligne testée et approuvée par notre journaliste.
meetual.com

Photo: Getty

À lire aussi: 

Pour en finir avec le devoir conjugal

 

 



Catégories : MSN / Psycho / Véro-Article
1 Masquer les commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de courriel ne sera pas publiée.

  1. Brigitte Dubuc dit :

    Bonjour! Très pertinent. C’est un outil qui démocratise la thérapie et permet aux gens qui repoussent à plus loin ce besoin de passer à l’action et mettre plus facilement ce rendez-vous intime avec soi-même à l’agenda. Aussi, les thérapies en ligne favorisent l’accès aux gens des régions éloignées qui manquent parfois de professionnels. Et puis, même si le client ou le thérapeute a un rhume qui l’empêcherait peut-être d’honorer son engagement, et on pense aussi à la fameuse Covid, alors ce n’est plus un obstacle. Offrant moi-même la thérapie en ligne, je trouve que je peux être tout aussi à l’écoute et ressentir l’autre que lorsque la thérapie se passe à mon bureau. Je croyais que je n’aimerais pas et que ça me couperait un peu du ressenti de la relation avec mon client, mais non, ça se passe bien. J’encourage totalement les gens à essayer cette modalité et à juger par eux-mêmes. Brigitte Dubuc, Thérapeute en Relation d’Aide, Montréal, Boucherville et en ligne 😉

Ajouter un commentaire

Magazine Véro

S'abonner au magazine