L’épuisement parental, ça existe?

11 Mar 2021 par Lory Zephyr
Catégories : Famille / MSN / Psycho
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On les reçoit. On les voit. On les entend. De plus en plus, les parents défilent dans les bureaux de psychologues avec ce sentiment de lourdeur qui s’accentue. Pourrait-on parler d'épuisement parental?

Les témoignages timides des débuts de suivis psychologiques du type «Je vis beaucoup de stress ces temps-ci» se sont approfondis ces derniers temps pour dévoiler plutôt des «Si j’avais le choix, je partirais une semaine sans enfants, juste le calme et le silence complet. Juste moi! Malheureusement, je ne peux pas…et en plus, ça ne se dit pas!». C’est à ce moment qu’on se demande comme thérapeute : «Et si c’était un burnout parental?» Alors que les élèves du Québec retournent sur les bancs d’école après la semaine de relâche, les parents en ressortent peut-être encore plus épuisés, ce qui peut avoir des effets négatifs sur eux, leur couple et leurs enfants.

L’épuisement parental : ce diagnostic qui n’en est pas (officiellement) un

Même si le terme est de plus en plus utilisé, le DSM-5 qui est la bible des diagnostics psychologiques ne reconnaît pas ce trouble en soi. Toutefois, en théorie et d’un point de vue clinique, le burnout parental est un syndrome qui touche les parents exposés à un stress chronique en lien avec leur rôle et qui n’ont pas de ressources suffisantes pour compenser. Dans le contexte de la pandémie, il est assez flagrant que les parents peuvent être en manque de ressources. En voici quelques exemples :

  • Ressources financières : Les diminutions d’heures au boulot et les congédiements ont été nombreux dans la dernière année. Ce stress a certainement ajouté un poids sur les épaules des parents inquiets de leur avenir.
  • Ressources psychologiques : Isolement, symptômes dépressifs, anxiété, deuils sont venus détériorer la santé mentale des parents. Sans oublier que ceux-ci doivent continuer de prendre soin de la santé psychologique de leurs enfants.
  • Ressources matérielles : Rappelons-nous il y a un an, que le fameux papier de toilette était une denrée rare, que l’épicerie demandait et demande encore toute une planification et que ce qui nous a semblé précédemment «essentiel» ne l’était soudainement plus.
  • Ressources humaines : L’aide que les parents ont des éducatrices en garderie, des professeur.e.s, des grands-parents, des voisins, ou même des différents professionnels qui gravitent autour d’eux n’est plus aussi accessible.

Tant de parents n’ont pas encore reconnu l’ampleur sur leur santé mentale de tout cet ajustement qu’a demandé la pandémie. De plus, même si la situation s’est quelque peu allégée, le manque de ressources est encore bien réel. L’effet d’accumulation peut certainement contribuer à cet épuisement parental.

Concrètement, voici à quoi peut ressembler l’épuisement parental :

  • L’épuisement dans le rôle de parent: Le parent a le sentiment d’être épuisé, vidé, au bout du rouleau. Cet épuisement peut se manifester au niveau émotionnel (ex : le sentiment d’être dépassé), cognitif (ex : l’impression de ne plus arriver à réfléchir correctement) et/ou physique (ex : la fatigue).
  • La saturation et la perte de plaisir dans le rôle de parent: Non seulement le parent ressent régulièrement un sentiment de «trop plein», mais surtout il ne parvient plus à trouver du plaisir dans son rôle.
  • La distanciation affective avec les enfants: L’épuisement parental amène le parent à se désengager de la relation qu’il a avec ses enfants en raison de l’absence d’énergie. S’intéresser à ce qu’ils disent, vivent et ressentent est fait avec moins d’attention. De plus, l’implication dans l’éducation et les autres sphères de la vie des enfants se fait au minimum. L’épuisement parental peut également limiter les démonstrations d’amour du parent envers son enfant.
  • Le contraste: Le parent réalise qu’il n’est plus comme avant dans son rôle et qu’il n’est pas celui qu’il veut être. Le sentiment de ne plus se reconnaître peut mener vers de la honte, ce qui contribue aux symptômes dépressifs.

Aucun parent n’est à l’abri du burnout parental surtout dans le contexte actuel. Tous les parents sont susceptibles de cumuler plus de risques que de ressources sur une longue période de temps. Cela dit, certains éléments comme avoir un enfant malade, un enfant avec des difficultés de développement, une difficulté à gérer son stress, un manque de soutien conjugal, de la désorganisation ou au contraire du perfectionnisme sont des facteurs de risque pour le développement de l’épuisement parental. Heureusement, certains facteurs peuvent protéger de cette détresse.

Quoi faire si l’on souffre d’épuisement parental?

Il est important de prendre soin de soi comme parent. La première étape est donc de demander de l’aide. Que ce soit auprès d’un médecin, d’un psychologue, ou de l’aide extérieure (oui, oui recevoir des pots de sauce spaghetti c’est possible pendant la COVID!) il faut obtenir du soutien. Ultimement, pour se sortir de l’épuisement parental il faut reconnaître ses limites et celles de ses enfants pour retrouver un équilibre. Si la parentalité est parfois difficile, elle n’a pas à être souffrante. Chaque parent mérite de se sentir mieux dans son rôle, vous aussi!

Pour du soutien professionnel gratuit, consultez LigneParents

 

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Photo principale : Kat J Unsplash



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  1. Annie dit :

    Est-ce que Véro elle-même a lu cet article? Il y a quelques années, elle avait passé à Tout le monde en parle et elle avait dit qu’elle ne comprenait pas le mouvement des « Mères à Boutte » qui «n’aiment pas leurs enfants»… j’avais trouvé ce jugement terriblement cruel, faux, et injuste. Elle qui a accès à toutes les ressources nécessaires (et bien plus) pour prendre soin de ses enfants avec un minimum de stress et qui, en plus, a une carrière épanouissante, c’est normal qu’elle ne comprenne pas… mais pas besoin de juger les mères! Elles en ont déjà assez sur le dos! Les « Mères à Boutte » ont trouvé une façon de rire d’elles-mêmes et de se supporter entre elles pour ne pas sombrer dans la dépression. Ça devrait être célébré, pas jugé! Les mères ne seraient pas « à boutte » si elles n’aimaient pas leurs enfants! C’est parce qu’elles les aiment et qu’elles ne savent plus comment s’en sortir pour trouver un équilibre qu’elles sont « à boutte » justement… Elles sont épuisées, vidées… Elles ont besoin de soutien. Pas de critiques! D’aller dire que les parents qui sont visiblement en burn-out parental n’aiment pas leurs enfants est un signe de grande incompréhension de sa part et j’ai trouvé ça vraiment triste. Véro devrait lire les articles de son propre site web.

  2. anonyme dit :

    oui, il est effectivement difficile d’avoir un role parental. J’ai 5 enfants age entre 11 et 2 ans
    mon conjoint et moi sommes en teletravail. Je dirai que ces temps-ci. je n’ai pas de patience pour grand choses .. la moindre conflit la frustration sors de mois. j’ai tellement l’impression que je n’aime plus mes enfants mais c’est complètement faux. je me sens tellement que les enfants me demandent trop d’energie que j’en n’ai plus a leur offrir ..

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