Moi, trop émotive ? Et alors !

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04 Mai 2023 par Michèle Beauchamp
Catégories : Famille / MSN / Psycho / Véro-Article
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L'hyperémotivité, est-ce un défaut ou même une faiblesse ? Pourquoi devrait-on être gênée de pleurer ? Notre collaboratrice s'est longtemps questionnée sur la chose. Voyons les conclusions qu'elle en a tirées.

À ma naissance, comme c’était la coutume à l’époque, le médecin m’a donné une petite tape sur les fesses afin que je puisse démontrer à mon auditoire le registre de mes cordes vocales. Ce fut mon premier pleur dans ma vie.

Je n’allais pas tarder à récidiver. Aussitôt que maman a posé les yeux sur moi et qu’elle s’est exclamée «Comme elle a les yeux foncés.», je me suis remise à pleurer. Est-ce à dire que j’aurais souhaité avoir les prunelles d’une autre couleur… peu probable. Est-ce à dire que je suis devenue sensible dès la première remarque à mon sujet… j’en doute. Toutefois, je peux vous confirmer deux choses : moult décennies plus tard, je suis toujours une grande émotive, et mes larmes n’ont jamais altéré le foncé de mes yeux.

Enfant, lorsque j’avais du chagrin, je me réfugiais derrière la porte de ma chambre pour évacuer mon trop-plein. Par contre, en première année du secondaire, j’ai affiché ma vraie nature à l’instant précis où la présidente de ma classe a entonné les premières notes d’une chanson en guise de remerciement à notre enseignante. D’autres filles ont suivi mon exemple, mais je dois dire que la plupart du temps, j’étais celle qui ouvrait le bal.

Au cinéma, en pleine obscurité, il m’était moins gênant de me laisser aller. Certes, étant donné le nombre de films que j’ai vus en salle, j’ai souvent pleuré de rire en visionnant une comédie. Seulement, comme je préférais le drame, j’ai davantage pleuré tout court. Je tiens à le préciser, encore aujourd’hui le scénario est identique. Tantôt, je sanglote lorsque l’histoire présentée à l’écran est tirée d’un fait vécu; tantôt, un thème musical poignant me fait fondre en larmes. J’en conviens, je suis bon public. Cependant, j’ai toujours soupçonné avoir vu le jour avec un petit robinet qui fuit, logé au creux de mes paupières. Sinon, comment expliquer ces larmes qui surgissent i-n-s-t-a-n-t-a-n-é-m-en-t…

J’en suis certaine, je ne suis pas la seule à vivre cette situation qui peut s’avérer inconfortable en certaines occasions. Toutefois, lorsque je vois des gens en entrevue à la télé laisser exprimer leurs émotions, je l’avoue, cela me réconforte. Dans la trentaine, une amie me disait fréquemment que j’étais trop émotive et que je devais me corriger. Comme si cela était un défaut ! Je vous assure, j’ai essayé de retenir mes larmes, j’ai lu des ouvrages sur le sujet, j’ai consulté une psychologue. En vain.

Et puis, j’ai commencé à faire la paix avec mon hyperémotivité le jour où mon grand ami m’a expliqué, de façon logique, que si je parvenais à ne plus ressentir ces émotions aussi intensément, il en serait peut-être de même lorsque j’éprouve, entre autres, de la joie ou de la gratitude. Alors, j’ai lâché prise.

Dorénavant, lorsque je sens poindre une légère fuite au creux de l’œil, je ne résiste plus. J’accepte que cela fasse partie de mon ADN, un point c’est tout. En revanche, je me demande combien j’ai pu dépenser en papier-mouchoirs…

Photo : Betsie Van der Meer/Getty Images

 

 

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  1. L-Diane Lecours dit :

    Tellement vrai et authentique!

    Je préfère les petits robinets qui fuient au regard froid, glacial

    Merci Michèle d’être si émotive et chaleureuse.

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