… notre mère, cette victime.
Sa propension à se victimiser nous énerve. On réagit comment quand elle commence à se lamenter? Peut-être qu’elle tente de nous manipuler parce qu’on est prête à tout pour ne pas qu’elle souffre (ça nous atteint), mais peut-être aussi qu’elle ne fait que se confier et que ça nous dérange tellement qu’on prend ses confidences pour des lamentations. Ça vaut la peine de réfléchir à la question!
… notre mère, cette rivale.
Elle ne peut s’empêcher de se comparer à nous, qu’il s’agisse de notre apparence, de nos talents d’éducatrice ou de cuisinière. Elle en fait toujours plus pour être certaine de tenir le haut du pavé. Comment composer avec ce type d’attitude?
La rivalité est la grande difficulté des relations mère-fille. Ça commence par la fille qui voudrait bien égaler, voire dépasser sa mère. De son côté, la mère pourrait vouloir quelque chose de la jeunesse, du charme ou des talents de sa fille. C’est tout à fait humain, mais ça devient problématique quand ça dépasse le souhait et que ça devient un combat:
- entre elle et elle-même, c’est-à-dire si notre mère n’est jamais satisfaite d’elle-même autrement que dans une comparaison qui l’avantage;
- entre elle et nous, c’est-à-dire quand elle veut toujours en faire plus, qu’elle nous en veut pour nos bons coups et qu’elle interprète tout en termes de rivalité. Ou encore, quand elle devient le barème auquel on a tendance à se comparer. Là aussi, la réflexion s’impose.
… notre mère, cette femme dépendante.
On est au centre de son existence et de ses intérêts. On dirait même que sans nous, elle n’a pas de vie. Comment l’amener à se détacher? Il faut d’abord voir de quelle manière on contribue à cette dépendance. Est-ce qu’il y a des moments où ça fait notre affaire? Est-ce qu’on se sent rassurée ou valorisée, parfois, par l’intérêt qu’elle nous porte? Est-ce qu’on lui dit tout, lui ouvrant ainsi les portes de notre univers? Est-ce qu’on cherche aussi à tout savoir de sa vie, lui donnant ainsi l’impression qu’on souhaite garder le contrôle sur ce qui lui arrive?
Ensuite, il faut lui exprimer ce qu’on souhaite partager avec elle. Valoriser les bons moments qu’on passe ensemble et le fait que chacune puisse avoir une vie indépendante de l’autre. Il faut apprendre à dire qu’on n’est pas disponible, qu’on souhaite passer du temps seule ou avec notre petite famille, tout en reconnaissant que c’est parfois agréable d’être tous ensemble. On peut aussi encourager notre mère à avoir ses propres activités, ses amies à elle, sans critiquer ce qu’elle fait ni avec qui elle se tient. Si les mamans sont souvent critiques envers leur fille, les filles le sont aussi souvent envers leur mère!
… notre mère, cette control freak.
Si les choses ne sont pas faites à sa manière, ça n’a pas d’allure. Comment lui faire comprendre que nos choix nous appartiennent?D’abord, on cesse de chercher son approbation et on prend garde à ce qu’on lui confie. Si elle a tendance à saisir chaque opportunité pour affirmer son opinion, c’est à nous qu’il revient de ne pas lui donner matière à critique. «Ben voyons! Tu dépenses trop, c’est épouvantable!»
Si on a des projets, on affirme concrètement ce qu’on souhaite faire, sans justification, ce qui ne nous empêche pas de reconnaître les différences de points de vue ou de manières d’agir… et même de les apprécier! Il se peut que la tendance de maman à «contrôler» soit motivée par la peur des conséquences de nos erreurs. «Tu ne vas pas vendre ton beau condo pour aller vivre dans le fond d’un rang avec… c’est quoi son nom, déjà?» Devant une telle remarque, on lui rappelle qu’on assume notre décision. Surtout, on ne se plaint pas devant elle à la moindre difficulté: ça ne ferait que lui redonner l’envie de nous contrôler.
Cet article est paru dans le magazine VÉRO printemps 2019. Abonnez-vous ici.
Propos recueillis par Sophie Aumais
Photo: Stocksy
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