Je suis lessivée par la pandémie, plus blanche que blanche comme me le fait savoir mon miroir. Elle sera venue à bout de ma confiance et de mon entrain, de mes airs de soldat que j’expose à tout vent.
Pandémie : 10 : moi : zéro.
Bah, j’ai tenu le coup longtemps, comme la plupart des humains. Mais dans le fond, j’ai l’impression d’être un peu morte, en dedans, façon de parler.
J’ai repoussé tellement d’émotions négatives, mis en veille tant d’activités qui me sont essentielles que je suis vide de toute énergie bienveillante.
J’en suis venue à maudire ceux qui à la télé annoncent les mauvaises nouvelles. D’ailleurs, je n’écoute plus les nouvelles! À peine si je tolère mes idoles, alors n’en rajoutons pas une couche.
J’ai perdu ce qu’il me reste de vernis pandémique et je craque visiblement sous l’effet du temps. Que faire, à part appeler la police du moral?
Je me raccroche à l’avenir, comme une enfant à sa doudou. Férocement. Et je tente un effort supplémentaire pour terminer cette course.
Je trace des bouts de ma vie d’après, dans mon cerveau d’abord, afin de le remplir d’images positives qui se transformeront peu à peu en réalités, au fur et à mesure que la pandémie sacrera son camp de ce pays!
Thérapie post-traumatique? Oui, la neuro-performance est ma nouvelle alliée. Le cerveau est un muscle, aussi bien s’en servir.
Mon bonheur est simple, il n’est rempli que de petits désirs.
D’abord, serrer les gens que j’aime dans mes bras. C’est une priorité.
Je veux aussi revoir mes amies, rire sans me sentir coupable, franchir les deux mètres qui nous séparent en courant et piger dans le même sac de chips qu’elles sans calculer mes gestes, comme une maniaque.
Je veux boire un verre et manger au resto sans craindre les gens de la table d’à côté, ces pauvres inconnus! Je veux pouvoir toucher au menu en ne pensant à rien d’autre qu’à ce qui est écrit dessus. Un. Tartare. De. Saumon.
J’aimerais aussi traverser la frontière et m’abreuver à d’autres paysages. Pas besoin d’aller loin, juste le Vermont remplirait mes yeux de nouveautés.
Sans horaire et sans couvre-feu, imaginez.
L’horizon est proche, en temps de pandémie et on mesure la chance qu’on a de ne pas être entourés de murs d’hôpital. Mais on a tellement baissé le niveau de nos attentes qu’on est rendus plates et vides.
- Vous attendez quoi, Madame, Monsieur?
- Rien.
- Parfait, car, du rien, il y en a pour tout le monde!
Ça doit être ça, les premiers pas vers la résilience, on se reconstruit, tranquillement. Un jour et un désir à la fois, on sort de ce périlleux vide.
Et vous, quel sera votre premier geste post-pandémie? Le jour d’après, quand vous vous sentirez enfin en sécurité?
Tirez-vous une bûche et expliquez-moi. J’ai toute la patience du monde pour emmagasiner ces images de la vie d’après.
Il est vraiment temps de passer à autre chose.
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