Voici pourquoi on devrait tous être narcissiques

17 Juil 2018 par Véronique Alarie
Catégories : Psycho
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Dans son livre Sauvez votre peau! Aimez-vous enfin, le Français Fabrice Midal affirme qu'être narcissique procure un lot de bienfaits. Explications.

Après Foutez-vous la paix! – Et commencez à vivre, un ouvrage vendu à plus de 100 000 exemplaires dans l’Hexagone, Fabrice Midal signe Sauvez votre peau! – Aimez-vous enfin, véritable plaidoyer pour une réhabilitation du narcissisme.

«Être narcissique, écrit le philosophe en vogue, c’est se mettre à l’écoute de ce que nous vivons, de nos besoins, de notre expérience, pour pouvoir dire “non” quand nous ne nous respectons plus ou que nous ne sommes plus respectés. […] Le narcissisme n’est pas un nombrilisme, il n’a rien à voir avec la vanité, il est tout simplement la reconnaissance de soi en tant qu’être vivant et digne d’intérêt.»

Critique acerbe de la pression sociale ambiante qui nous pousse à nous sacrifier au profit d’autrui (nos employeurs, par exemple), Fabrice Midal dissèque avec adresse et aplomb les mécanismes de pensée toxiques qui nous empoisonnent la vie. Il déboulonne aussi le mythe selon lequel notre époque est axée sur l’individualisme, alors que, contre toute attente, nous avons plutôt été conditionnés à nous maltraiter. Un discours rafraîchissant, déculpabilisant… et résonnant, si on se fie à l’engouement qu’il suscite. Entretien avec l’auteur.

 

Fabrice Midal

Dans votre ouvrage, vous déplorez le fait qu’on a perverti le terme «narcissique» et qu’on l’utilise à tort en parlant des gens vaniteux. Comment distinguer les deux?

Le narcissique est celui qui s’aime assez pour faire la paix avec ses blessures et ses imperfections. Le vaniteux, lui, est en guerre contre lui-même, car il veut être considéré pour ce qu’il n’est pas. Un peu comme la grenouille de la fable, qui voulait se faire aussi grosse qu’un bœuf. Et comme Donald Trump! Trump ne s’aime pas. S’il s’aimait, s’il était simplement narcissique, il n’aurait pas besoin de nier la réalité pour qu’elle corresponde à l’image qu’il souhaite donner de lui-même.

Au même titre que les vaniteux, vous condamnez les gens qui pèchent par excès de modestie…

Tout à fait. Vous savez, ces petites souris toujours en train de s’excuser, de refuser les compliments et de se mépriser? Je déplore que ce comportement soit socialement valorisé, alors qu’il ne vaut pas mieux que celui d’être vaniteux. Se dénigrer en permanence, c’est une faute. Le narcissique, lui, ne prétend pas être plus ni moins que ce qu’il est réellement.

Être narcissique, c’est donc être lucide?

Être narcissique, c’est se connaître. On croit à tort que les gens qui pensent avoir toujours raison sont narcissiques. Or, quand on est narcissique, qu’on se connaît vraiment, on sait fort bien qu’on n’a pas toujours raison! Autre exemple: on a tendance à considérer que les gens qui se regardent toujours dans le miroir sont narcissiques. Mais pensons-y un instant: peut-être que ces personnes ne sont en réalité pas à l’aise avec leur image, qu’elles font une fixation sur leur nez qu’elles jugent trop gros, ou encore sur leurs cernes trop prononcés… De la même façon, les gens qui font des selfies ne sont pas forcément narcissiques non plus! Ce sont souvent des personnes qui manquent de confiance en elles, qui ont envie de se sentir jolies, tout simplement. En leur reprochant sans cesse leur comportement, on leur impose une double condamnation, ce qui est d’une violence inouïe!

Vous parlez justement de selfies dans votre ouvrage, en faisant notamment allusion à Paris Hilton et à Kim Kardashian. Avec ces exemples puisés dans la culture populaire, aviez-vous l’intention de démocratiser la philosophie?

Oui! J’ai publié une trentaine d’ouvrages théoriques dans le passé, mais depuis que j’ai signé Foutez-vous la paix! – Et commencez à vivre, j’ai complètement changé ma façon d’écrire. J’essaie de parler de cœur à cœur, en utilisant des exemples populaires et en me commettant avec des anecdotes personnelles. Mes livres ne sont ni des essais ni des guides. Je ne cherche plus à convaincre mes lecteurs intellectuellement, mais à leur faire ressentir les choses différemment. Et je ne m’attends pas à ce que les gens fassent quoi que ce soit à la suite de leur lecture, je veux simplement qu’ils prennent conscience de certaines choses afin qu’ils se foutent la paix et se respectent davantage.

Pourquoi êtes-vous en désaccord avec ceux qui affirment que nous vivons dans une ère particulièrement individualiste?

Parce que ce que je constate, moi, c’est exactement le contraire. Je vois des gens qui ont de plus en plus de mal à être eux-mêmes, qui sont pressés du matin au soir, qui se rendent jusqu’au burnout à force de vouloir faire plaisir aux autres. Et non seulement les gens se sacrifient sans relâche, mais en plus, on les culpabilise de ne pas savoir lâcher prise. On leur dit: «Si vous vous étiez bien géré, vous n’auriez pas de problème!» Les livres de développement personnel font fausse route en nous disant de nous calmer et d’apprendre à contrôler nos émotions, parce que le fait est que notre souffrance est réelle et légitime. Le vrai problème est structurel: on se traite mal collectivement.

Quels risques court-on en refusant d’être narcissique?

Si on ne prend jamais le temps de s’écouter, on risque de devenir aveuglément obéissants… comme des robots! Et ce serait la fin de la démocratie. On croit à tort qu’en étant narcissique, on sera forcément égoïste, mais non! C’est l’inverse: une personne narcissique est une personne qui s’écoute, qui se respecte et qui sera par conséquent plus en mesure d’écouter et de respecter les autres. De les aider. Pas par devoir ni par sentiment de culpabilité, mais par amour.

 

Sauvez votre peau! – Aimez-vous enfin, de Fabrice Midal, Édito, 23 $.

 

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Photo principale: Unsplash

Fabrice Midal : Gilles Basssignac

Ce reportage a été publié dans le numéro été 2018 du magazine VERO. Pour voir les reportages en primeur, abonnez-vous dès maintenant!



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  1. Carole dit :

    Excellente entrevue! Merci de nous déculpabiliser.Penser a son bien-être est souvent pas mal moins exigeant qu’on ne le croit. On se rend compte bien vite qu’un petit rien peut nous faire sentir mieux et ne dérange personne finalement…

  2. France Larivée dit :

    C’est écrit des cours de yoga gratuits, mais ils sont où je ne les trouves pas. J’ai appuyer sur l’article et non sont pas là.

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