Interrogée sur le sujet, Julie Carrier, professeure de psychologie à l’Université de Montréal qui consacre ses recherches au sommeil, souhaite d’abord envoyer un message rassurant à la population : ce n’est pas anormal de mal dormir lorsqu’on traverse une situation qui génère de l’anxiété et qui demande beaucoup d’effort d’adaptation. « Je dis toujours qu’on ne dort pas devant un lion, explique-t-elle. Quand on a des soucis financiers, ou encore quand on s’inquiète pour notre sécurité ou celle de nos proches, la qualité de notre sommeil peut être un bon indicateur de notre niveau de stress. »
Afin d’outiller les gens qui sont aux prises avec des problèmes de sommeil en cette période d’incertitude, la directrice scientifique de Dormez là-dessus , avec l’aide de toute une communauté de chercheurs, a créé sur le site de cette campagne pancanadienne une section entièrement dédiée à la COVID-19. En plus des conseils pour optimiser nos habitudes de sommeil en temps de crise, on peut également y trouver des pistes pour favoriser le dodo chez les enfants, qui sont, eux aussi, sensibles à ce type de changement. On prévoit bonifier cette section du site en publiant plusieurs articles dans les semaines à venir.
Quand le sommeil va, tout va?
Instaurer une routine avant le coucher, s’exposer à la lumière du jour, surveiller notre consommation d’alcool et de caféine… Voilà quelques-unes des pistes proposées pour maximiser nos chances d’avoir des nuits récupératrices. « On sait qu’un bon sommeil a une influence directe sur notre santé physique, cognitive et émotionnelle, soutient Julie Carrier. Autrement dit, le sommeil est notre allié. Le plus vite on se le réapproprie, le mieux on est équipé pour affronter la crise et les chamboulements qu’elle entraîne. »
Or, même si on suit les recommandations des spécialistes à la lettre, il peut arriver que les troubles de sommeil persistent… « On doit garder en tête que, tant que nous sommes en phase d’adaptation, notre sommeil peut varier, explique la chercheuse. Certes, ce n’est pas agréable de faire de l’insomnie, mais ce n’est pas une réaction inadaptée à ce que nous vivons actuellement. »
Horaires atypiques, conciliation télétravail-famille difficile, heures des repas bousculées : dans une situation où toutes les sphères du quotidien sont ébranlées, l’important n’est pas de maintenir un horaire de sommeil stable, mais de garder, le plus possible, une certaine régularité à l’intérieur de ces nouveaux paramètres. « Ça demande beaucoup de lâcher-prise… », convient Madame Carrier.
« On s’attend à ce que les troubles de sommeil perdurent au-delà de la fin du confinement, poursuit-elle. Toutes les études démontrent que, devant un bouleversement social de cette ampleur, les gens peuvent mettre des mois avant de retrouver un sommeil paisible. »
D’où l’intérêt d’adopter une bonne hygiène de sommeil dès maintenant.
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