Je vous écris guidée par la transparence, l’authenticité et surtout une extra dose de vulnérabilité, sans oublier le courage de me dévoiler dans le seul but de me libérer, de vous inspirer et surtout, de crier haut et fort que la vie a bien meilleur goût en état de sobriété!
Les différents quiz qui sont désormais disponibles en ligne afin d’autoqualifier notre niveau de consommation sont nombreux. J’ai refait le mien trois fois de suite, tous avec des résultats différents. Suis-je alcoolique? Vincolique? Addict? Je crois surtout que je suis bien plus qu’une simple définition d’une habitude que des milliers d’entre nous avons. Je suis bien plus que la définition qui se résume à ma consommation de centaines de bouteilles de vin ingurgitées pendant les ‘’vin’’ dernières années.
J’écris donc avec la ferme intention de transformer les perceptions devant cette obsession sociale où l’alcool est au centre de toutes célébrations et est directement associé au mot plaisir : on va prendre un verre pour fêter ça; c’est vindredi; allons prendre un verre pour en discuter; passe prendre un verre ce weekend; viens prendre un verre sur ma terrasse; on se fait un 5 à 7 (implique directement un verre); allons prendre un verre pour passer à travers ce moment difficile; prends un bon verre de vin pour relaxer; on est dû pour un verre; levez votre verre à la santé (????), wine time… etc.
Sobre. Je n’ai pas cessé de boire. Imaginez, si c’était le cas, je serais complètement déshydratée! Quelle expression bizarre, vous ne trouvez pas? Non, je n’ai pas cessé de boire, j’ai simplement éliminé l’alcool de mes choix de breuvages.
C’est à ce moment que les questions fusent : tu avais un problème? Tu buvais trop? Tu es une alcoolique? C’est définitif ou simplement pour le mois de janvier? Tu recommences quand?
N’est-ce pas la seule drogue qui, une fois abandonnée nous fait sentir exclu? Si c’était de la cocaïne dont on parlait, on m’en féliciterait ! On délaisse les plaisirs de Bacchus et on devient soudainement l’exception, on nous colle une étiquette de plate, voire d’alcoolique.
Alcoolique. Quelle étiquette horrible à se coller ! Personne ne souhaite se définir par un mot si chargé de honte, d’images désastreuses. C’est puissant les mots qu’on ajoute après « Je suis… ». Je suis sobre. Et surtout, je suis bien plus qu’une ancienne mauvaise habitude!
Ah! J’ai googlé les études sur les vertus de l’alcool, j’ai même googlé jusqu’à me convaincre qu’un petit verre de vin de temps en temps n’allait pas me tuer! Le problème, c’est le « de temps en temps ». Tant mieux si un seul verre vous est suffisant. Moi, j’aurais préféré recevoir un coup de poing sur le nez plutôt que de me restreindre à UN seul verre de vin, ma boisson de prédilection. Et que des vins bios, car bien sûr, je me racontais qu’ils provoquaient moins de maux de tête, que les lendemains d’abus étaient moins pénibles…
Les recommandations quant à la consommation idéale? On s’y perd carrément dans les consommations maximums de deux verres quotidiens pour les femmes et trois pour les hommes. Tiens, les scientifiques à l’échelle mondiale semblent plutôt s’entendre sur un verre par jour pour les femmes et deux pour les hommes. Certains soulignent que de ne pas boire la semaine et consommer les sept verres d’affilée est aussi plus néfaste que l’étalement de la consommation. Bref, je ne m’étendrai pas sur les effets néfastes comme les types de cancer causés, l’apparition de la démence ou les pertes de mémoire. Ma nature optimiste me pousse plutôt à vous parler des bienfaits ressentis suite à ma décision de fermer la porte à la consommation d’alcool.
Sobre. Pour tout dire, je dérange un peu avec mon grand état de bonheur d’avoir délaissé ce venin qui atténuait ma lumière. En fait, je remarque que cela intimide surtout ceux qui sont déjà préoccupés par leur consommation, comme si cela leur inspirait un examen de conscience qui les menait secrètement vers ces fameux quiz « Suis-je un alcoolique ». Ils me disent : je peux arrêter dix jours et ça ne me dérange pas; je ne bois pas la semaine, seulement les weekends (lire tous les weekends); je bois à l’occasion (mais les occasions sont fréquentes); j’ai décidé de ne boire que des petites quantités de bons vins chers (!); je peux m’arrêter à la demi-bouteille (et si je dépasse la demie, aussi bien la finir); je ne bois jamais seul, je bois socialement. Tant mieux si autant d’entre vous y arrivez. La sobriété est un état d’être, un choix personnel, un regard vers l’intérieur et ce n’est surtout pas une compétition.
J’ai essayé toutes les stratégies énoncées ci-haut, weekend seulement, moitié de bouteilles, arrêt pendant quelques jours, un mois, mois de janvier, mois plus court (février!) ou occasions spéciales, pour arriver à la conclusion que c’est pour moi bien plus facile de m’abstenir complètement que partiellement.
Je dois (malheureusement) dire que la société associe automatiquement mon choix d’être sobre à « elle avait un problème avec l’alcool ». Écoutez-moi, ce sont plutôt les effets de l’alcool qui sur moi étaient devenus problématiques, sans parler de la prévalence sociétale de l’association des mots « plaisir » et « alcool », trop bien ancrée dans nos psychés, et répétée à grands coups de marketing!
Sobre. Oui j’ai craint le regard des autres et de me faire traiter de plate parce que je croyais que les gens qui ne consommaient pas d’alcool manquaient l’fun. Mais entre vous et moi, ce avec quoi je m’hydrate désormais et que je tiens dans mes mains à une fête ne concerne que moi! Je suis bien loin d’être ennuyeuse, au contraire, je n’ai jamais été aussi présente et amusée… surtout lorsqu’autour de moi les gens intoxiqués commencent à parler en lettres attachées et à répéter les mêmes histoires en boucle avec un sourire à pleines dents, tachées de gros rouge!
J’ai bien l’intention de rendre le mouvement de sobriété cool, tendance, d’en créer une aspiration sociale généralisée. De vivre de véritables moments de connexion, de discussions profondes et censées, de créer des liens authentiques, de parler d’émotions sans avoir à s’intoxiquer pour le faire, de rendre les brunchs branchés, les petits matins frais et magiques, de partager cette capacité d’émerveillement retrouvée, enfin de donner de l’énergie par ma sobre présence.
Je crois fermement qu’il existe un monde, un spectre, une sorte de zone entre la sobriété et l’alcoolisme et si c’était un cadran, je me trouvais entre la demie avec tendance vers la droite. Surtout les weekends durant lesquels ma consommation m’apportait davantage de désagréments que de plaisirs : un sommeil perturbé, une dépression matinale, des pertes de mémoire plus fréquentes, une peau terne, des yeux pochés, vitreux, enflés et ridés, une perte d’énergie, des dents tachées, le tout ponctué de passages fréquents à la SAQ avec mes points qui ne m’inspiraient plus.
Sobre. Pas besoin d’avoir un problème, une crise, une maladie, une consommation excessive pour prendre cette décision. Seulement une envie folle de changer la définition de plaisirs véritables.
J’emprunte à Shakespeare et je clame: « sobriety is the new black ».
On va prendre un verre ? Googlez « Bar à Mocktail + Montréal », sinon on se réserve un brunch !
Santé! Merci de m’avoir lue! Je lève mon verre, rempli de bonheur sans alcool!
Texte dédié à mon fils Antoine, ma lumière, à cette date magique du 8 décembre 1998 et à 2019. À mes nombreux amis et mes plus précieux supporteurs, Mat & Julie; à l’inspirante Geneviève Lafrenière, qui a rallumé ma lumière à pleine intensité et à cet être vraiment magique qui me surnomme Inspiring C.
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