Eliane, vous êtes actrice de formation. Comment l’entrepreneuriat s’est-il immiscé dans votre vie?
J’ai toujours eu la volonté de lancer des projets, de changer le monde. J’ai cette vision depuis mon enfance, mais je ne savais pas comment ça allait se traduire. Il faut dire que ma dépendance à l’alcool m’a beaucoup retardée. J’ai fait du surplace pendant plusieurs années. Lorsque j’ai eu un accident d’auto en état d’ébriété, en 2016, c’est comme si la vie me brassait et me forçait à prendre un autre chemin. L’entrepreneuriat s’est manifesté durant ma période de rétablissement. J’avais le désir de créer quelque chose de beau, de plus grand que moi pour les autres. Je savais, dans mon cœur, que j’étais faite pour produire de belles choses, mais quand tu es dans l’autodestruction et que tu n’as pas les outils dont tu aurais besoin, tu ne peux pas y arriver. J’ai donc décidé d’aider les gens à s’outiller pour atteindre la sobriété et pouvoir ainsi réaliser leurs projets.
Parlez-nous de Soberlab…
C’est une plateforme numérique qui fait la promotion de la sobriété, qui offre des outils pour commencer ou poursuivre un cheminement vers une vie meilleure. Beaucoup de gens confondent sobriété et abstinence. Mais la sobriété, c’est un mode de vie, un état. C’est être capable de vivre sans devoir engourdir ses émotions. C’est affronter la vie telle qu’elle est. L’an dernier, j’ai d’ailleurs publié un livre, La sobriété – Repenser nos habitudes de consommation pour un mode de vie sain, afin de démystifier tout ça. C’est devenu une mission pour moi de rendre la sobriété cool.
Quelles sont vos ambitions quant à l’évolution de Soberlab?
D’ici 5 à 10 ans, je voudrais créer une application mobile où les gens pourraient partager leur vécu et trouver des ressources. J’aimerais aussi mettre sur pied un incubateur de projets à impact social pour aider les gens à rester sobres, à poursuivre leur cheminement vers la lumière. En fait, je veux m’éloigner le plus possible du côté sombre de la dépendance. Je veux que ça rayonne, que ce soit positif. Les centres de thérapie, il y en a déjà plein. Soberlab, c’est l’«après», l’outil pour maintenir sa sobriété, pour reprendre sa vie en main, pour se responsabiliser.
Parallèlement à ce nouveau projet, portez-vous toujours votre chapeau d’actrice?
Ma carrière de comédienne a commencé quand j’ai décroché mon premier rôle dans Ramdam, à l’âge de 18 ans, mais la suite n’a pas été simple pour moi, alors j’ai beaucoup voyagé dans l’Ouest canadien pour perfectionner mon anglais et pouvoir un jour jouer dans cette langue. En 2014, j’ai reçu une bourse pour parfaire mon jeu et mon accent dans un laboratoire d’acteurs à Toronto. Je pensais vraiment que ça allait m’amener sous les feux de la rampe, mais mon état mental et émotif n’était pas assez solide et ça ne s’est pas passé comme je le souhaitais. J’ai finalement eu cet accident d’auto, puis je suis entrée en thérapie et j’ai été obligée de mettre ma carrière de comédienne sur pause pendant quelques années.
Tout ça a stimulé ma créativité et, en 2017, je me suis tournée vers l’entrepreneuriat. Je suis allée étudier à SAJE, l’école des entrepreneurs, et j’ai fondé Soberlab. Puis, j’ai eu un enfant en 2018 et un autre, tout récemment. Ainsi va la vie… Dernièrement, j’ai décroché le rôle principal du film canadien Moment One, où je joue enfin en anglais. C’est drôle que la vie m’ait dit «stop» en 2016, mais qu’elle me confirme, quelques années plus tard, que tout ce que j’ai accompli dans le passé n’était pas vain. J’ai aujourd’hui la chance de me reprendre.
Photos de couverture : Marie-Ève Rompré
Image dans l’article : Facebook Soberlab
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