La ménopause et le couple : 10 stratégies pour soutenir sa partenaire

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24 Avr 2023 par Équipe VÉRO
Catégories : MSN / Santé / Véro-Article
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On peut comparer la périménopause et la ménopause à une mer agitée et imprévisible. Impossible de prédire à quel moment les éléments se déchaîneront, ni pour combien de temps. Alors, comment traverser au mieux cette tempête à deux ? Suivons le guide.

Selon plusieurs études, la majorité des femmes rapportent que les changements physiques et émotionnels liés à la périménopause ont, sans surprise, influencé négativement leurs relations conjugales et familiales. On peut facilement imaginer à quel point l’irritabilité, cette nouvelle invitée imprévisible, engendre des réprimandes et des conflits qui sont théoriquement «inutiles». Toutefois, ces frictions soulignent combien le soutien conjugal pendant cette étape peut jouer un rôle énorme dans l’amélioration de notre qualité de vie.

Plus précisément, il a été démontré que l’éducation des hommes en rapport avec la périménopause accroît non seulement leurs connaissances sur cette période complexe et méconnue, mais favorise aussi une amélioration significative du bien-être de leur partenaire. Il est donc faux de croire que la périménopause est uniquement une histoire de femmes. Au contraire ! Plus les conjoints sont présents pour leurs partenaires, plus ils contribuent à une meilleure adaptation aux divers changements physiques, psychologiques et émotionnels.

À cet égard, une étude menée en Turquie en 2014 a pu constater que les hommes définissaient la périménopause comme une baisse de la fertilité, un gain de poids chez la femme et une altération de sa beauté. Leur principale préoccupation face à ce phénomène ? Ses effets sur leur propre sexualité. Bref, il y a encore beaucoup de travail à faire quant à l’éducation des hommes – et même de la population en général – sur le sujet ! 

Traverser la tempête… ensemble

Saviez-vous qu’au Canada, la moyenne d’âge des personnes qui divorcent se situe entre 45 et 46 ans, et ce, de façon constante depuis les dernières années ? Une information révélatrice de la crise que vivent de nombreux couples à cet âge ! S’il peut être tentant de pointer du doigt la «tête de cochon» de l’autre ou ses longues heures au boulot, examinons plutôt la complexité des rapports entre partenaires durant cette période qui coïncide avec la tempête de la périménopause. 

Une étude menée auprès de plus de 8 000 personnes à travers le monde a relevé que plus du quart des femmes ménopausées interrogées n’ont pas exprimé d’emblée leur inconfort vaginal à leur partenaire. 

 

Une saine vulnérabilité

En thérapie de couple, un des objectifs pertinents à viser consiste à augmenter la connexion entre les partenaires. Alors que notre société valorise trop souvent l’indépendance, la performance et le contrôle, il a été démontré qu’instaurer un climat favorisant la saine vulnérabilité au sein du couple est un puissant levier de satisfaction conjugale.

Concrètement, ça veut dire que chaque partenaire est invité à comprendre ses émotions et ses besoins non comblés pour ainsi pouvoir mieux les exprimer à l’autre. Par exemple, un «Tu penses juste au sexe !» crié à tue-tête gagnerait à être formulé autrement : «Mon corps a changé. Non seulement je n’ai plus le même plaisir pendant nos relations sexuelles, mais en plus, j’ai peur que ça me fasse mal. Suis-je même encore désirable ?» Dans le cas de certaines personnes, un tel aveu est aux antipodes de l’attitude forte et en contrôle qu’elles ont toujours eue.

Par ailleurs, une étude menée auprès de plus de 8000 personnes à travers le monde a relevé que plus du quart des femmes ménopausées interrogées n’ont pas exprimé d’emblée leur inconfort vaginal à leur partenaire. Plus de 50 % des femmes ont trouvé qu’il était gênant d’en parler ou se persuadaient qu’il s’agit d’un processus naturel du vieillissement. Ce qui est néanmoins paradoxal, c’est que 82 % des hommes participant à cette même étude ont indiqué qu’ils étaient ouverts à discuter des changements sexuels (dont l’atrophie vaginale) de leur partenaire. À la longue, ces écarts dans la communication contribuent à la distance physique et émotionnelle qui se crée entre les partenaires. En revanche, accepter la vulnérabilité au sein du couple soutient la bienveillance, l’empathie et le respect, de bons outils pour réapprendre à se découvrir, tant sur le plan sexuel que relationnel. 

10 stratégies pour soutenir sa partenaire

  1. On s’informe sur la périménopause (lectures, blogues, balados, etc.). 
  2. On lui offre un soutien émotionnel (validation, écoute, empathie, respect du rythme et des limites, etc.).
  3. On l’accompagne dans ses exercices physiques.
  4. On adopte avec elle des techniques de relaxation et de méditation pour favoriser la corégulation des émotions.
  5. On prend l’initiative pour préparer des repas en fonction de ses besoins. 
  6. On l’aide dans sa recherche de professionnels pour améliorer sa santé physique et mentale.
  7. On utilise notre créativité et on fait preuve d’ouverture pour redéfinir notre intimité. 
  8. On soutient sa transformation (reconnaissance des efforts, démonstration d’attirance, etc.).
  9. On lui propose des répits en fonction de son niveau d’énergie.
  10. On amorce une thérapie de couple pour mieux se sentir outillé. 

Communiquer, oui… mais pourquoi ?

Les spécialistes l’ont tellement répété au fil des ans que cette affirmation est devenue un cliché: le bien-être d’un couple repose sur la communication ! Or, pendant la périménopause, se parler franchement peut vite devenir désagréable, au point de parfois mener à un conflit. Malgré tout, la communication demeure la clé pour composer avec un aspect crucial de cette période houleuse : la variabilité !

Durant la périménopause, certaines personnes affrontent par exemple des états dépressifs ou anxieux, une grande fatigue, de la démotivation et de la colère. Dans bien des cas, elles précisent que c’est le manque de sensibilité et de considération manifesté par les membres de leur entourage (dont leur partenaire !) qui amplifient leurs symptômes émotionnels. En revanche, d’autres voient dans la périménopause une preuve de sagesse et de maturité qui contribue à leur façon de traverser sereinement cette étape. Comme chacun est différent, il faut bien que les partenaires échangent sur leur manière de vivre les choses… et surtout, que chacun se sente écouté !

Accueillir les deuils ensemble

On ne parle pas assez du deuil lorsqu’il est question de périménopause. Celle-ci peut être ressentie comme la disparition d’une partie d’identité liée à la maternité. Souvent, l’expérience de la ménopause coïncide avec le départ d’un ou de plusieurs enfants de la maison, ce qui peut accentuer le sentiment de perte. Pour certaines – qui peuvent avoir déjà enfanté ou non –, il s’agit d’une sensation de regret par rapport au bébé ou aux enfants qu’elles n’ont jamais eus. Ça peut d’ailleurs être le cas même si la décision de ne pas avoir d’enfant a été consciente.

Aussi, la périménopause peut s’avérer déstabilisante étant donné cette impression de perdre une partie de soi-même. Les couples oublient trop souvent d’explorer ensemble comment ces sentiments de deuil sont vécus. En fin de compte, ce qu’on veut probablement exprimer à notre partenaire, c’est : «Je vois bien que tu ne me reconnais plus et ça m’effraie, parce que je ne me reconnais pas toujours non plus. Puis-je compter sur toi pour me soutenir alors que je tente de retrouver mes repères ?» À travers les montagnes russes d’émotions et les situations explosives, on espère que la réponse sera simplement: «Oui. Faisons de notre mieux ensemble.» 

Et chez les couples lesbiens ?

En ce qui concerne la connexion entre les partenaires, une étude parue en 2019 s’est intéressée aux différences entre les couples hétérosexuels comparativement aux couples homosexuels face à la ménopause. Constat ? Les femmes lesbiennes ont mentionné que la présence de l’autre était avantageuse pour traverser cette étape de vie. Contrairement aux femmes en couple hétérosexuel, elles ont dit éprouver un sentiment de proximité et de validation malgré les changements dans leurs rapports sexuels. Les résultats de l’étude suggèrent que les conjointes lesbiennes partagent leurs expériences sur la périménopause et que, par conséquent, ça augmente la communication, diminue la détresse de la femme ménopausée et favorise la redéfinition du couple au plan sexuel. Des éléments tout aussi importants à considérer pour les femmes engagées dans un couple hétérosexuel ! 

Sources : 

  1. Hidiroglu S., Tanriover O., Ay P. et Karavus M., A qualitative study on menopause described from the man’s perspective, 2014.
  2. Nappi R.E., Mattsson L-Å., Lachowsky M., Maamari R. et Giraldi A., The CLOSER survey: impact of postmenopausal vaginal discomfort on relationships between women and their partners in Northern and Southern Europe, 2013.
  3. Paine E. A., Umberson D. et Reczek C., Sex in Midlife: Women’s Sexual Experiences in Lesbian and Straight Marriages, 2018.

 

Cet article provient du bookazine hors-série Loto-Méno, disponible en kiosque ainsi qu’en commande web (version papier ou numérique). 

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