J’avais peut-être 36 ans quand j’ai commencé à me lever tout en nage. Je me disais : «Est-ce que c’est dû à mon matelas ? Ou à mes draps? Est-ce du synthétique?» Je n’ai pas fait le lien immédiatement, parce qu’on n’en parle pas tant que ça, mais j’ai su plus tard que j’avais commencé ma périménopause.
Début quarantaine, je suis allée voir mon médecin : je commençais à déprimer. Il a voulu me donner des antidépresseurs. J’en ai pris un peu, mais ça ne me convenait pas. Mon instinct m’a dit que c’était peut-être un débalancement hormonal, parce que j’avais lu qu’on pouvait en faire une dépression. J’ai dit : «D’après moi, ça me prendrait des hormones.» Ma mère, qui était toujours très à l’affût des nouvelles tendances, en avait pris. Et comme j’ai des sœurs – je suis la plus jeune chez nous – je suis chanceuse: j’étais bien informée.
Et puis, j’avais vu dans une émission des femmes vraiment hop la vie, qui n’avaient jamais fait de dépression et qui se retrouvaient tout à coup en chaise berçante à vouloir se trancher les veines. Avec des hormones, elles redevenaient correctes. Je me suis dit: «Regarde, il y a une façon de s’en sortir pour que ce soit plus agréable.» La peur de prendre des médicaments a peut-être quelque chose de judéo-chrétien : il faut souffrir, il faut passer au travers. Les femmes qui ont toujours été bien dans leur peau, puis qui sombrent dans un genre de nuage noir et que ça coïncide avec le début de leur quarantaine, il faut qu’elles aillent voir leur médecin. Ça peut être la périménopause… et ça se règle tellement facilement !
Depuis, je prends des hormones et ça marche, ça me fait du bien. Et ça retarde le vieillissement. Je trouve que vieillir, ça entraîne son lot d’inconvénients. Il faut s’aider un peu.
Notre vie sexuelle n’est pas finie, notre vie amoureuse n’est pas finie, notre vie sociale n’est pas finie ! C’est une drôle de perception, qu’il n’y a plus de sex appeal à la ménopause.
La ménopause, pour moi, ç’a été comme une crise d’adolescence. Je me sentais adolescente. J’étais ben le fun. J’étais folle. On peut avoir l’impression que c’est un genre de last call, mais ce n’est pas vrai. Ça fait longtemps que je suis ménopausée, mais ma vie n’est vraiment pas finie. Notre vie sexuelle n’est pas finie, notre vie amoureuse n’est pas finie, notre vie sociale n’est pas finie ! C’est une drôle de perception, qu’il n’y a plus de sex appeal à la ménopause. Je ne veux pas dire que 50 ou 60 ans, c’est la même chose que 30 ans, mais je trouve que ç’a beaucoup changé. Je me souviens qu’à l’époque de ma mère, à 40 ans, tu te faisais couper les cheveux courts et tu rentrais dans une autre catégorie d’âge.
Dans ma génération, les femmes avaient des enfants plus tard. On avait donc l’illusion d’avoir le temps. Mais mon médecin m’a dit, à un moment donné: «Si vous voulez un enfant, vous devez commencer à essayer maintenant. Je vois trop de femmes qui pleurent dans mon bureau parce qu’elles pensaient qu’elles seraient encore capables.» Ç’a brisé ma perception à ce sujet. J’ai donc su assez jeune, vers 40 ans, que je ne pourrais pas avoir d’enfant. J’ai trouvé ça dur de devoir faire une croix là-dessus. Peut-être que si je l’avais su avant, j’aurais fait d’autres essais. Mais il y avait une zone d’ignorance autour de ça.
On pense généralement que parce qu’on fait du sport, qu’on mange bien et tout ça, que ça affecte notre cycle de fertilité, mais ça n’a aucun impact. On a vu plein de femmes avoir des enfants à 45 ans, mais en fait, il s’agissait d’un leurre, parce que souvent, c’était avec des ovules conservés. On avait donc l’impression qu’on ne vieillissait pas, mais on vieillissait. Et je pense que pour tout le monde, vieillir est un passage compliqué.

J’avais lu un truc dans un roman qui disait : «Il ne faut pas ajouter le pathétique à l’inéluctable.» On va vieillir, on ne peut pas courir après la jeunesse. Mais même si je fais un peu la fille qui accepte tout, c’est sûr que des fois, je me regarde dans le miroir et je me dis : «Oh seigneur !» (rires) Entre amies, on fait des blagues, du genre: «Dans quelle position devrais-je me mettre pour que ça soit cute ?»
Et puis, il faut faire attention, parce qu’après on se le fait reprocher : «Vous ne voulez pas avoir votre âge ! Vous voulez avoir l’air d’une femme jeune!» Pourtant, je me sens un peu comme une jeune femme. Je ne pense pas être en négation de ce que je suis. J’essaie de me tenir en forme. Et puis je pense qu’être actrice, ça me garde très jeune.
Note: Ces propos ont été recueillis par Véro lors du tournage de Loto-Méno. Ils ont été condensés pour en faciliter la lecture.
Cet article provient du bookazine hors-série Loto-Méno, disponible en kiosque ainsi qu’en commande web (version papier ou numérique).
Photo : Andréanne Gauthier
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