La périménopause dans les mots de… Hélène Bourgeois Leclerc

La périménopause dans les mots de... Hélène Bourgeois Leclerc
13 Sep 2023 par Propos recueillis par Véro
Catégories : MSN / Santé / Véro-Article
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L'actrice et animatrice, Hélène Bourgeois Leclerc, nous raconte, en toute franchise, ce qu'elle a vécu lors de la tempête de la périménopause.

Ç’a commencé au tout début de la quarantaine: je sentais qu’entre mon SPM et mon ovulation, il y a avait toujours deux moments durant le mois où je me sentais plus émotive, plus irritable, plus fatiguée, plus stressée. Tranquillement, ça augmentait d’une anneée à l’autre. Tranquillement, je me suis dit: «Je ne vais pas bien.» J’étais toujours dans un état de désarroi, de stupeur, de peine, de colère. Je me suis mise à me sentir à côté de mes pompes, à côté de moi-même, comme si je me reconnaissais plus. Mais pas tout le temps: de petites fois par mois, de petites fois par jour. 

Concrètement, mes menstruations étaient encore régulières, alors j’ai mis ça sur le compte de la fatigue et de l’insomnie, sur le fait de trop travailler, d’avoir de jeunes enfants. Puis, à un moment donné, je suis allée voir mon médecin parce que ça ne marchait plus. Je me demandais si j’étais en dépression, tout en me disant que ça ne se pouvait pas, parce que j’avais tellement une belle vie ! Une belle carrière, une famille qui va bien, un couple qui va bien… On m’a proposé de prendre la pilule pour essayer d’atténuer ces symptômes-là, que mon médecin croyait attribuables à un début de périménopause. 

Les premiers mois, ç’a bien été. Puis, mes symptômes sont devenus de plus en plus intenses et difficiles à gérer – pour mon chum, pour mes enfants et, évidemment, pour moi aussi. Par chance, mon travail a quelque chose de très ressourçant, de très nourrissant; il m’amenait ailleurs. Mais dans mon char, sous la douche le matin, il y a eu beaucoup, beaucoup de larmes. Et j’ai développé en moi une violence qui n’est pas physique, mais que je ne reconnais pas. C’est comme un piton qui est actionné soudainement. Ça me fait tellement de peine, parce que je ne me sens tellement plus moi, dans ces moments-là ! Je me sens envahie. C’est déroutant. Je me demande si ça va finir ou si je suis en train de devenir une femme triste, rigide et violente dans mes émotions. Moi qui prône l’ouverture, l’accueil et l’empathie, je peux devenir tellement intransigeante ! Je n’en reviens pas que ce soient des hormones qui gèrent tout ça et d’à quel point c’est fort. 

Moi qui prône l’ouverture, l’accueil et l’empathie, je peux devenir tellement intransigeante ! Je n’en reviens pas que ce soient des hormones qui gèrent tout ça et d’à quel point c’est fort.

C’est drôle, mais curieusement, je ne voulais pas que ce soit ça. Je me disais que j’étais plus forte que ça. Je me disais surtout: «Voyons, t’es capable de te gérer !» Mais quand tu t’entraînes, que tu manges bien, que tu essaies de bien dormir, d’être en santé physique et mentale et que ça ne marche pas… Quand tu pleures à l’heure du souper pour rien du tout, quand tu cries après ton enfant parce qu’il a échappé le linge à vaisselle, quand tu regardes ton chum et que tu veux le laisser parce que la toast qu’il mange fait un bruit que t’es pas capable d’entendre et que tu te dis «C’est pas vrai que je vais passer le reste de ma vie avec quelqu’un qui fait du bruit en mangeant une toast !», quand il y a comme une stupeur perpétuelle dans ton regard… c’est parce que t’es rendue au moment où il faut que tu consultes quelqu’un qui va t’aider à gérer tes hormones. 

J’ai la chance d’avoir un chum qui sait très bien écouter avec une immense ouverture alors on en parle souvent. Jamais il ne va me dire «Oh, c’est tes hormones !», il va plutôt me dire «Là, c’est pas toi qui parle, Hélène, tu le sais.» Me voir avec des yeux durs, comme femme, ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Ce n’est pas la première fois que je me trouve grosse ou laide. Il y a une forme de triste habitude là-dedans. Mais ce que je trouve le plus triste et le plus dur, c’est de parfois regarder mon chum comme ça. Quand ça arrive, je pourrais refaire ma vie en 22 secondes… et après ça, je le regretterais et je braillerais ! Ce n’est tellement pas légitime, parce qu’il est beau, mon chum, il est intelligent, il a des qualités extraordinaires, c’est mon partenaire, c’est l’homme de ma vie ! Mais il y a des fois où je le regarde avec un tel dédain ! Pour moi, c’est très violent ce sentiment-là, parce que c’est envahissant, ça prend toute la place et c’est extrêmement senti. 

C’est important pour moi que mes enfants n’aient pas le souvenir d’une mère acariâtre ou malheureuse, parce que je ne le suis pas du tout. C’est devenu un de nos sujets de discussion, pas tous les jours, mais une fois de temps en temps. Parfois, mes enfants me regardent et disent : «Oh, tes émotions se mélangent là, maman !» Et je pars à brailler: «Oui, mes émotions se mélangent, mais c’est comme ça. Vous le savez, ce n’est pas grave, ce n’est pas une maladie. On va gérer ça.»

Je trouve qu’il y a quand même de bons côtés à la ménopause. Ça m’oblige à prendre du recul et à essayer de faire régulièrement un petit bilan sur bien des affaires dans ma vie.

Ce qui me sauve pour le moment, c’est l’humour – entre mon chum et moi, entre moi et mes enfants. Le fait de dédramatiser, d’alléger un peu les choses, de les désamorcer, surtout. L’humour fait toute la différence, parce qu’à travers ça, il y a de l’acceptation, de l’ouverture, de l’amour, de la générosité. Et surtout un lien, ce lien avec soi-même qu’il ne faut jamais perdre, et celui avec l’autre aussi. 

Étonnamment, je trouve qu’il y a quand même de bons côtés à la ménopause. Je sais, on parle d’envahissement. Mais moi, ça m’oblige à prendre du recul et à essayer de faire régulièrement un petit bilan sur bien des affaires dans ma vie. Et ça, je trouve ça important. Je trouve ça sain.

Et dire tout ce que je pense, comme personnalité publique, je n’osais pas le faire avant: il y a certaines choses à propos desquelles je me gardais une petite gêne, des sujets sur lesquels je ne me mouillais pas. En entrevue, maintenant, je pense parfois: «J’ai dit ça et c’est tout. S’ils ne sont pas contents, ils changeront de poste.» Je vis un lâcher-prise qui me fait un grand bien. 

Note: Ces propos ont été recueillis par Véro lors du tournage de Loto-Méno. Ils ont été condensés pour en faciliter la lecture.

Cet article provient du bookazine hors-série Loto-Méno, disponible en kiosque ainsi qu’en commande web (version papier ou numérique). 

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Photo : Andréanne Gauthier 

 

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