Chez moi, ç’a commencé autour de la fin trentaine. Je pensais que c’était quelque chose que je vivrais 15 ans plus tard. Personne ne m’avait prévenue que ça pouvait arriver tôt… et surtout, que ça pouvait durer si longtemps, parce que ça fait sept-huit ans que je suis là-dedans et ce n’est pas fini.
J’ai eu une vie gynécologique rocambolesque. J’ai quasiment tout eu : des fibromes, des kystes, de l’endométriose. À un moment donné, j’ai subi une salpingectomie. Il y a eu ben des affaires autour de mes ovaires, de mon utérus. Est-ce que c’est pour ça que ma périménopause a commencé assez tôt, vers 36-37 ans ? Difficile à dire. Je n’ai pas eu d’enfant non plus, c’est peut-être un autre facteur qui a joué. Dans le cas de ma mère, ses symptômes ont commencé un peu plus tard. Il paraît que ça joue aussi, l’hérédité.
Quand on est jeune fille, on nous parle beaucoup de contraception, un peu de fertilité. Mais encore là, pour être déjà allée en clinique de fertilité, j’ai appris beaucoup de choses qu’on ne m’avait jamais dites. Je trouve qu’on n’est pas si bien informées sur ce qui va se passer.

L’arrivée de la périménopause, c’est comme apprendre que notre voiture a besoin d’entretien. Maintenant, il faut éviter la rouille, il faut l’huiler, il faut en prendre soin. Et je me rends compte que je ne peux plus me permettre d’écart. Mon cauchemar, ces années-ci, c’est un souper avec un steak, du vin rouge et un gros dessert. Je n’en dors pas de la nuit, c’est sûr !
Ça m’oblige presque à une vie de moine ; on en rit souvent à la radio. Mais je n’ai quasiment pas le choix, ça fait partie des outils qui m’ont aidée. C’est un ajustement constant : à presque tous les six mois, je suis en train d’ajuster ce que je mange. Je me rends compte de l’importance d’avoir une alimentation saine, sans trop de trucs épicés ni de friture, de boire de l’eau, de faire de l’exercice… C’est plate, mais je suis un peu obligée de faire tout ça pour avoir une vie plaisante.
Je prends des hormones bio-identiques depuis longtemps. La Dre Lyne Desautels, à la base, c’était ma médecin de famille, que j’ai rencontrée quelques mois seulement avant mes premiers symptômes de périménopause. Grâce à cet heureux hasard, j’étais donc déjà entre bonnes mains.
Moi, je dis que ça prend un village pour s’occuper d’une périménopausée. Je suis suivie par un ostéopathe et je suis même allée en hypnothérapie, sur les recommandations de la Dre Desautels. C’est vraiment une approche holistique. Ce à quoi j’ai adhéré il y a longtemps, ce sont mes traitements d’ostéopathie. Sans ça, je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui, parce que ç’a beaucoup aidé ma vie gynécologique en général et ma vie de femme aussi. Je prends aussi des suppléments alimentaires, du magnésium, de la vitamine D. Et des marches en forêt… J’ai besoin du contact avec la nature, de calme. J’ai quitté la ville pour aller vivre à la campagne.
À ce sujet, il paraît qu’il ne faut pas prendre de grosses décisions pendant la périménopause. J’en connais, des filles qui ont quitté leur chum sans vraiment comprendre pourquoi. Tout à coup, tout te tombe sur les nerfs. Il y a des femmes qui prennent des décisions dans ces moments-là, mais elles ne sont pas tout à fait elles-mêmes. C’est drôle à dire, mais après coup, ce sont des décisions que tu peux regretter. J’ai quand même pris le risque – j’en avais envie depuis longtemps – d’aller vivre à la campagne. Une décision que j’ai prise avec mon mari.
J’ai toujours été assez anxieuse, alors je trouve ça très difficile de distinguer ce qui est dû à la ménopause de ce qui est dû à ce qu’on vit. Des bouffées de chaleur, de l’anxiété exacerbée, des petits moments d’absence, du brain fog. Moi, j’ai toujours été assez sharp dans la vie. Ça ne m’arrivait pas, avant, de chercher des mots. Parfois, je sais par quelle lettre le mot commence. «Comment ça s’appelle, donc, la grosse affaire qu’on met à l’Halloween devant la porte… Ça commence par un c, c’est orange..» Comme si je jouais à Pyramide sans arrêt!
Quand on est trop en confrontation avec ce moment charnière, on ne le vit pas bien et on vieillit mal. Les beaux modèles que j’ai autour de moi sont des femmes qui ont pris ça à bras-le-corps et qui ont fait avec.
Je n’ai pas besoin, moi, d’un extra d’anxiété saupoudré sur ma vie. J’en ai déjà assez ! Et je pensais que les pensées obsessives étaient liées à ça, mais ça peut être un symptôme en soi, d’après ce que me dit Flo, l’application de suivi de mon cycle menstruel. À ce jour, je trouve ça merveilleux : l’application réussit à prédire certaines choses, alors je la trouve pas mal brillante, parce que moi, je n’ai pas encore réussi à faire ça ! Par exemple, j’ai déménagé récemment et, certaines nuits, je me réveillais et je me mettais à penser à un objet précis. «Mais où est cet objet ? Dans quelle boîte ? À quel endroit ?» Impossible de m’en rappeler. Mais je pouvais me réveiller quatre ou cinq nuits d’affilée avec ce même objet en tête. C’est stupide de se réveiller la nuit à cause de ça ! C’est là que tu réalises que ça dépasse la limite, que c’est peut-être quelque chose d’hormonal. Et le lendemain matin, tu as tout oublié, la vie continue… On dirait que la nuit amplifie ces pensées-là.
J’essaie de ne pas trop prendre le vieillissement de reculons, parce que je pense que quand on est trop en confrontation avec ce moment charnière, on ne le vit pas bien et on vieillit mal. Les beaux modèles que j’ai autour de moi sont des femmes qui ont pris ça à bras-le-corps et qui ont fait avec. On peut lutter – moi, je suis pour la lutte, je lutte de plein de façons. Mais on doit accepter aussi qu’il faut trouver un juste équilibre qui nous convient à nous, quelque part entre la lutte et l’acceptation.
Note: Ces propos ont été recueillis par Véro lors du tournage de Loto-Méno. Ils ont été condensés pour en faciliter la lecture.
Cet article provient du bookazine hors-série Loto-Méno, disponible en kiosque ainsi qu’en commande web (version papier ou numérique).
Photo : Andréanne Gauthier
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