C’était en février dernier, au retour d’un voyage d’Asie. Dans les toilettes de l‘aéroport de Bangkok, je me suis résolue à l‘idée de porter un masque N95. En quelques secondes, je me suis trouvée avec les lunettes remplies de buée, comme en rentrant à la maison en plein hiver. Quand j’ai enfin compris qu’il fallait ajuster la tige de métal sur le nez (deh!), ce qui atténuait un peu l’effet «journée à -30», l’agente de bord m’a demandé de le retirer pour m’identifier avant de monter dans l’avion. Retour à la case départ…
Non, apprendre à ajuster un masque n’est pas aussi simple qu’on peut l’imaginer. Avec ceux faits de tissu, la gestion de la buée prend parfois des allures d’aventure rocambolesque. Fière de porter mes jolis masques en tissu fraîchement achetés, en avril, j’ai failli me faire renverser par l’une des rares voitures qui passaient au coin de ma rue parce que je me baladais en plein brouillard.
J’ai, depuis, testé plusieurs modèles de masques et toutes sortes de manières de respirer – avec la bouche seulement, en soufflant l‘air vers le bas, en tentant de créer des sortes de «couloirs d’air» avec ma langue, en retenant mon souffle… – rien de franchement concluant, comme vous pouvez vous en douter. J’ai aussi songé à me lancer dans une série d’expériences hautement scientifiques, comme me goinfrer de crème glacée avant de sortir dans l’espoir de faire baisser la température de ma bouche (ben quoi, c’est l’air chaud qui cause la condensation, non?). Bref.
Mais alors, comment faire la paix avec ces bouts de tissus colorés que je commençais à prendre malgré tout plaisir à collectionner? Comment éviter de ne pas finir mes jours applatie comme une crêpe par le seul véhicule à des kilomètres à la ronde pour cause de visibilité réduite en plein mois de mai? En livrant une guerre sans merci envers la vapeur créée par mon propre corps.
Trucs en vrac
Sur les réseaux sociaux, chacun y va de ses tuyaux. «Porte ton masque plus haut sur le nez, juste sous les yeux», m’a recommandé une copine infirmière. «Une tige de métal pour pouvoir l‘ajuster fait toute la différence», me lance une autre, qui vient de commencer à fabriquer ses propres masques maison en tissu. «Mets un mouchoir ou un bout d’essuie-tout à l’intérieur du masque pour qu’il absorbe l’humidité», suggère une autre.
Un article du New York Times publié le 21 avril, dans lequel des experts de la santé partagent leurs trucs, corrobore l’efficacité de certaines suggestions et donne de nombreuses autres pistes. Oui, les tiges de métal font une différence. Serrer le masque afin qu’il épouse le mieux possible le visage et qu’on ne sente plus l’air entrer et sortir aussi.
The New York Times suggère également d’utiliser ses lunettes pour bloquer l’air en les portant par-dessus le masque. Voilà sans doute l’une des astuces qui a le mieux marché pour moi jusqu’à présent, mais elle ne fonctionne pas avec tous les modèles de masques (mes lunettes ne sont, de plus, pas assez lourdes pour «écraser» tous les tissus). Plus extrême – et beaucoup moins sexy que mon idée de crème glacée -, sceller le haut du masque avec du ruban adhésif (médical – pas du duck tape) est par ailleurs à considérer, selon un médecin cité dans le journal new-yorkais.
Oui, mais non.
Que penser des produits antibuée vendus en pharmacie? En tant que porteuse de lunettes depuis l’âge de 12 ans, j’ai tenté l’expérience à quelques reprises pour contrer l’effet de la condensation l’hiver, mais les résultats ont toujours été mitigés. Je n’ai, de plus, clairement pas la discipline nécessaire pour y recourir chaque fois que je mets le nez – masqué – dehors.
Dans un article publié en 2011, un chirurgien anglais explique qu’en lavant ses lunettes avec de l’eau savonneuse, qu’on laisse ensuite sécher sur la lentille, on peut créer une pellicule empêchant la formation des gouttelettes qui mènent à la brume des lunettes de Ginette. D’autres recommandations, en vrac : le shampoing pour bébé, le dentifrice ou la crème à raser. «Le principal défi en traitant les lentilles est d’ajouter suffisamment de substance pour empêcher la formation de la buée, explique The New York Times, mais pas trop, ce qui la pourrait brouiller.» [Insérez ici l’emoji de votre choix.]
Et si rien ne fonctionne? Le problème se trouve peut-être dans la lentille, puisque certains traitements visant à empêcher l’éblouissement et les taches peuvent rendre inutile toute tentative.
À force d’essais et d’erreurs, j’ai découvert que l’un des trucs les plus efficaces pour moi, qui fonctionne avec tous mes masques, est de porter mes lunettes un peu plus loin sur le nez. Pas idéal pour la vision ni pour le look de mémé, mais tout de même mieux que de rester perdue dans la brume.
P.S. On l’a dit et redit, mais n’oubliez pas de vous laver les mains et de continuer à pratiquer la distanciation sociale, avec ou sans masque!
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